Ah, ah… Jeune lecteur en herbe et amateur de sensations fortes ! Tu es curieux, tu veux tout savoir, tu veux apprendre ? C’est très bien. Mais ne crois pas que le premier ténébreux venu peut entrer dans le temple de Dorothée comme ça, sans même le mériter !

Dorothée, c’est un prénom. Oui, peut-être celui de ta petite sœur. Moins probable que ce soit celui de ta grande sœur. Pourquoi ? Parce que tes parents ont été élevés à l’ombre de l’écran de Récré A2 et du Club Dorothée. Par nostalgie – ou reconnaissance ? – ils ont sans doute voulu donner à ta sœur la marraine parfaite – du moins, celle qu’ils rêvaient d’avoir. Mais c’est qui Dorothée ?! Ah oui quand même… Ton inculture va loin petit scarabée vorace…

Dorothée – de son vrai nom Frédérique HOSCHÉDÉ – s’était engagée dans des études littéraires. Rapidement, elle se passionna pour le théâtre… C’est à l’occasion d’un concours inter-lycées qu’elle se fit remarquer par Jacqueline JOUBERT, responsable du service jeunesse de l’ORTF (un peu l’équivalent de France Télévision aujourd’hui). Propulsée à l’antenne dés 1973 dans les Mercredi de la Jeunesse (en noir et blanc !) avec la marionnette nommée Blablatus, elle animera même les célèbres Visiteurs du Mercredi en 1975. Malheureusement, elle ne parvint pas à trouver son public et fut remerciée dés juillet 1976 : « Vous n’êtes pas faite pour ce métier« , lui aurait-on dit…

Il lui faudra attendre un casting de mars 1977 pour revenir à l’antenne en tant que speakerine sur la nouvelle deuxième chaîne française, Antenne 2. Mais sa véritable consécration vint un  peu plus tard. En 1978, elle devient la présentatrice de Récré A2, toujours sous la houlette de Jacqueline Joubert, avec Ariane Gil, William Leymergie et Patrick Simpson-Jones. Programme emblématique de l’unité jeunesse d’A2 alors en plein essor, l’émission est un succès d’audience et Dorothée devient bientôt une vedette.

Elle fit alors une rencontre décisive pour sa carrière : Jean-Luc Azoulay et Claude Berda, qui venaient de fonder une petite société, AB Productions, lui proposèrent de chanter… Son premier album original fut bien sur Dorothée au pays des Chansons en 1980 : le succès est tel qu’on en fit un spectacle… et AB Productions avait trouvé SA star.

Dés lors, elle enchaîna les tubes (Rox et Rouky – 1981, Hou ! la menteuse – 1982, La chanson des Schtroumpfs -1983) et décrocha toutes les récompenses : nombreux disques d’or, Victoire de la Musique du meilleur album pour enfant (1985)  et un Sept d’Or pour l’animation de Récré A2. Dorothée est alors devenue une star. Et c’est également à cette époque que j’en suis tombé amoureux. Ah son sourire et ses jolis cheveux blonds, et… Euh… Oui, bon, là je m’égare… Reprenons !

Comme toute Star qui se respecte, Dorothée fut rapidement courtisée par les plus audacieux… et surtout les plus riches. En avril 1987, lorsque TF1 (première chaîne française d’alors) fut privatisée, Dorothée ne résista pas longtemps l’offre alléchante de Francis Bouygues, le nouveau patron de La Une : 21 heures de programmes jeunesse à partir d’une émission centrée autour d’elle et produite par ses amis du groupe AB Productions. Il ne s’agit plus d’une émission, c’est quasiment une chaîne dans la chaîne qu’on lui propose ! Le Club Dorothée débuta le 2 septembre 1987, et du jour au lendemain, le miracle se produit : l’audience des émissions jeunesse de TF1 décolla au-delà de toutes les attentes. [kml_flashembed movie="http://www.dailymotion.com/swf/x2yscs" width="425" height="335" wmode="transparent" /]

L’institution Récré A2 fut alors totalement délaissée (dernier numéro en juin 1988), et le Club Do plébiscité ! Dès lors, TF1 lui octroie de nouvelles plages horaire : bientôt, Dorothée sera omniprésente à l’antenne : plus de 23H00 heures hebdomadaires de programmes et jusqu’à 40H00 pendant les vacances scolaires ! Parallèlement à son émission, qui s’institutionnalise (réalisant plus de 50 % de part de marché le mercredi après-midi), elle lance aussi des programmes annexes : difficile de lui échapper…

Toutes les bonnes choses ont une fin, et après avoir triomphé durant dix ans d’une douzaine d’émissions concurrentes de La Cinq, France 2 et France 3, le Club Dorothée  est certes vaincu par l’usure du temps… Mais l’émission est aussi victime de la guerre naissante entre TF1 et AB. L’émission s’achève le 30 Août 1997 : Dorothée interprète à cette occasion Un jour on se retrouvera (un titre prémonitoire ?) avant de se laisser gagner par l’émotion au moment de rendre l’antenne.

Et c’est ainsi que, par hasard, je suis tombé un dimanche aprés-midi sur l’émission de Michel Drucker… Quelle ne fut pas ma surprise de reconnaitre MON idole. Enfin, celle de ma génération… Revoir tous ces gens qui ont bercé mon enfance m’ont procuré une immense joie. Mieux que la « madeleine de Proust » (ah, là, il faut connaître…) Voyez plutôt :[kml_flashembed movie="http://www.dailymotion.com/swf/2mSbjtsOwwboAnVAz" width="425" height="335" wmode="transparent" /]

Je comprends Faustine qui, après une très belle chronique, n’a pas pu retenir ses larmes. Car comme elle, j’étais retombé, l’espace d’un instant, en enfance. Difficile de revenir sur terre après çà. Je l’avoue, sans fausse modestie : nous sommes une génération gâtée car aujourd’hui, je ne vois plus personne capable de fédérer, en toute simplicité, joie et amitié, autant de jeunes autour de son nom.

Pour tout cela, Dorothée, merci. Et puis pour le reste, bah… On te pardonne, va !

Un grand merci (et bravo !) aux recherches passionnées des webmasters du site Club DO. Vous y trouverez l’intégralité de l’article qui a été utilisé pour ce billet, ainsi qu’une foule d’autres choses introuvables ailleurs…