En mémoire de la Shoah

« -Maman c’est moi

-C’est votre fils madame

-Mon fils ?

-Oui votre fils

-Lequel des deux

-Lui ! Lui ! C’est votre fils

-Mon fils ?

-Embrassez-la

-Bonjour maman »

               Dans Votre maman de Jean-Claude Grumberg, on assiste aux différentes visites d’un fils convoqué par le directeur d’une maison de retraite à cause des problèmes que cause sa mère.

Chaque acte commence par « Votre maman », l’auteur veut peut être montrer que des personnes peuvent s’identifier à son histoire si ils ont vécu des choses semblables et surtout infantilise  la mère avec cette désignation. Le directeur efface même son identité, elle n’est même pas appelée par son nom de famille. Ces mots sont prononcés pour évoquer les problèmes avec la retraitée atteinte d’Alzheimer. A travers l’œuvre, on observe des dialogues absurdes entre la vieille dame qui n’arrive pas à reconnaître son fils du directeur. Quelque fois on peut avoir l’impression qu’elle le fait exprès. On peut aussi entendre le directeur se plaindre de ses problèmes personnels comme son manque de budget. Oui et donc? Il faut analyser. C’est aussi une pièce qui aborde la précarité dans les services de santé. A cause de ces problèmes, cette maison de retraite ne peut pas s’occuper correctement de la retraitée. Le directeur utilise aussi ces problèmes lorsque le fils essaye de la défendre.

Au fur et à mesure de l’œuvre, on s’aperçoit que la mère retrouve quelques souvenirs de ce qu’elle a vécu pendant la Shoah. On peut s’en rendre compte lorsqu’elle doit passer une visite médicale et qu’elle est persuadée que ce n’est pas un vrai médecin qu’elle a devant elle mais un nazi en charge de sélectionner les déportés à leur arrivée dans le camp.

J’ai beaucoup aimée cette pièce et le thème abordé, le travail sur la mémoire qui est montré avec la maladie de la mère mais aussi à travers le travail de mémoire sur la Shoah. La mère qui est atteinte d’Alzheimer ne se souvient pas de toute sa vie, on peut aussi remarquer que la pièce dénonce aussi le traitement des personnes malades dans ce type de structure qui n’est pas équipée pour s’occuper d’elles correctement. On peut aussi remarquer que cela ne dérange pas le directeur. J’aime le fait que l’auteur n’ait pas tout de suite commencé à parler de la Shoah dans la pièce mais au fur et à mesure. On le remarque clairement quand la mère fugue à la fin de la pièce, on peut penser qu’elle vit un moment de son passé qu’il l’a marquée, quand elle fuyait les nazis pour éviter la mort et les camps de concentration. « Et quand la dernière survivante aura rejoint les siens dans le ciel de Pologne, nous laissant seuls avec pour héritage sa chancelante mémoire, qu’en ferons-nous, nous orphelins« . La dernière phrase de la pièce montre que, quand les survivants de la Shoah meurent, ils laissent derrière eux des orphelins, des souvenirs vagues, la seule chose qu’ils laissent en héritage ce sont les souvenirs de ce qu’ils ont vécu. Cette pièce a aussi un côté personnel car l’auteur a été marquée par la mort de son père pendant la déportation. C’est un souvenir qu’il le hante depuis sa jeunesse. 

Si vous voulez lire un une pièce portant un regard original sur la maladie et la Shoah, alors je vous la conseille !

Source : https://www.la-croix.com/Culture/Theatre/Votre-Maman-oeuvre-breve-rare-bouleversante-2017-05-29-1200850987

Représentation de la pièce Votre Maman au Théâtre de l’Atelier avec Catherine Hiegel, Bruno Putzulu et Philippe Fretin.

Grumberg, Jean-Claude. Votre maman.  Actes Sud, 01-04-2012. 56 p

Mary Dumetz, 1èreL

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