A l’abri de rien… même perdre sa famille !

 A force de faire trop de compromis, on finit par se compromettre !

Olivier Adam. Source : https://lewebpedagogique.com/ettacritique /files/2021/12/olivier-adam.jpg

Et toi ? Serais-tu prêts à te sacrifier, comme Marie, à défaut de tout perdre ? 

A l’abri de rien, c’est l’histoire de Marie, mère au foyer, deux enfants, Lise et Lucas, mariée avec Stéphane… Marie a son petit train de vie habituel, ennuyant et agaçant dans sa maison du Nord de la France. Une vie terne. La jeune femme s’ennuie à mourir dans cette existence semblable à celle de milliers d’individus sur cette terre. Elle enchaîne le ménage, range la maison, s’occupe de ses deux enfants, fait à manger, accomplit les tâches que son mari Stéphane lui confies. Bref, elle est exténuée ! Cette routine elle ne la supporte plus car elle a l’impression de ne servir à rien, d’être inutile auprès de ses proches, elle n’en peut plus. Par la suite elle fait une rencontre assez particulière, celle de réfugiés, plus précisément des migrants arrivés à Calais. Observant leur situation désastreuse, leurs conditions de vie, l’environnement dans lequel ces personnes vivent, elle décide de les aider. Quitte à délaisser sa propre famille. Mais la jeune femme ne s’en rend pas compte de suite. Pour elle, cette façon de les aider est une renaissance. Elle retrouve goût à la vie et se sent à nouveau utile. Elle retrouve en elle des valeurs qu’elle n’avait plus ressenties depuis fort longtemps. Par conséquent, Marie finit malheureusement par trop s’investir dans ses actions humanitaires… au dépend de sa famille ! Elle tombe dans un jeu sans fin. Celle-ci pensait retrouver goût à la vie en donnant de l’espoir à ces pauvres gens. Et bien c’est ce qu’elle fait, mais pour peu de temps car elle doit refaire face à la réalité, une réalité qui n’est pas celle qu’elle imaginait. A défaut d’aider les autres et de se sentir utile sur le moment, elle retombe cruellement dans son ancien train de vie. Elle tombe de haut, perdant tout ce qui lui est très probablement de plus cher à ses yeux. Mais je ne vous en dis pas plus ! Un peu de suspense… A vous d’en juger mais je vous le dis de suite : ce roman cet incroyable !


Source : https://0620056z.esidoc.fr/ document/id_0620056z_16129.html

Troublant, émouvant, captivant !

Pour être honnête et vous donner un ordre d’idée, j’en ai eu la larme à l’œil en lisant ce roman. Il est à la fois touchant et très perturbant. Je ne savais plus ou donner de la tête. Comprenez-moi bien, j’avais de la compassion envers Marie, qui retrouvait un sens à sa vie. Je ressentais de la pitié pour ces pauvres réfugiés, battus, mal traités, ayant une vie désastreuse. J’éprouvais de la frustration et un sentiment d’abandon pour Stéphane, son mari, et ses deux enfants, Lucas et Lucie. Une question se posait à moi : où se situer ? De quel côté être ?  C’est difficile de trouver un juste milieu dans cette histoire. De plus, l’ambiance dans le récit est terne, comme l’endroit où il se déroule, Calais, ville pluvieuse et grise de notre région. Cela ajoute de la tristesse à chaque page que je lisais. Marie semble sans espoir, sans aucune motivation. Je pense que ce qui rend l’ambiance aussi pesante est également le fait que l’auteur fasse de longues phrases, très longues même… Paradoxalement, tout s’accumule, tout s’enchaîne, nous n’avons le temps de rien, ni même de nous poser pour bien tout comprendre. Les actions défilent, les unes à la suite des autres, nous sommes perdues dans le temps, pris dans le tourbillon. L’auteur détaille les moindres faits et gestes de Marie. Grâce à cela je compatissais à son sort, je ressentais sa fatigue, son désespoir permanent, le fait qu’elle soit perdue. Cela était parfait car j’aime être dans la peau des personnages. 

J’ai remarqué également que le roman est écrit dans un langage courant, voire familier. Marie utile des termes tels que « gamins », des expressions comme « tellement rien à foutre ». Cela la caractérise parfaitement. Grâce à cela j’arrivais bien à m’imaginer à sa place. Elle reste elle-même, je pourrais presque dire que je me voyais en elle, même si elle a un langage bien particulier, qui pourrait en brusquer plus d’un. Selon moi, nous pouvons toutes et tous nous reconnaître dans cette histoire, soit à la place de Stéphane, de ses enfants, ou comme moi, plus particulièrement dans la peau de Marie. En effet, à peine avais-je lu une vingtaines de pages que Marie se disait dépassée et son mari lui reprochait de ne pas avoir fait la seule et unique tâche qu’il lui avait confiée ! Pour lui elle n’a rien d’autre à faire de ses journées « à part » ranger, faire à manger et s’occuper de ses enfants, ou plutôt de ses « gosses » comme elle dit. J’ai directement eu un sourire en coin, et j’ai rigolé face à ces quelques lignes. Tout simplement car je me suis reconnue. Parfois, ou, si je peux me permettre, je dirai plutôt assez souvent… quand je suis seule chez moi, à ne rien faire, ma mère me demande de faire la vaisselle ou de passer le balais pendant qu’elle travaille. Et bien c’est aberrant, mais même en ne faisant rien de ma journée, j’arrive à oublier de le faire ! Je n’y penses plus alors que je n’ai aucune autre occupation particulière. Et c’est bien pour cela que j’ai eu ce petit sourire en lisant cette petite partie du livre. J’avais comme l’impression de reconnaître ma mère et moi dans de ce passage. Mais tout bien réfléchi, cela me fait cogiter. J’en rigole sur le moment, mais, je comprends mieux pour le coup pourquoi son Stéphane a ronchonné… C’est la triste réalité, mais en fait cette fille est débordée et la routine la pousse de plus en plus à la dépression. Ne pensez-vous pas que Stéphane exagère ? Marie est en permanence en train de « courir » chez elle. Elle s’occupe de toutes les tâches domestiques et pour Stéphane cela ne semble rien représenter !  Elle est dévastée face à ce qu’elle a à faire. C’est en lisant qu’on ressent son anxiété puis son dépassement de soi avec l’aide qu’elle porte aux réfugiés. Et oui, si pour ces gens elle est quelqu’un, pour son mari elle fait juste « partie des meubles » ! Elle est comme une plante verte et n’a aucune utilité à ses yeux, si ce n’est tenir la maison. A travers une atmosphère triste, sans espoir, l’auteur nous interroge néanmoins : de quel côté pencher ? avec qui « tenir » si je puis dire ? Le dévouement de Marie doit-il être total ? Stéphane a-t-il raison sur certains points ? Rien n’est tout noir ou tout blanc, tout semble gris, comme le temps à Calais… A vous de vous faire votre idée ! 

Je vous conseille de lire ce superbe roman chargé d’émotions qui vous fera passer par de nombreux sentiments et qui, peut être, vous feras réfléchir et vous remettra en question sur beaucoup de choses !

Bonne lecture à vous !

Adam, Olivier. A l’abri de rien. Editions de l’Olivier, 2007. 218 p. Points, 1975. ISBN 978.2.87929.584.8

 

Sarah POIRIER, 1ST2S1

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