La statuaire monumentale publique sous la IIIe République (1871-1919)).

Voir aussi exposé de Salomé Castel (principalement sur la période qui va des années 1870 aux années ’20).

Introduction.

Avec la IIIe République la statuophilie atteint son apogée sur le plan quantitatif : entre 1879 et 1939 pas moins de 1790 statues de grands hommes sont érigées sans compter les autres sculptures monumentales  (statues allégoriques de la République, monuments commémoratifs, fontaines publiques, statues et sculptures religieuses, ou décors sculptés de bâtiments publics et d’églises).

Maurice Agulhon s’est interrogé sur ce phénomène massif propre à la France. Pourquoi cette boulimie statufiante sous ce troisième régime républicain de l’histoire de France ?

-D’abord la durée de la IIIe République par rapport à ses devancières. Cette durée marque aussi le passage des esquisses et monuments provisoires en plâtre, carton pâte et bois,  aux grandes machines de pierre et de de fonte.

-La libéralisation de la décision d’ériger une statue laissées aux municipalités et aux initiatives privées à la différence des régimes de type monarchique. Mais le ministère de l’intérieur gardait la main sur la décision finale. Une fois celle-ci actée restait à trouver l’emplacement et surtout sur l’emplacement pour lequel la ville propriétaire de la plupart des terrains avait le dernier mot.

-Le régime a réussi son identification à la nation tout entière de sorte que la statuaire publique notamment les statues de Grands Hommes est entrée au patrimoine national. Même Vichy ne s’est attaqué aux statues que sous le prétexte de la récupération des métaux.

-Dans un grand élan patriotique, la  République s’est beaucoup statufiée elle-même depuis les grandes allégories monumentales de Paris (Place de la République et Nation) jusqu’aux petits bustes de Marianne dans les petits villages. Cette auto glorification était d’autant plus forte qu’elle s’opposait à l »’ordre moral » du Second Empire et à l’Église catholique appliquée à « reconquérir les âmes ». Sur l’opposition République / Église catholique Agulhon emploie l’expression : ‘Mariannolâtrie ? Mariolâtrie’ ( : culte de Marianne contre culte de la Sainte Vierge incarnée dans la prolifération des statues de l’une et de l’autre.

(Sur la réappropriation d’une statue allégorique monumentale du XIXe siècle à notre époque, en l’occurrence la République de Dalou, voir l’article à propos des magnifiques  photographies de la manifestation du 11 janvier 2015 contre les attentats Place de la République   : https://imagesociale.fr/963).
Autre facteur important le rapport à la mort et à la mémoire .

-Les deuils imprévisibles : la mort prématurée du brillant fondateur Gambetta à 43 ans et celle de Sadi-Carnot 2e président assassiné ont été suivies d’une vague d’inaugurations de statues à leur mémoire. Un buste en fonte moulée a été réalisé pour faire face à la demande pour Sadi-Carnot.

Monument à Gambetta à Paris face au Carrousel du Louvre, inauguré en Juillet 1888 pour le cinquantenaire de la naissace de Gambetta (sculptures signées Jean Paul Aubé et architecture Louis Charles Boileau.). Un parmi plusieurs érigés dans toute la France que le grand homme politique a sillonée pour diffuser la « bonne parole » républicaine en province (son surnom était : le « commis voyageur de la République ».

Analyse de l’oeuvre ici :

http://www.paris-unplugged.fr/paris-20-grandeur-et-decadence-du-monument-gambetta/

https://anosgrandshommes.musee-orsay.fr/index.php/Detail/objects/5094

Le facteur didactique.

La République a cru à la vertu de l’instruction publique. Ses dirigeants ont tenu à imprégner les masses de ce sentiment patriotique. Libérale la IIIIe République, elle a pourtant été qualifiée de propagandiste par ses adversaires. Mais elle a plus proclamé qu’imposé.

 Le patriotisme de la IIIe République s’exprime dès les débuts du régime à travers les monuments aux morts de 1870-1871.  Les innombrables monuments aux morts de 1914-18 ont fait oublier ceux de 1870-71. La IIIe République est d’ailleurs le régime qui a laissé le plus de monuments dédiés aux guerres et aux grandes gloires militaires de toutes les époques  (Vercingétorix,  Philippe Auguste, Jeanne d’Arc, Napoléon Ier…).

A côté de ces figures éponymes essentiellement masculines, une foule de figures allégoriques féminines envahit l’espace public, souvent annexées à la statue principale mais aussi sous forme de statues ou groupes autonomes. Les fontaines publiques étaient un terrain privilégié pour des compositions comportant divers personnages. Un des « modèles » de fontaine publique standardisée est la fontaine de Tourny ou fontaine de Bordeaux.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Fontaine_de_Tourny

Bien lire l’historique très éclairant ! Quelle odyssée pour cette fontaine !!!

Les figures ont été réalisées par la fameuse fonderie du Val d’Osne sur des modèles d’un des sculpteurs les plus en vue dans ce domaine : Mathurin Moreau : https://e-monumen.net/patrimoine-monumental/moreau-mathurin/

Remarquez le nombre d’allégories qu’il avait à son actif !!!

Sur les fontaines publiques lire les pages consacrées à ce sujet par M. Agulhon (article Images civiques et décor urbain) qui insiste sur la triple symbolique de la fontaine : objet d’embellissement urbain, symbole de modernité par sa fonction utilitaire (adduction d’eau) et support de statufications politiques, culturelles ou sociales diverses

https://photos.app.goo.gl/kCNwhAfjs4a5bbPN7

https://photos.app.goo.gl/coX5TB58gnA4B8Pt7

https://photos.app.goo.gl/LPMxZhgQm75coPyK6

https://photos.app.goo.gl/n5rLL6XKfpE7RYiGA

-La forte demande municipale entraina une standardisation des figures (par ailleurs interchangeables, la même figure pouvant incarner diverses allégories).. Elles prolifèrent sur les socles ou entourant la personne honorée par la statue sur le même terrasse du piédestal. Au-delà des Mariannes elles-mêmes, on voit une présence obsédante de la figure féminine allégorique représentant villes, régions, idées politiques, Nations…Victoires guidant le Grand homme, Renommées le saluant, France. De même sur les frontons des palais (y compris décors intérieurs et mobilier). Sur l’omniprésence des allégories féminines dans les monuments, Maurice Agulhon a formulé quelques hypothèses explicatives.  Éducation bourgeoise nourrie de culture classique, de représentations de déesses, de vertus drapées à l’antique (historicisme). Une certaine masculinité  qui cultive  le goût des « belles femmes » (sculpturales) dans la vie et dans leur représentation sculptée. Nous avons vu l’allégorie du Temps au Palais du Commerce de Lyon qui chante la gloire des affaires : Le groupe des Heures, figures nues idéalisées et érotisées  de Jean-Marie Bonnassieux. Ces allégories contrastent avec le réalisme des statues des Grands Hommes.

Mais il y  a encore d’autres facteurs .

L’Art industriel avec la technique de la fonte moulée permet de reproduire à volonté des statues plus ou moins standardisées (cf. Mathurin Moreau) ou plus originales (Bartholdi). Le catalogue des fonderies du Val d’Osne (à l’ouest de Nancy) qui ont compté jusqu’à 40000 modèles de diverses pièces du plus simple ornement en fonte aux statues en bronze.

Un phénomène préexistant qui s’accélère.

Dans la décennie 1870-1879, période d’instabilité, de retour en force des royalistes (Mac Mahon) et jusqu’à ce que la République finisse par l’emporter de manière ferme et durable grâce aux fermes victoires électorales, les programmes de monuments sont réduits (59 au total). Ils poursuivent les choix du Second Empire : hommes illustres et des notables locaux auxquels il faut ajouter quelques reines de France. Les gloires militaires se font plus discrètes alors que plusieurs figures d’ecclésiastiques arrivent dans l’espace public. De grands noms des arts et des lettres furent également honorés comme Ingres à Montauban par Etex, Rameau à Dijon par Eugène Guillaume, Fragonard à Grasse par Auguste Maillard.

La prolifération numérique et territoriale de la statuaire monumentale : 1880-1914.

La véritable envolée numérique commence à partir de 1880. Ce qui est certain, c’est que la fin du XIXe et le début du XXe siècle constituent l’apogée de la « statuomanie » . Comme ses  prédécesseurs, et au moins jusqu’en 1914, la  IIIe République constitue le régime – champion toutes catégories du phénomène. Les régimes républicains vouent un véritable culte aux grands hommes entre autre parce qu’ils croient à la puissance de l’éducation par l’exemple (ce qui n’est pas sans rappeler les « imagines agentes » du Moyen Age et l’exemplum virtutis néo-classique. A ce motif de statufication de masse s’ajoute un autre : les enjeux et conflits politiques qui poussent les Républicains à multiplier les hommages. Le panthéon républicain est vaste alors que les monarchistes , vaincus, sont plus limités.

Parfois on oppose les Républicains entre eux comme dans le cas de deux grands monuments au début des années 1880 : les plus radicaux (municipalité de Paris) impulsant le colossal monument à Gambetta déjà cité alors que les plus modérés, hostiles à la ville de Paris qui a hébergé la Commune ont soutenu plutôt le monument équestre à Étienne Marcel qui en tant que statue équestre d’un simple bourgeois était aussi un clin d’œil provocateur vis à vis des monarchistes.

Parallèlement et paradoxalement, les critiques, voire les moqueries et les débats acharnés sur les mérites des candidats à la statufication ainsi que ceux sur les mérites esthétiques de l’œuvre, une fois installée et exposée au regard public, connaissent eux aussi leur point culminant. Les débats autour des statues occupaient une place de choix dans la presse. Bien que le message politique de beaucoup d’oeuvres était plus ou moins implicite, la divergence entre interprétation libérale ou conservatrice de l’idéologie républicaine trouvait ainsi un écho puissant à travers les réactions de soutien ou de désapprobation de telle ou telle statufication.

La multiplication des statues monumentales ne va pas sans diversification des sujets. Ci-dessous la liste établie par Hardgrove pour Paris.

Cette classification de Hargrove (Les statues de Paris) a ses limites (personnalités pouvant figurer dans plusieurs types comme Arago : Science et IIe République, le député Baudin était docteur, député mais c’est le martyr des barricades contre le coup d’État de Louis Napoléon qui est statufié, Victor Hugo est écrivain mais son envergure politique dépasse son domaine professionnel, enfin Émile Zola a joué un rôle majeur dans les luttes sociales en plus d’être écrivan) mais permet  d’évaluer le changement décisif qu’opère la République quant au type de personnes statufiées.

Des chefs militaires et des gloires dynastiques on passe aux gloires des sciences et de la culture.

La République impulse une nouvelle division sociale. La section militaire p. ex. semble ne pas avoir la fonction éminente précédente ni celle tout aussi éminente d’après 1914.

Les « Grands Hommes »  historiques peuvent être consensuels que Dante :

https://e-monumen.net/patrimoine-monumental/monument-a-dante-paris-5e-arr/

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/a/a4/Dante_Aub%C3%A9.jpg

Jean Paul Aubé Statue de Dante, heurtant du pied la tête de Bocca degli Abati rencontré dans le 9ème cercle de l’Enfer (Chant XXXII), square Michel-Foucault, rue des Écoles à Paris.

Ce type d’oeuvre consensuelle et sans implicite politique est qualifié de « mobilier de jardin ».

Mais peuvent aussi déchaîner les passions comme Dolet.

Il est rare que seule génie justifie l’hommage public et la statufication. Seul le goût pour l’histoire et ses personnages lointains masquait des enjeux brûlants du présent républicain car des groupes politiques ou sociaux  antagonistes pouvaient être à l’origine des souscriptions.

Les municipalités et l’État se fournissaient au Salon où des achats massifs d’oeuvres d’art étaient opérés dont beaucoup se retrouvaient ensuite orner parcs et jardins.

Pour le public rien ne distinguait les deux Diderot :

celui de Lecoint avait été acheté par la ville de Paris, fondu en 1886 . Ce monument a été fondu en 1942.

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Le Diderot de Gautherin créé après souscription d’un comité et destiné au Bd Saint-Germain :

https://e-monumen.net/patrimoine-monumental/monument-a-diderot-paris/

Une carte postale ancienne de la statue de Diderot en pied par Auguste Bartholdi à Langres sa ville natale… et également commandée en 1884 (vue actuelle disponible sur le site de la ville de Langres).

Exemple parmi les plus frappants de débats oeuvre d’art/oeuvre politique le Charlemagne :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Charlemagne_et_ses_Leudes

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/f/f7/Charlemagne_et_ses_Leudes_%282%29.jpg

Charles et Louis Rochet sculpteurs ), fondeur Thiébaut frère, Charlemagne couronné et ses « Leudes » (vassaux), Roland et Olivier (1867-1876), Paris, parvis de Notre-Dame. Charlemagne est en armure, le sceptre de Charles V à la main. Commencé sous le Second Empire, le groupe monumental provoque des débats houleux puisque sous le Second Empire  il se référait à l’héritage impérial napoléonien mais sous la IIIe République le message était moins recevable. Le groupe fut en  apprécié lorsqu’une version plâtre a été exposée  à l’exposition universelle de 1867 mais la chute du Second Empire rendit le coulage en bronze impossible. Finalement, c’est pour montrer la qualité supérieure de l’industrie parisienne qu’un bronze fut coulé et montré à l’Exposition du 1878. Puis, il est resté pendant 26 ans posé sur un piédestal provisoire en toile tendue avant de bénéficier en 1908 d’une base en maçonnerie. Il n’a pas été fondu sous Vichy.

La Cour Napoléon du Louvre avec le monument au Génie de l’Art au milieu et la statue de l’architecte Mansart derrière.

Le « Campo Santo » de la cour Napoléon du Louvre et des jardins du Carrousel accueillit des statues d’hommes illustres dans le  domaine des Beaux Arts : Houdon, Puget, Mansart, Poussin, Corot, Watteau. Il s’agit de monuments plutôt que d’hommages. Exemple, la statue de l’architecte Pierre de Montereau (XIIIe, architecte de la cathédrale Saint-Denis) par Henri Bouchard :

Henri Bouchard, Pierre de Montereau, pierre, placé dans le jardin du Carrousel au Louvre à Paris, de 1909 à 1935.
Dès 1907, Henri Bouchard reçoit la commande d’une statue de Pierre de Montereau, sujet qu’il a choisi en refusant celui demandé de Houdon et de sa muse : le Moyen-Age l’intéressait plus que le 18ème siècle, et il conçoit alors une figure très dépouillée par rapport aux œuvres précédentes. H : 2,10 m.

https://anosgrandshommes.musee-orsay.fr/index.php/Detail/objects/4524

Dans quels thèmes regrouper le statues ?

Hargrove en distingue trois principaux : le legs de la Révolution, le Consensus des valeurs, le conflit et les débats. Dans certains cas, on peut glisser d’un thème à un autre, l’éducation p. ex. faisait consensus jusqu’au moment où la laïcisation de l’enseignement fait éclater le bataille de la laïcité (Loi de séparation en 1905  où les congrégations sont interdites d’enseignement).

Le Legs de la Révolution.

Une fois la République installée, il s’agissait dans les années 1880 préparer les commémorations du Centenaire. Mais comment se mettre d’accord, même entre Républicains, sur les mérites des « Grands hommes » ? Fallait-il puiser dans la Ie République qui s’est transformée en bain de sang ? Les luttes intestines s’intensifiaient au fur et à mesure qu’on s’approchait de 1889. Même les figures tutélaires de Voltaire et de Rousseau ont divisé : l’athéisme de l’un et sa tolérance (pouvait-on amnistier les Communards ?) Et le déisme naturaliste deRousseau ? Comment les libres-penseurs pouvaient-ils l’accepter ?

La souscription pour le centenaire de Voltaire a provoqué une violente réaction : « satan » !!   La ville de Paris a finalement acheté la statue de Voltaire par Caillé et placée près de l’Institut de France :

Blancard, Hippolyte (1843 – d.1924), Statue de Voltaire par Joseph-Michel Caillé devant un pavillon de l’Institut de France quai Malaquais, 6e arrondissement, Paris, 1890. Tirage au platine. Musée Carnavalet, Histoire de Paris.

Statue de Voltaire par Joseph-Michel Caillé. Paris 1890.

Conservateurs et radicaux s’opposent violemment sur l’inclusion ou pas de la période de la Terreur, sur le lieu où placer la statue de Danton (prévue pour le Centenaire mais inaugurée en 1891) qualifié de « buveur de sang » par les conservateurs, « et pourquoi pas Marat et Robespierre pendant qu’on y est ! »

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/8/86/Danton_szobra_P%C3%A1rizsban.JPG

https://e-monumen.net/patrimoine-monumental/monument-a-danton-paris-6e-arr/

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/9/9f/Statue_de_Danton_au_carrefour_de_l%27Od%C3%A9on.JPG/1024px-Statue_de_Danton_au_carrefour_de_l%27Od%C3%A9on.JPG

Monument à Danton en Bronze située sur la place Henri Mondor au métro Odéon, en bordure du boulevard saint Germain, a été réalisé par Auguste Paris et érigé en 1891 à l’emplacement de la maison du grand tribun.

Le sculpteur Paul-Laurent Bion qualifiait cette oeuvre de « Faux comme la légende dantonesque interprétée par le Conseil municipal de la ville de Paris » même s’il consentait à sa présence qui rappelai l’héroïque défense de la ville en 1870. D’autres achats ont été effectués : Condorcet, Rousseau, Beaumarchais, Voltaire ou Diderot.

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/c/c6/P495_-_marat%2C_par_jean_baffier_-_Liv4-Ch11.png/715px-P495_-_marat%2C_par_jean_baffier_-_Liv4-Ch11.png

Et en effet, la ville de Paris acquiert le plâtre de Marat par Jean Baffier au Salon de 1883. (voir ici). Le bronze est coulé en 1885 et exposé la même année au Salon. Installé au parc Montsouris puis  enlevé la nuit sur ordre du préfet et d’un député conservateur, il est réinstallé par la municipalité républicaine majoritaire et qui dénonce un comportement grotesque puisque la ville n’a considéré que les qualités artistiques de l’œuvre (une simple manœuvre).

Autre période qui provoquait des dissensions : la Seconde République.

Quelques grandes figures scientifiques et politiques des années 1848-52 ont été statufiées : François Arago (astrophysicien et député), Raspail (chimiste et révolutionnaire de 1848) Ledru-Rollin le père du Suffrage universel, Lavoisier (chimiste) ou encore le médecin Alphonse Baudin, député mort sur les barricades  ouvrières au moment du coup d’État de Louis Napoléon Bonaparte en criant le célèbre « Vous allez voir comment on meurt pour 25 francs par jour ».

Eugène Boverie, Baudin sur la barricade (1901, Paris).

L’inauguration de 1900 donna lieu à une passe d’armes entre  droite conservatrice (chassée de l’estrade), pourtant d’accord sur le projet, et la municipalité républicaine de gauche à Paris.

Le président de la République préside la cérémonie non pas d’inauguration de la statue de Baudin mais les 50 ans de la mort su député devant le nouveau monument.

Pour les scientifiques de renom, il s’agissait de tirer un profit politique de leur adhésion à la République grâce à leur notoriété.

Voir fiches des monuments ici : https://e-monumen.net/

La statufication des hommes de la IIIe République elle même.

Après Gambetta, il faut attendre le début du XXe siècle pour voir des  personnalités de la IIIe République statufiées. Ce n’était pas seulement une affaire de temps, peu d’hommes politiques avaient acquis assez de prestige pour mériter un monument d’importance Jules Ferry, Waldeck-Rousseau, Jules Simon. Cela n’a pas été sans polémiques car, étant modérés, ces hommes politiques républicains ont pu froisser quelques opinions en allant, selon le cas, un peu trop à droite ou un peu trop à gauche.

Finalement, à partir de quand un homme politique contemporain est-il susceptible d’être statufié ? La IIIe République a relativement peu glorifié ses hommes politiques même si quelques grands législateurs font exception, comme  :

Le monumental Jules Ferry avec deux thèmes principaux : l’école et la colonisation de l’Indochine..

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/f/f1/Monument_jules_ferry_tuileries_paris.jpg/682px-Monument_jules_ferry_tuileries_paris.jpg

https://anosgrandshommes.musee-orsay.fr/index.php/Detail/objects/5087

Monument à Jules Ferry, jardin des Tuileries, Paris. Oeuvre de Gustave Michel (1910)

Une autre parmi les premières oeuvres célèbre la loi sur la liberté syndicale (1884) à travers son initiateur, Pierre Waldeck-Rousseau.

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/9/97/Paris_Monument_Waldeck-Rousseau_2014.jpg/718px-Paris_Monument_Waldeck-Rousseau_2014.jpg

Laurent Honoré Marqueste, Monument à Pierre Waldeck-Rousseau (souscription nationale), marbre (1909), état actuel, jardin des Tuileries, Paris (1er). Les travailleurs présentés par la République, rendent hommage à Waldeck Rousseau dont le buste occupe le centre de la composition.. D’autres statues de cet homme politique en France  ont été érigées en France (St. Étienne…)

Les valeurs républicaines : un consensus malgré les querelles.

Patriotisme, positivisme, démocratie sont les valeurs les mieux partagées malgré les sujets de discorde comme l’affaire Dreyfus, l’anticléricalisme le socialisme et le nationalisme.

Le caractère exceptionnel du régime républicain dans une Europe très largement monarchiste a pu favoriser le sentiment patriotique nourri également par l’esprit de revanche sur la défaite de 1870-71 et la volonté de propulser la France au sommet des nations dans le domaine de la culture, des arts, des sciences et des techniques. Dans un esprit d’égalité fondée sur le mérite , les hauts faits, les mérites des statufiés contribuaient à la gloire internationale de la France.

La foi dans le progrès était nourrie par la philosophie d’Auguste Comte alors que le moral collectif des Français était au plus bas au lendemain de la défaite de 1870 (voir ici son monument devant la Sorbonne).

Malgré les crises du régime et un certain désenchantement vers la fin du siècle, l’édifice de la foi dans le progrès est resté intact jusqu’à la guerre de 14-18. Il faut dire que les valeurs républicaines d’égalité contribuaient à entretenir cette flamme patriotique et positiviste. d’autant plus que le caractère libéral du régime garantissait une certaine promotion sociale grâce à l’éducation et le mérite de chacun, mais aussi une expression démocratique couvrant la totalité du champ politique.

Le Jardin des Plantes était une véritable pépinière positiviste et rationaliste ce qui favorisa l’érection de plusieurs statues de grands savants français : Buffon, Lamarck ou Chevreul. tels que le chimiste Eugène Chevreul au Jardin des plantes (célèbre pour sa théorie sur le contraste simultané des couleurs dont on connaît l’impact sur Delacroix, puis sur la peinture moderne naissante vers la fin du XIXe siècle, cf. Van Gogh).

 Léon Fagel, (Valenciennes 1851 – Paris 1913), Monument à Eugène Chevreul, ancien directeur du Jardin des plantes, 1893,  marbre. Inauguration en 1901 dans la cour d’honneur du MNHN où Chevreul enseignait.

https://anosgrandshommes.musee-orsay.fr/index.php/Detail/objects/5053

 

Jean Carlus, Monument à Buffon, également ancien directeur du Jardin des plantes, inauguré en 1909, bronze, Jardin des Plantes.

A côté des sciences « dures » et des sciences naturelles, la France pouvait afficher ses grands médecins :

Le monument à Pasteur (voir ici) par Alexandre Falguière (1831-1900) : après la mort du sculpteur, Victor Peter achèvera le monument sous la direction de Paul Dubois. Inauguré en 1904. Autour du piédestal : “ les travailleurs des champs goûtant en paix aux bienfaits qu’ils doivent aux découvertes de Pasteur.. »

Charcot pour la chirurgie et

Pinel pour la psychiatrie naissante. 

Ludovic Durand. Monument à Philippe Pinel. Inauguré en 1885. Pierre et bronze. Debout, le Dr Pinel (H. 3 m)  tient la chaine dont il vient de libérer une patiente assise  par terre  derrière lui. Dans sa main gauche : « Bicêtre 1792 » (chute des chaînes des aliénés que Pinel a interdites à son arrivée). Deux allégories en pierre de part et d’autre du socle, la Science à gauche, la Charité à droite (?). Sur le piédestal, à l’avant : AU DOCTEUR / PHILIPPE PINEL / BIENFAITEUR DES ALIENES / 1745-1826 / LA SOCIETE MEDICO PSYCHOLOGIQUE / DE PARIS

https://anosgrandshommes.musee-orsay.fr/index.php/Detail/objects/5135

 

Paris à la fin du XIXe et à la Belle Époque est la capitale mondiale de la culture et des arts. L’écrivain, l’artiste sont honorés car ils contribuent à l’éducation du peuple car la IIIe République oeuvrait particulièrement pour permettre à la culture et aux arts de pénétrer des couches populaires grâce à l’école. La classe moyenne qui se  développe accède à l’alphabétisation et consomme des biens culturels.

L’élargissement du public a imposé d’une part un certain nombre de grands écrivains et poètes élevés au rang de « gloires nationales » dans la mesure où ils assuraient des ponts entre les couches populaires et les milieux cultivés : Victor Hugo et Alexandre Dumas père furent parmi les plus populaires. 

D’autres arts furent représentés là aussi par des monuments à des compositeurs contemporains; pas d’hommage à Lully ou Rameau. Ce fut par exemple le monument à Berlioz inspiré d’une photographie réalisée par Pierre Petit  :

Alfred Lenoir, Hector Berlioz médite dans la pose du génie mélancolique. Statue en bronze inaugurée au Square Berlioz (Paris 9e) en 1886 et fondue dès 1941 sous l’Occupation. Elle a été remplacée par une statue en pierre de Berlioz réalisée par Georges Saupique en 1948.

Conflits et débats.

Clivages sociaux .

Si les deux  des trois devises de la République, liberté et fraternité ne souffrent guère de contestation, il ne va pas de même  pour l’égalité qui effraie les couches supérieures de la société. Le monument à Jean Leclaire (1801-1872) incarne cette aspiration des couches populaires au progrès social. que leur offrent des patrons paternalistes.  Lui-même issu de la classe ouvrière, patron d’une entreprise florissante en peinture de bâtiment, il accordait la prévoyance et une part importante des profits à ses ouvriers.

https://anosgrandshommes.musee-orsay.fr/index.php/Detail/objects/1734

L’architecte Formigé, qui avait plusieurs fois collaboré avec Dalou, lui propose de sculpter le monument que les ouvriers d’une entreprise de peinture veulent élever à la mémoire de leur ancien patron par souscription. D’abord embarrassé sur le plan esthétique, ne sachant pas comment symboliser la Peinture en bâtiment, Dalou finit par accepter. Donné par le comité à la ville de Paris, le monument est inauguré en 1896 en présence du sculpteur, mais  fondu en 1943, sous le régime de Vichy.

En 1971, un nouveau monument est érigé au square des Épinettes, Paris (17e arrond.) par la Société de prévoyance des ouvriers de la maison Leclaire. Cette société possédait le modèle en plâtre et une réduction en bronze. 

Le conflit sur la laïcité de l’enseignement.

Un impressionnant monument à Jean Macé (1815-1894)  pédagogue, enseignant, journaliste et homme politique français. Issu d’un milieu ouvrier, franc-maçon, il est l’un des fondateurs de la Ligue de l’enseignement que le monument glorifie tout autant que son fondateur. Le monument initial en bronze a été réalisé par André Massoulle (1851-1901) a été fondu sous l’Occupation.

http://paris1900.lartnouveau.com/paris19/places/place_armand_carrel.htm

https://anosgrandshommes.musee-orsay.fr/index.php/Detail/objects/3085

Le nouveau monument, beaucoup plus sobre, est une oeuvre du sculpteur Albert David (1956)

Extraits du Hargrove les Statues de Paris sur les conflits :

Les activistes anti-cléricaux (bcp de radicaux-socialistes)  se rangeaient sous la bannière de la Libre pensée pour combattre les croyants catholiques qui la plupart, appartenaient à la droite conservatrice.

La Libre pensée finança la statue de Denis Diderot vers 1885. Auteur dramatique et critique d’art, il était reconnu comme un précurseur de la Révolution.

Jean Gautherin, Denis Diderot, 1886, bronze, Bd Saint-Germain.

En 1940, des aménagements de voirie entraînent le transfert à son emplacement actuel du Diderot qui fait partie des rares figures historiques à avoir échappé à la destruction, sous l’Occupation. Ce portrait assis frappe par son dynamisme et son efficacité pédagogique : la plume brandie vers l’avant et le buste, fortement penché et désaxé, expriment à la fois la vivacité d’esprit et l’engagement de l’écrivain dont la Troisième République glorifiait le rôle de précurseur de la Révolution française plutôt que celui, plus neutre — que l’on retient aujourd’hui — du critique d’art ou de l’Encyclopédiste.

Comme il avait dirigé la rédaction de la bible du progrès, l’Encyclopédie, il incarnait la libre pensée. Athée, il avait voulu libérer l’esprit des chaînes de la superstition c’est-à-dire de l’Eglise catholique.

L’affaire du Monument à Étienne Dolet, éditeur de Gargantua  et père de la Libre pensée et qui l’a payé de sa vie au moment des guerres de religion, pendu puis brûlé avec ses écrits en 1546 (monument qualifié par les conservateurs catholiques d’ « affront aux croyants »).

La statue d’Étienne Dolet (1509-1549) humaniste, écrivain et libre penseur (critique virulent de l’Eglise catholique et de son obscurantisme), réalisée par le sculpteur Ernest Guilbert (1848-1913) en 1889, qui était située place Maubert au niveau du boulevard Saint Germain dans le Quartier Latin. Ci-dessous photographié par Atget

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/d/db/Place_Maubert_-_Atget.jpg/784px-Place_Maubert_-_Atget.jpg

Eugène Atget, la Place Maubert vers 1900

Pas loin de Notre-Dame de Paris, ce monument a cristallisé l’opposition farouche entre catholiques et partisans de la laïcité.

Le haut-relief principal sur piedestal représente la VILLE DE PARIS BRISANT LES CHAINES DE LA LIBRE PENSEE

 

Chronologie du monument, de la commande à la destruction et à la potentielle reconstitution.

1884 : le conseil municipal ouvre le concours, le 9 avril ; initiative est liée à l’ambition républicaine de réhabiliter les victimes de l’intolérance sous l’Ancien Régime. Le règlement indique que le monument doit comporter un haut-relief montrant ‘la Ville de Paris relevant la Libre pensée. On choisit la place Maubert, emplacement du bûcher d’Etienne Dolet, et proche de Notre-Dame, en signe de défi lancé à l’Eglise. Soixante et onze artistes déposent leurs projets au pavilllon de la ville de Paris et les trois primés sont ceux de Paul Berthet, de Jean-Baptiste Germain et de Guilbert. Un an après, le jury choisit de confier à Guilbert l’exécution définitive de la statue d’Etienne Dolet. La fonte est réalisée pour 9 000 F. L’inscription de la dédicasse dit ceci : « Ce monument a été érigé à Étienne Dolet, victime de l’intolérance religieuse et de la royauté. 5 mai 1889 ». 

1887 : l’érection autorisée par décret gouvernemental et l’inauguration ont lieu le 19 mai 1889 dans un contexte d’affrontement idéologique intense. Le président de la République et le gouvernement s’abstiennent d’y participer. Les Libres Penseurs et franc-maçons d’Ivry et de Versailles sont présents en force. La statue est fondue en 1941 sous le régime de Vichy et après la guerre s’est posé la question de son remplacement par une nouvelle.

Dolet était le martyr par excellence des libres-penseurs. Pendu, puis brûlé sur le bûcher en 1546, l’éditeur de Gargantua est l’un des plus brillants esprits de la Renaissance, persécuté, traîné de prison en prison et mourant, à peine âgé de trente-sept ans, au milieu du plus épouvantable supplice, pour avoir commis le crime d’essayer d’éclairer ses contemporains plongés dans les ténèbres et de lutter héroïquement contre l’ignorance et le fanatisme.

Les nationalistes, bien sûr, voyaient le personnage de manière très hostile D’après Edouard Drumont, il avait été justement «condamné pour blasphème, sédition, et exposition de livres prohibés et damnés». Des voix plus impartiales maintenaient que c’était en fait un tribunal civil qui avait condamné Dolet afin de contrecarrer les prêtres qui soutenaient l’imprimeur.

Un tel hommage était peut-être excessif par rapport à l’homme, mais par rapport aux idéaux qu’il incarnait, il ne l’était pas: «Ce monument a été érigé à Etienne Dolet, victime de l’intolérance religieuse et de la royauté. 5 mai 1889.» Un ensemble de cette envergure n’était réalisable que grâce à la connivence de l’administration la ville, qui le finança entièrement, et de la Libre pensée.

Le chevalier, pour n’avoir pas salué une procession religieuse, avait été torturé et exécuté en 1766 – il avait dix-neuf ans. Jeune homme est représenté enchainé au pilori, la hache du bourreau et les instruments de torture à ses pieds. On peut lire sur la page ouverte d’un livre, Dictionnaire philosophique de Voltaire. La Barre est l’équivalent laique de saint Sébastien.

Au fur et à mesure que le mouvement pour la séparation de l’Eglise et de l a prenait de l’amplitude, la lutte s’intensifiait. Les libres penseurs, exaspérés par la construction du Sacré-Coeur, qualifié de «mastodonte clérical», se vengerent en en un Monument au Chevalier de la Barre.

Autre victime de l’intolérance monarchique cette fois : le chevalier de la Barre :

Un des membres de la Libre pénsée aurait remarqué que «dans cette bataille de la Libre-pensée contre toutes les forces de réaction, la basilique colossale est à la statue philosophique, ce qu’est, dans les guerres fratricides, le gros cuirassé au petit torpilleur.»

En réponse à cette « provocation » les milieux catholiques ont commandé et fait ériger la statue de Michel Servet (1511-1553), médecin et théologien, martyr du catholicisme, condamné à être brulé vif pour hérésie par le Conseil des Deux-Cents de Genève, à l’instigation de Jean Calvin qu’il avait attaqué. 

Le dessin montre le projet initial portant l’insxription : « brûlé vif par ordre de Calvin », refusé par la municipalité car trop extrémiste.

La figure de Michel Servet est représentée debout, les bras croisés sur la poitrine, portant de lourdes chaînes aux pieds et aux poignets. Son costume déchiré porte la trace des brutalités qu’il a subies, et il est ici représenté dans les instants qui précède son exécution par les flammes. La statue repose sur un imposant piédestal composé. les trois éléments qui le composent sont sculptés. L’élément central est particulièrement ouvrage et ceint d’un motif de chaines sur ses quatre faces. Enfin, l’ensemble formé par la sculpture et son socle est entouré de chaines reliant des bornes de pierres couronnées d’éléments de fonte évoquant les flammes.

Remplacer ou pas la statue fondue par une oeuvre moderne ?

La suite sur le Monument à Dolet après la Seconde Guerre mondiale est racontée ici : https://www.cnap.fr/la-restitution-des-monuments-publics-detruits-entre-disparition-et-recreation (on y trouvera les esquisses et le plâtre grandeur nature de Couturier finalement refusés ).

Robert Couturier, Esquisse pour le monument d’Étienne Dolet, 1946, plâtre peint, Musée de Grenoble

Robert Couturier est choisi pour la nouvelle statue, ancien élève d’Aristide Maillol (1861-1944), qui fut une grande inspiration pour le jeune asculpteur. Le génie de Couturier fut remarqué et dans les années 30, lorsqu’il  devient un des culpteurs majeurs de l’après-guerre. Son cercle d’amis comprend, de grands artistes grands artistes notamment les sculpteurs  Germaine Richier (voir son oeuvre monumentale ici) et Alberto Giacometti avec lequel il y a eu une influence réciproque indéniable.

La figure de l’humaniste est transformée en une figure de déporté décharné devant une potence symbolisant les martyrs civils des camps de concentration du XXe siècle. Très éloignée de la sculpture commémorative officielle, la statue est peu appréciée mis à part quelques conservateurs de musées modernes comme Jean Cassou (directeur-fondateur du Musée national d’Art moderne de Paris) et André-Farcy, conservateur du Musée de Grenoble dont il fait le premier musée d’art moderne en France dès 1920 malgré une violente cabale nationaliste, académique et conservatrice contre lui. (il écrit : Mes projets sont simples: continuer en faisant le contraire de ce qu’ont fait mes prédécesseurs. J’ouvre la porte aux jeunes, à ceux qui apportent une forme neuve dans une écriture que je n’ai jamais encore vue ! Voilà la règle… qui permettra de réaliser le seul musée moderne qui soit en France.

Dans le cas de cette statue de remplacement, l’État s’est chargé du choix et des émoluments de l’artiste et la municipalité de Paris de l’édiification du monument. Dans ces conditions, à qui appartient le monument ? Réponse difficile. Vichy a recherché les propriétaires des statues refondues pour les indemniser. Les artistes défendent parfois leur oeuvre contre un déplacement ou une transformation en un autre sujet.2.  Comment choisir le lieu ?

Portes des villes, ponts jardins publics, places (dont l’emplacement et la scénographie dépendent du dessein urbain, lieux funéraires (cimetières ou monuments aux morts parfois dans les lieux même de la bataille, puits, fontaines. On a vu ce qui motive le choix de la Place Maubert pour Étienne Dolet, le lieu de son exécution (mémoire et histoire fournissent souvent le lieu du monument). Le cas de la Fontaine Bartholdi est également intéressant. (lire article ici : https://lyonnais.hypotheses.org/1531). L’intervention de Daniel Buren (colonnes, rayures, fontaines comme au Palais Royal à Paris) a fait débat car il était prévu la possibilité de déplacer la Fontaine Bartholdi ce qui fut fait..  

Il y a un an s’est agalement posé le problème de la restauration de la place qui se dégrade : a-t-on le droit de « toucher » à l’oeuvre de Buren, propriété intellectuelle de l’artiste ?

Le colonialisme fut un autre sujet de discorde mais qui ne dura guère tans l’idéologie de la mission civilisatrice avait imprégné les esprits. En revanche, l’affaire Dreyfus a violemment et durablement divisé la société.

Le Monument à Zola incarne ce conflit dédoublé par l’opposition artistique des milieux littéraires hostiles au réalisme social de écrivain :

Constantin Meunier, monument à Émile Zola,  bronze, projet de 1905, mais inauguré en 1924. Le sculpteur choisit de ne pas figurer la Vérité et se limite aux personnifcaitons de ses deux derniers romans : le Travail et la Fécondité.

https://anosgrandshommes.musee-orsay.fr/index.php/Detail/objects/5316

 

 

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