L’influence de l’antiquité sur l’art médiéval français (la sculpture gothique du XIIIe siècle).

L’influence de l’antiquité sur l’art médiéval français (la sculpture gothique du XIIIe siècle).

Toutes les photos sont ici :

Diapo 1

https://docs.google.com/presentation/d/19j6bHRyw34oz1qQZTQzUYe-E3eZyUHNrUpMcnJQkuIM/edit?usp=sharing

Diapo 2

https://drive.google.com/open?id=1xCmP4KW6BetqVJJfTyfL4Atp3tPx4aZx1W2MjXnMR80

Conclusion sur le roman.

Vers le milieu du XIIe au moment où commence le chantier de la basilique Saint Denis, on peut dire que le roman a été une « renaissance de l’antiquité » et que cette renaissance se prolonge jusque dans le premier gothique :

– chapiteaux Notre-Dame-du-Port

Sculptures de Saint Trophime d’Arles (1170-1180)

Enfeu à médaillons de Lisieux (XIIe-début XIIIe)

Sacrifice romain de Charlieu

Suger lui même était un homme nourri de culture antique. Il conseillait aux artistes du chantier de la basilique de s’inspirer des œuvres du trésor de l‘abbaye de Saint Denis : voir aussi ici.

On y trouvait

– Colonnes

– Sorte de tombeau de marbré jaspé

– Bâton consulaire en or surmonté d’un « aigle portant un jeune homme » (Ganymède ?)

–  Vases antiques, camées, diptyques en ivoire portant des reliefs.

Mis l’œuvre emblématique d’inspiration païenne vers 1180, est la fontaine du cloître aujourd’hui mutilée et qui se trouve dans la cour des beaux arts. Elle est ornée de têtes représentant des divinités antiques. Surprenante œuvre au milieu d’un cloître qui témoigne de la culture antique de ces moines issus de la noblesse, lecteurs assidus de Virgile, d’Ovide. voir dessin du XVIe et photo de la vasque ici.

III. D. L’époque gothique.

 

III D1 L’abandon des formes antiques.

Les imprécations de St Bernard vont produire leur effet : plus de centaures, de bestiaires qui détournent le regard des fidèles (et de l’âme) « pour un plaisir non seulement vain mais encore profane ».

D’autre part les artistes gothiques parviennent à inventer un nouveau mode d’expression du corps qui se détache des modèles antiques dont ils n’ont plus besoin : naturel des figures, silhouettes réelles qui se déhanchent comme les femmes de la noblesse, beauté naturelle des visages quoiqu’idéalisés.

Les plis tombent naturellement en dehors de toute préoccupation des formes antiques. Ils introduisent même le costume, l’armure de leurs contemporains dans la représentation des saints, signe de l’anachronisme tout à fait typique au Moyen Age.


III. D 2 Deux exceptions cependant :

Reims et le « maître des figures antiques » qui fait œuvre d’assimilation des leçons antiques. Statues exceptionnelles provenant de trois parties distinctes :

– la façade primitive (avant l’incendie de 1210) : elles sont essentiellement à l’ébrasement droit du portail sud de la façade ouest, simple transcription classique des modèles de Chartres.

– les portails du transept (surtout nord) terminés avant 1241. Au croisillon sud, prophètes, apôtres, saints avec têtes bouclées, volumineuses, plis mouillés, savants, apprêtés qui soulignent les formes. Non loin d’eux une belle figure de Vierge au visage accentué, aux sourcils froncés, au large front où les ondées des cheveux sont cachées par le voile qu’elle ramène sur son bras droit. Cette draperie se plisse facilement, accentue la silhouette avec un accent caractéristique au niveau du genou, le mvt du pied caractéristique des statues antiques vers la droite. Figure qui rappelle Eumachia de Naples.

– La façade occidentale commencée après 1241.

Voir photos des portails

http://cathedrale.maisons-champagne.com/main.php?themes=galerie&part=02#portails

Le groupe de la visitation.

Visitation detail Vierge portail central facade ouest Reims

Drapée dans la palla des femmes romaines aux plis majestueux, elle ramène le manteau à la poitrine. Elle marque un léger déhanchement, le drapé formant une multitude de plis mouillés soulignant la silhouette. La tête a été comparée à la Vénus Médicis même si elle ne semble pas issue de ce modèle : ses cheveux moins ondés, sa bouche moins grasse, le menton saillant. Mais l’artiste n’a pas seulement copié l’antique. Au naturel des statues gréco-romaines il a préféré le caractère extatique de l’expression du visage.

A la porte voisine (ébrasements du portail droit), se dresse une statue d’un prophète (ou d’apôtre) qu’on a comparé au Sophocle du Latran, ancêtre des orateurs enveloppés dans leurs toges.

Reims Apotre ou prophete classique ebrasement gauche portail droit Sophocle du Latran

La coupe du visage

– barbe fouillée et traitée en boucles

– attitude caractéristique : grande toge aux plis amples pris dans les bars laissant le bras droit libre pour les gestes oratoires.

L’autre cas est le fameux homme à la tête d’Ulysse,

homme a la tete d'ulysse reims ebrasement gauche portail central homme tete ulysse Cliquez pour agrandir

http://www.culture.gouv.fr/champagne-ardenne/cathedrale-de-reims/tete-d-ulisse-iconographie.html

Pourquoi ces influences antiques ? Emile Mâle parle d’Athènes où les Champenois auraient débarqué lors de la 4e croisade. Mais Adhémar évoque plutôt le fonds gallo-romain car les statues grecques ne ressemblent pas à des figures trapues aux grosses têtes. La source serait à rechercher du côté des apôtres dans les manuscrits carolingiens comme l’Evangéliaire d’Ebbon, mages inspirées de sculptures antiques.

 

Les dessins de Villart de Honcourt

 

Ils ont un autre témoignage précieux de la manière dont travaillent les artistes. On pense qu’il aurait été élève du maître classique de Reims, mais il a quitté le chantier vers 1241 (quand justement le maître classique semble arrêter aussi). Il a dessiné plusieurs antiques dans ses carnets ce qui dénote de l’intérêt des rémois pour l’antique.

Voici des figures antiques extraites de son carnet :

http://classes.bnf.fr/villard/grand/carnet/43.htm

Ici Mercure assis en jeune damoiseau tenant un faucon :http://classes.bnf.fr/villard/grand/carnet/27.htm

 

 

 

 

Un autre montre Alexandre tenant la lance (d’après un bronze antique inspiré de Lysippe)

 

 

Comment expliquer que ce travail exceptionnel à Reims n’a pas été suivi d’une nouvelle renaissance ? Pourquoi les sculpteurs avancent vers un naturalisme très expressif voire expressionniste au XIVe ?Seuls les apôtres de la Sainte Chapelle vers 1250 dont le modelé large de la tête, les yeux légèrement bridés les pommettes saillantes les cheveux bouclés qui tombent dans le cou évoquent les croisillons de Reims.

Le soubassement de la cathédrale d’Auxerre vers 1280.

Voir sur Bildindex. (saisir Auxerre Kathedrale et voir les bas reliefs, ils sont abîmés mais ils donnent une idée de l’influence antique) On trouvait bcp de bas reliefs romains sur des sarcophages romains à Auxerre. Le soubassement du portail de la cathédrale d’Auxerre comprend des reliefs (assez abîmés) délicats inspirés de l’antiquité mais aussi des œuvres de Reims : scènes d’intérieur de médaillons, attitudes délicates, scènes d’intérieur dans des médaillons quadrilobés inspirés des mosaïques. C’est la technique du demi-relief, une belle maîtrise de la science du nu (satyr -> rêve de pharaon), harmonie des formes : David et Bethsabée, Bethsabée au bain, David jouant de la harpe devant Saül, Joseph au puis. Modèles dans les plats d’argenterie. Un amour endormi dans une prairie à l’ombre d’un grand chêne arabesque du corps d’une grande délicatesse.

L’emblema. Ce terme s’utilise notamment dans l’art de la mosaïque où certains médaillons autonomes composés de petites pièces de pierre de couleur, de verre ou d’émail sont enchâssées dans la mosaïque. En orfèvrerie, il s’agit d’un ornement ou figure d’or ou d’argent, en saillie, fixé à la paroi d’un objet le plus souvent un vase ou une coupe.

Ces expériences esthétiques renaissantes sont sans lendemain, les motifs antiques disparaissent : Venus pudica, Hercule et le lion de Némée, Centaures… A la fin du XIIIe dans la cathédrale gothique, tout souvenir de l’antiquité semble perdu. Pourtant jamais les romans antiques n’ont connu une telle vogue qu’aux XIIIe et XIVe siècles. Ces romans étaient bien sûr illustrés mais à la mode gothique. Voir le beau catalogue en ligne sur Homère au Moyen Age,

http://expositions.bnf.fr/homere/it/54/07.htm

 

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