Entre mots et tableaux…

Original image

Ce mois-ci nous avons commenté les tableaux de plusieurs artistes, dans une séquence intitulée « Entre mots et tableaux » (inspirée, notamment, par l’étude du film Le Tableau de Jean-François Laguionie). Bien sûr, nous avons mis certains de ces tableaux en relation avec des textes. Puis les élèves ont réfléchi sur ce sujet : « Imagine que tu découvres ce tableau (« Les deux saltimbanques » de Pablo Picasso) dans une salle d’exposition. Décris-le précisément ainsi que tes impressions à son sujet. Ensuite, imagine que tu as l’occasion de discuter avec le peintre qui a réalisé le tableau. Quelles précisions t’apporte-t-il à son tour ? (Par exemple, dans quelles circonstances l’a-t-il peint, quelle signification donne-t-il à son oeuvre ? ) Rédige ce récit en 15 à 20 lignes au présent ou au passé, à la première personne (je), en insérant éventuellement quelques phrases de dialogue. »

Laissons la parole aux élèves, à présent :

« Hier, je suis allée à une exposition sur les oeuvres de Picasso. Je parcourais la salle lorsqu’un tableau attira mon attention. Il représentait un homme et une femme assis devant une table. On aurait presque pu croire qu’ils se faisaient la tête (ils regardaient chacun un côté différent et l’homme avait l’air fâché).

– Magnifique, ce tableau, n’est-ce-pas ?

Ne l’ayant pas entendu arrivé, je sursautai. En me retournant, je découvris, tout sourire, le célèbre Pablo Picasso. Lorsque je l’interrogeai sur son tableau, il me répondit que celui-ci représentait deux grands artistes (des saltimbanques, pour être plus précis), qui, lors d’une fête entre amis que Pablo Picasso lui-même avait organisée, s’étaient tenus à l’écart des autres. Il me raconta que, lorsqu’il avait peint ce tableau, il avait voulu montrer l’impression qu’ils avaient fait aux autres gens de la fête. »

(Anonyme)

« Tous les week-ends je vais à la salle d’exposition. Cette fois, j’ai vu un tableau qui était très attirant. Il représentait deux personnes assises sur une banquette, dans un bar, en train de boire. Ce tableau n’était pas réaliste. Pour moi, il représentait deux personnes qui ne s’aimaient pas beaucoup. Il était attirant car il avait une part de mystère : on aurait aimé savoir pourquoi ils avaient l’air de ne pas s’apprécier. Après l’exposition j’ai eu la chance de rencontrer le peintre et il m’a expliqué l’histoire de ce tableau. « C’est l’histoire de am rencontre avec ma femme. Au début, on se détestait, d’où le fait que les personnes ne s’aiment pas. Puis on a appris à se connaître et nous avons passé notre vie à voyager sur les routes, jusqu’au jour où elle est décédée. On était les deux saltimbanques… »

(Chéryl)

Un jour, à la Maison dans la vallée, en jetant un oeil à une exposition, je m’arrêtai devant un tableau. A première vue, il me semblait simple, pas très joyeux. Il représentait deux dames dans une sorte de bar ou dans un restaurant… L’une des deux, de profil, regardait au loin avec une expression de colère. La deuxième était de face et avait un air triste, morose… Elle semblait blottie contre la première, comme un enfant qui a peur et qui se serre contre sa mère. C’était un tableau triste. Puis soudain, le peintre qui avait peint ce tableau arriva. Je lui demandai pourquoi il avait peint un tableau aussi triste et comment il l’avait peint. Il me dit : « Un jour, dans un bar, j’ai aperçu deux dames assises à une table. Elles avaient l’air triste de s’être disputées entre elles. Puis, l’une des deux, se sentant peut-être seule, s’était rapprochée de l’autre. Mais celle-ci ne l’avait même pas regardée et affichait toujours cette expression de colère. J’ai peint ce tableau car je trouve qu’il représente la solitude, le rejet d’une personne par une autre, et j’étais dans la même situation à ce moment-là. »

(Thibaut)

« Il faisait chaud et beau et j’avais décidé de me promener. Le chant des cigales était agréable à entendre. Je me déplaçai pour mieux les écouter et tombai nez à nez avec une bâtisse d’avant-guerre dans le style de la région. Le lierre grimpait et recouvrait murs et fenêtres. La maison semblait abandonnée. J’entrepris donc d’entrer : « – Bonjour », dis-je avec hésitation. Pas de réponse. Là, au milieu de la salle, je découvris une peinture. Elle représentait un homme et une femme, en opposition. La femme était vêtue de rouge et l’homme de bleu. Ils étaient tous les deux accoudés à une table couverte d’une nappe blanche. Devant eux, se trouvaient un grand verre et un plus petit, eux aussi en opposition rouge-bleu. Puis je remarquai l’air triste et blasé, presque ennuyé des deux personnes. Encore une fois, le sol et la porte étaient aussi en opposition par leurs couleurs rouge-bleu.

– Bonjour, me dit une voix grave et rauque.

– Bonjour, répondis-je à mon tour. L’homme s’essuyait les mains avec un torchon qui à l’origine avait dû être blanc. Il vint à côté de moi pour contempler le tableau, lui aussi.

– Ce sont deux saltimbanques, me dit-il.

– La recette de leur spectacle n’a pas dû être suffisante…

– Oui, sûrement…

– Ou alors, ils s’ennuient…

– On ne s’ennuie jamais d’être saltimbanque…

– Oui, sûrement…

(Manon)

Bravo à tous ! En correction, nous avons noté que les deux personnages sont en opposition par leur attitude (ils ne regardent pas du même côté), mais aussi par les couleurs de leurs vêtements (chaudes pour la femme, froides pour l’homme), ainsi que par les formes qui les dessinent (plutôt rondes pour la femme et plutôt anguleuses pour l’homme). Le tableau est littéralement coupé en deux (le côté de la femme et le côté de l’homme). Cette opposition est renforcée par celles entre les verres : le grand pour l’homme (Arlequin) et le petit pour sa femme (sa compagne).

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *