Révisions Génocide arménien

2 février 2022 1 Par etiennems

Massacre d’Arméniens. Entre 1894 et 1922, on estime que 1 700 000 Arméniens ottomans ont été tués, soit les deux tiers de cette population. (Source)

En bref, le contexte et le déroulement du génocide :

Génocide des Arméniens par les Turcs (1915-1916)

Objectif : Comprendre les violences subies par les civils à travers l’exemple du génocide arménien

Carte montrant la situation géographique de l’Arménie historique et l’Arménie actuelle

Le déferlement de violences nouvelles

Le génocide des Arméniens, de 1915 à 1917, constitue le premier génocide du XXème siècle. Perpétré par le gouvernement nationaliste de l’Empire Ottoman, il a rayé de la carte près de 1 500 000 Arméniens, sur une population totale d’environ 2 millions de personnes, sur son territoire de Turquie et des contrées qu’elle dominait (Syrie, Liban, Irak). Ces faits historiques ont été reconnus par une loi de la République Française en 2001.

Contexte :

Ces Arméniens sont une minorité chrétienne dans l’Empire Ottoman musulman. Ils sont victimes d’un génocide par leur pays : l’Empire Ottoman les suspecte d’être du côté russe. On les traite faussement comme rebelles et traîtres à la patrie, on dit que la bataille que le pays vient de perdre contre les Russes est la faute aux Arméniens. Les hommes politiques suscitent alors le ressentiment, la haine, un sentiment antichrétien contre la minorité arménienne qu’ils dominent.

Sous prétexte officiel de les déporter, le gouvernement turc ottoman les fait déporter et aussi tuer en chemin.

Bilan : 1, 5 millions d’Arméniens tués entre 1915 et 1918.

L’ordre d’extermination des Arméniens :

Il a été précédemment communiqué que le gouvernement […] a décidé d’exterminer entièrement tous les Arméniens habitant en Turquie. Ceux qui s’opposeraient à cet ordre et à cette décision ne pourraient faire partie de la forme gouvernementale. Sans égard pour les femmes, les enfants et les infirmes, quelque tragiques que puissent être les moyens de l’extermination, sans écouter les sentiments de la conscience, il faut mettre fin à leur existence.

Mehmet Talaat, ministre de l’Intérieur ottoman, télégramme à la préfecture d’Alep, 29 septembre 1915.

 

Les étapes du génocide

Carte montrant le génocide des Arméniens en 1915-1916

Guidés par une idéologie nationaliste et raciste du « turquisme », le camp politique des Jeunes-Turcs s’engageaient dans la voie de l’extermination ethnique des Arméniens.

Leur décision est prise fin mars 1915 d’appliquer un plan d’extermination, sous couvert de la déportation des Arméniens afin, officiellement, de les éloigner des zones de front. Stigmatisés comme traîtres à la nation et « microbes étrangers », les populations arméniennes sont anéanties sur les routes d’Anatolie. […] Mi‑avril 1915, les premières opérations de tueries massives débutent dans la région de Van. Jusqu’en août, plus d’un million d’Arméniens sont déportés […]. À Constantinople, des centaines d’intellectuels et de notables sont raflés, déportés et mis à mortà partir du 24 novembre […]. La deuxième phase de la destruction s’opère à partir d’octobre 1915 dans la vingtaine de camps de Syrie et de Mésopotamie où aboutissent les rescapés des marches de la mort.

Vincent Duclert, « Le génocide des Arméniens », La Documentation photographique, mars 2019.

Témoignages

Extrait du rapport du consul allemand de Mossoul, le 10 juin 1915 :

« 614 Arméniens (hommes, femmes, enfants) expulsés de Diyarbakir et acheminés sur Mossoul ont tous été abattus pendant le voyage en radeau (sur le Tigre). Les keleks (radeaux) sont arrivés vides, hier. Depuis quelques jours le fleuve charrie des cadavres et des membres humains. »

 

Témoignage d’une survivante:

Reportage de France diffusé le 22 avril 2005 dans le 20 h de France 2 : témoignage de Mme Kaloustian : https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/2819255001035/temoignage-d-une-survivante-du-genocide-armenien

 

Comment l’extermination des Arméniens a‑t‑elle été décidée et organisée ?

On voit que l’Empire ottoman turc se radicalise par les différentes étapes commençant dès les années 1890 : d’abord exclusion économique des Arméniens, exclusion politique, puis radicalisation de la violence.

Dans le contexte de la Première Guerre mondiale, le gouvernement dictatorial de l’Empire ottoman a mis en œuvre la destruction systématique et planifiée de ses citoyens arméniens : arrestation et exécution des notables de la capitale et des grandes villes, massacres des hommes adultes et des conscrits, déportation de la population civile vers les déserts de Syrie et de Mésopotamie, élimination des survivants de ces marches de la mort dans les camps de concentration où on les avait regroupés. La jeune Turquie pense s’être « régénérée » sur l’élimination des Arméniens !

Crânes d’Arméniens massacrés à Urfa, entourés de dignitaires arméniens et de femmes du refuge pour femmes du monastère Saint-Sarkis d’Urfa en juin 1919.

Certains musulmans ont tenté de protéger des Arméniens contre leur exécution, mais cela était interdit et ils risquaient leur vie en le faisant.

D’avril 1915 à décembre 1916, entre 1 200 000 et 1 500 000 Arméniens ont été assassinés.

Le premier recensement de la Turquie républicaine en 1927 ne comptabilise plus que 65 000 Arméniens, d’autres se sont exilés dans d’autres pays.

EFFACÉS DE L’HISTOIRE

Dans l’histoire officielle de la Turquie, rédigée dans les années 1930, l’Arménie n’est pas mentionnée, comme si les Arméniens n’avaient pas existé. La cartographie turque a éradiqué la nature arménienne d’une foule de lieux ou édifices turcs pour faire oublier l’existence des Arméniens.

L’intention délibérée de faire disparaître un groupe ethnique (constitutive du crime de génocide) s’accompagne généralement de dissimulation des preuves et des traces par les initiateurs, puisqu’il faut effacer jusqu’au souvenir de la présence du peuple que l’on extermine.

Pourquoi les autres pays n’ont pas réagi

Un génocide est toujours préparé par une mise en scène constante (fausses rumeurs, insurrections inexistantes, complots) qui se fait la volonté d’un gouvernement. Les génocides ne sont pas «un coup de folie», imprévisible et désordonné : le cas arménien confirme au contraire qu’il est un long processus visible qui se réalise dans des opérations programmées et massivement collectives.

L’entrée dans la Première Guerre mondiale de l’Europe empêche son intervention immédiate. Elle permet aussi de créer un « bouc émissaire » avec la désignation d’ennemis communs –Russes, Arméniens, Grecs, Kurdes, Assyro-Chaldéens – facilitant l’adhésion de l’opinion d’une partie de la population aux massacres génocidaires.

les Turcs sont dans un premier temps allés faire les massacres sur les territoires inaccessibles aux puissances européennes. Puis, avec l’avancée des troupes européennes, ils ont procédé au génocide dans les territoires susceptibles d’être envahis, au risque de ne pouvoir cacher leurs exactions !

 

Le génocide est un crime contre l’Humanité

Le terme de génocide a été forgé en 1944 par le juriste américain R. Lemkin pour qualifier l’extermination des Juifs par les nazis. En 1946, l’Assemblée générale des Nations unies, donne une première définition du génocide: « Le génocide est le refus du droit à l’existence de groupes humains entiers »
Trois grandes conditions sont nécessaires à définir un génocide :
1 / les victimes font partie d’un « groupe national, ethnique, racial ou religieux ».
2 / les membres de ce groupe sont tués ou persécutés pour leur appartenance à ce groupe, quels que soient les moyens mis en œuvre pour atteindre ce but.
3 / le génocide est un crime collectif planifié, commis par les détenteurs du pouvoir de l’Etat, en leur nom ou avec leur consentement exprès ou tacite.

 

Le génocide raconté en moins de 2 min :

 

Source de certains documents : https://www.dropbox.com/sh/3kpfrrc1id2hokp/AACPGlOapgC2TqkTYl-Rbr2Wa?dl=0 depuis le site : https://histoiregeographienet.wordpress.com/theme-1/