Rencontre littéraire avec Armelle Leclercq

Le jeudi 12 février 2015, lors de notre quatrième Rencontre littéraire, nous aurons l’immense plaisir d’accueillir Armelle Leclercq.

La Rencontre de l’auteure des Equinoxiales, paru en août 2014 au Corridor bleu, aura lieu au CDI entre 12h et 13h.

La poésie d’Armelle Leclercq est une véritable invitation à observer le monde en saisissant au vol ces petits instantanés fugaces de la vie.

Devenir l’onde
Ou le varech,
Infiniment s’étendre,
S’infiniment détendre,
Jouir du flux, du reflux,
Juste oreille-de-mer
En totale symbiose avec les contractions du monde. (LA PLANCHE)

De la célébration des travailleurs manuels aux petites bestioles, au ciel, aux oiseaux, en passant par ces petits gestes de la vie en apparence si insignifiants, son recueil nous offre à percevoir et à sentir, pour mieux partager une certaine quête de légèreté.

Un moucheron son ombre pose

(…) s’il s’attarde quatre secondes

c’est, basilic, pour boire,

L’eau fraîche mise par la main

Dans la coupelle inattendue. (BASILIC)

 

Le confiseur ?

Un joaillier.

D’une masse informe – le sucre –

En deux trois coups de pince

N’importe quelle effigie animale

Il vous dessine

Puis la sertit.

[…] (DEXTERITE)

Mais de cette poésie dynamique et rythmée emprunte d’humour et de spontanéité, jaillit le drame de Fuskushima. Sa poésie s’évase alors pour laisser crier le drame puis se resserre en haïkus pour faire surgir l’indicible.

Cela se dissémine dans l’océan,

Mais c’est sans problème

Car toutes les frontières en sont soudain devenues étanches

Entre eaux territoriales et eaux internationales,

Entre eaux de la préfecture du nord et celle du sud,

Entre vase et eau,

Entre mollusques et piscidés,

Entre proies et prédateurs,

Entre espèces locales et migratrices,

Entre humain et animal.

Comme les cuves de la centrale, l’univers marin affiche à présent une totale imperméabilité. (FUITE)

 

Attaché à son atavique lopin,

L’habitant qu’on interroge :

Son soudain mutisme hurle (HEBETUDE)

 

De la zone d’exclusion

L’appellatif officiel :

Zone de retour difficile. (EUPHÉMISME)

 

Les résineux ont dans leurs aiguilles piégé l’atome,

Premier printemps qui suit,

Celui des paillons mutants. (INTEGRATION)

Face au désespoir et à l’innommable, l’humour se mue en ironie …

 Le rapport new-yorkais chiffre à 1 million les décès induits,

L’OMS constate « malheureusement », il y a eu 40 morts dans cette affaire ».

Heureusement que sur nous les instances veillent. (TCHERNOBYL)

 

Il n’y a pas un micron de risque,

Il n’y a peut-être même jamais eu d’explosion.

Sur sa présentation le communiquant de Tepco a le trou du réacteur

4 soigneusement nettoyé aux pixels. (CIRCULEZ)

 

C’est surtout le ton de la présentatrice,

La neutralité rassurante d’une hôtesse de l’air cinq minutes avant le crash. (OPERATION DE COM’)

 

Quand le décontaminateur se tourne vers la vaste forêt sur la montagne au loin

– Elle couvre 70% de cette préfecture –

L’on voit incrédules ses yeux se perdre, monts et vaux, dans un océan de labeur. (RASANT L’HORIZON DES AZALEES)

Même si le dernier mouvement du recueil se drape de gravité, l’énergie, la vivacité et l’humour qui émaillent ces poèmes offrent de véritables instantanés de bonheur que nous vous invitons à découvrir de toute urgence …

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