Du pique-nique au sitting littéraire

Jeudi 03 mars et lundi 07 mars 2016, le lycée Barthou a eu l’immense honneur de recevoir deux auteurs de renom, Daniel Picouly et Philippe Claudel.

En l’espace de quelques jours ces deux rencontres nous ont permis d’approcher deux personnalités aux antipodes et aux « plumes » aussi marquées que différentes mais qui se rejoignent par bien des côtés, dans la diversité de leurs écrits, dans leur capacité à s’essayer à tous les genres et surtout dans leur faculté à faire ressentir au plus profond de chaque lecteur des émotions très fortes.

Chacun de leur succès en témoigne : Le rapport de Brodeck de Philippe Claudel marque ainsi par sa profondeur et ce qu’elle renvoie de notre humanité et dans un tout autre genre Le Champ de personne de Daniel Picouly plonge chaque lecteur dans ce qui constitue l’essence même de l’enfance, ses sensations, ses peurs profondes, ses rêves et tout ce qui la rend riche et émerveillée.

Daniel Picouly et son énergie communicative est un véritable passeur de la langue vivante. Pour le comprendre, découvrez l’article de Sud ouest paru le 04 mars 2016. Article Sud Ouest Rencontre Picouly du 04 mars 2016

Daniel Picouly

Bouillonnant de dynamisme à l’image de son dernier roman Le cri muet de l’iguane, il s’est mis en scène avec expressivité et humour pour nous transporter dans son sillage d’homme et d’écrivain.

Daniel Picouly

Avec lui, «qu’importe que vous soyez disorthographique», «que votre dossier scolaire soit si mauvais qu’on ne veuille même pas de vous en chaudronnerie», ce qui compte ce sont les rencontres, celles de ceux qui croient en vous et qui vous insufflent toute cette énergie pour faire tomber une à une toutes les barrières.

Daniel Picouly

Audrey qui est venue l’écouter nous fait part de son impression : « Je ne trouve pas assez de mots pour décrire avec précision ce que j’ai pensé de la rencontre avec Daniel Picouly mais je suis sûre de ne pas oublier ce moment et surtout l’espoir qu’il a donné aux futurs écrivains. En sortant de la salle j’ai vraiment eu l’impression que quelque chose venait de naître en moi, qu’après avoir entendu Daniel Picouly qui parlait de manière si optimiste, si encourageante, si confiante, chacun ayant assisté à l’entretien ne pouvait que réussir ce qu’il entreprenait. »

Pour Mélanie , c’est « l’idée de fabriquer sa liberté [qui l’a] beaucoup interpellée. » « Avec ses mots, nous dit-elle, et cette qualité qu’ont les écrivains comme il l’a si bien dit, j’ai ressenti une intense gratitude pour celui qui était arrivé à mettre en mot des pensées qui flottaient dans mon esprit depuis longtemps. Cette rencontre m’a fait un bien fou. »

Daniel Picouly

Philippe Claudel, lui, a l’approche plus réservée mais ses paroles sont tout aussi captivantes.

Philippe Claudel

De L’arbre de Toraja son dernier roman, il dit « J’ai entrepris ce texte […] comme on tente de tisser un piège léger et invisible susceptible de capturer les voix et les instants perdus. ». Une phrase qui pourrait bien définir l’image qu’il nous a donnée de lui-même.

Philippe Claudel

De sa voix posée, il a subjugué par sa lecture de passages choisis. Sophie qui a participé à la rencontre explique que « d’emblée il a happé son auditoire très concentré sur la qualité de ses propos, qui permettaient à la fois de poser la question du statut de l’écrivain et de la littérature contemporaine, des rapports entre lecture et écriture, des modes d’écriture et enfin de la fameuse « inspiration ». »

Philippe Claudel

De lui en tant qu’auteur, Philippe Claudel dit qu’il «écrit comme un lecteur», «sans plan ni recherches», et «qu’un livre est toujours intime et autobiographique».

Dans son dernier roman il nous guide ainsi dans une réflexion très personnelle sur la place que nous accordons à nos morts. Il la reprend également dans son «noir et drôle» essai «profondément ironique» De quelques amoureux des livres : «Quant à moi, je vais mon chemin, hésitant toujours à poursuivre le fil des récits, qui sont mes amis chers et sans visage. Je ne suis rien qu’un faiseur de fumée, et je ne vis qu’un peu, qu’un tout petit peu, non pas par moi-même, mais dans l’âme de celles et ceux qui me donnent leur amour et leur estime. Mon continent est si petit. Je résonne comme une mélodie dans l’espace des autres qui me font la grâce de me considérer et de m’aimer. Je suis venu, je flotte. J’assemble les mots comme les osselets avec lesquels j’aimais tant jouer quand j’étais enfant, dans la descente du garage, par les jours d’été. En face de la maison de mes parents, dans mon dos alors, et devant moi aujourd’hui, il y avait, il y a, le cimetière.»…

Les romans de Philippe Claudel interrogent ainsi sur la vie, sur la mort et sur le pouvoir de l’écrit.

Comme il nous l’a rappelé le soir même au Parvis, « si le livre ne modifie pas la nature profonde de l’homme, un livre peut changer une vie et peut changer notre regard sur le monde ». Des paroles qui donnent du sens à nos lectures et à notre approche du Comité de lecture…

Philippe Claudel et Frédérique Hardy du Parvis

Pour conclure, finissons par ces quelques autres paroles d’élèves : « Nous avons réellement eu de la chance de rencontrer des auteurs d’un tel talent ! Merci encore pour ces beaux moments que je n’oublierai pas ! Chacun à leur manière ils nous ont offert deux approches et deux attitudes tellement différentes qu’elles ont rendu ces deux rencontres extrêmement riches et passionnantes ! ».

Nous remercions vivement Daniel Picouly et Philippe Claudel pour avoir traversé la France d’est en ouest afin d’être parmi nous et pour nous avoir donné tous leurs mots en partage …
Mais c’est grâce au Parvis que ces deux rencontres ont pu avoir lieu au lycée. Un grand merci donc à Marc Bélit, président du Parvis Scène nationale et Frédérique Hardy, responsable des rencontres littéraires pour leur soutien sans faille depuis la création du Prix des accros livres, il y a dix ans.

Sandrine Riou, documentaliste

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