poésie polonaise …en souvenir des pas ..là

Encore

Dans les wagons plombés
Des prénoms traversent la contrée,
Mais jusqu’oú ils voyageront,
Si un jour ils en descendront,
Je n’en sais, je ne vous dirais rien.

Prénom Nathan cogne contre la cloison,
prénom Isaac hurle et chante sa folie,
prénom Sarah pour deux gouttes d’eau supplie,
puisque se meurt de soif le prénom Aaron.

Ne saute pas deans le vide, prénom David.
Ce prénom te flétrit pour la vie,
Ce prénom on ne le donne à personne,
C’est trop lourd à porter par ici.

Que ton fils porte un nom slave et blond,
Car ici, chaque cheveu on recense
Car ici on sépare le bon grain de l’ivraie
D’après tes paupières et d’après ton prénom.

Ne saute pas. Que ton fils s’appelle Lech.
Ne saute pas, Ce n’est pas encore l’heure.
Ne saute pas. La nuit rit aux éclats,
Et ricannent les wagons sur la voie.

Un nuage humain passe sur le pays,
Grand nuage, et une larme pour toute pluie,
Petite pluie, rien qu’une larme, quelle sécheresse.
Et les rails dans le noir disparaissent.

C’est comme ca – fait la roue. Pas de clairière.
C’est comme ca – train de cris à travers bois.
C’est comme ca – dans la nuit, je l’entends.
C’est comme ca – le silence cogne le silence.

(1957)

Wislawa Szymborska  Prix Nobel de littérature

About GhjattaNera

prufessore di scienze economiche e suciale a u liceu san Paulu in Aiacciu

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