décrochage de compétitivité entre l’Allemagne et les autres pays de la zone euro

Décrochage de compétitivité entre l’Allemagne

 et le reste de la zone euro

Un grand marché, une monnaie unique, une seule banque centrale, mais quinze économies divergentes. Dix ans après le lancement de l’euro, les économies européennes affichent des croissances hétéroclites, voire déconcertantes.

L’Allemagne a annoncé jeudi 15 mai, une croissance spectaculaire de 6 % en rythme annuel au premier trimestre 2008. Elle laisse sur place l’Espagne qui cumule inflation, remontée du chômage et atterrissage brutal avec l’éclatement de la bulle immobilière (1,2 % de croissance en rythme annuel) ainsi que l’Italie, le Portugal et la Grèce, en stagnation durable, en proie au chômage et sans spécialisation internationale. La France (2,4 % de croissance au 1er trimestre) enregistre une croissance honorable tout comme la Belgique, avec un chômage élevé mais en baisse.

La performance allemande coupe l’herbe sous le pied à ceux qui imputaient par avance un ralentissement économique à l’envolée de l’euro, des matières premières et à la crise financière venue d’Amérique.

Certes, Dominique Strauss-Kahn, directeur général du FMI, a estimé jeudi à Bruxelles que « le pire de la crise des subprimes est peut-être passé, mais ses conséquences sur l’économie réelle ne seront pas toutes connues avant deux ou trois ou quatre trimestres ». Pour lui, « à ce stade, la capacité de la zone euro à résister à un choc externe n’a pas encore été testée ».

Or les divergences économiques dans la zone euro devraient freiner une intervention coordonnée au niveau européen. Le président de la Bundesbank, Axel Weber, a douché jeudi toute idée de relance, estimant qu’« il ne fallait pas perdre de vue la possibilité d’une hausse des taux ».

A l’aune des règles européennes, une relance budgétaire n’est envisageable que pour les pays en excédent comme l’Espagne, certainement pas la France, l’Italie, la Grèce ou le Portugal.

« UNE STRATÉGIE DÉVELOPPÉE AU DÉTRIMENT DES AUTRES »

Plutôt que de piloter la macroéconomie, les ministres des finances européens se préoccupent surtout du décrochage de compétitivité entre l’Allemagne et le reste de la zone euro. Berlin engrange les fruits de dix ans de modération salariale tandis que les pays du sud paient leur perte de compétitivité, après avoir profité de la baisse des taux induite par l’euro.

Certains imputent la crise à l’absence de gouvernement économique dans la zone euro. « En jouant la carte de la désinflation compétitive, l’Allemagne récolte les fruits d’une stratégie développée au détriment des autres », accuse Jérôme Creel, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).

Les ministres des finances n’ont pas compensé les failles de la Banque centrale européenne, qui mène une politique monétaire trop souple pour les pays en surchauffe (4,2 % d’inflation en Espagne aujourd’hui). Il aurait fallu contraindre ces pays à augmenter leur fiscalité sur l’immobilier (l’Irlande et l’Espagne). « On a essayé », assure un participant aux réunions des ministres des finances européens. En vain.

Toutefois la bonne tenue des pays d’Europe du nord montre que l’absence de gouvernance n’explique pas tout. Les pays en difficultés sont jugés responsables de leur sort. « Beaucoup se croient à l’abri de la monnaie unique, mais cela ne permet pas d’échapper aux efforts nécessaires », prévient Didier Reynders, ministre belge des finances.

Impossible de dévaluer comme dans les années 1980. Il convient de faire des grains de productivité. C’est le chemin laborieux emprunté par le Portugal depuis 2002. C’est la solution préconisée pour la France par le secrétaire d’Etat aux affaires européennes Jean-Pierre Jouyet. « Il faut suivre l’Allemagne dans la voie des réformes pour retrouver plus de compétitivité et une meilleure spécialisation » économique internationale.

L’Italie, « en panne assez complète », doit, selon M. Jouyet, suivre la même voie. Pour rapprocher les compétitivités européennes, « il serait bon que les salaires augmentent en Allemagne, mais il ne faut pas que les Européens suivent », assure un haut responsable français. Il voit dans la concurrence et la baisse des prix le meilleur moyen de satisfaire les demandes de pouvoir d’achat.

Arnaud Leparmentier

About GhjattaNera

prufessore di scienze economiche e suciale a u liceu san Paulu in Aiacciu

Category(s): ARTICLE DE PRESSE, COURS TES, intégration européenne, REI et MONDIALISATION

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