notes de cours sur la mobilité sociale à la demande de .P

L’inégalité pourrait s’entendre de différentes façons. Au moins trois conceptions différentes de l’égalité : 

  • égalité des droits
  • égalité des chances
  • égalité économique et sociale ( de situation).

L’égalité des chances c’est un principe qui vise à donner à chaque individu les mêmes chances de réussite dans la vie, donc l’égalité des chances existe lorsque l’origine sociale n’influence pas le devenir de l’individu. Dire qu’il y a égalité des chances, c’est s’intéresser à la mobilité sociale. Si la mobilité sociale augmente, cela signifie qu’il y a plus d’égalité des chances. On dira qu’il y a plus de MS lorsqu’il y a égalité des chances.

La mobilité sociale en France.

Lorsqu’on s’intéresse à la MS on s’intéresse tout d’abord au changement de catégorie sociale entre la génération du père et la génération du fils. La MS c’est à dire le changement de catégorie sociale entre père et fils peut être analysé en terme de destinée sociale ou en terme de recrutement social. En terme de destinée sociale on cherche à s’intéresse au destin des personnes (Que deviennent les fils d’agriculteurs ? par exemple)  alors qu’en terme de recrutement social on cherche à répondre à la question d’où viennent les agriculteurs  par exemple.

En terme de destinée sociale.

Dans le tableau de la fiche de guidage, nous sont représentées les trois dernières tables de MS. C’est un tableau de destinée sociale c’est à dire qu’il permet de savoir ce que deviennent les fils par rapport aux pères.

PCS du père PCS du fils  ensemble structure socioprofessionnelle de la génération des pères en 1993
1 AE 2 ACCE 3 cadres 4 PI 5 employés 6 ouvriers
1 AE 33,8 33,3 24,6 8,99,8 7,7 55 10,3 1210,8 14,5 6,77,4 8 33,633,7 34,9 100100 100  17,4 
2 ACCE 21,6 1,6 2930,2 29,6 19,620,2 21,7 19,220,6 21,7 7,27,8 6,7 2319,6 20,1 100100 100  13,8
3 cadres 0,51,4 0,5 9,210,3 10,7 59,857,8 52,9 20,721,6 20,7 64,1 8,4 3,84,8 6,8 100100 100  8,4
4 Pi 0,70,5 0,8 108,9 8,8 31,830,9 35,5 31,336 30,1 8,810 9,6 1813,7 15,3 100100 100  10,5
5 employés 0,30,8 0,2 9,78,6 7,4 22,921,6 22,2 31,731 32,2 13,915 11 21,523 27 100100 100  11,1
6 ouvriers 1,41,3 0,8 9,89 8,7 7,77,4 9,8 2221 24,3 10,29,6 10,7 48,951,7 45,7 100100 100  38,8

C’est une table de destinée sociale car les totaux des lignes sont égaux à 100. On peut constater en 1993, sur 100 fils d’agriculteurs 24,6 étaient agriculteurs. Les chiffres en gras représentent l’immobilité sociale. L’immobilité sociale a tendance à baisser, mais c’est une diminution qui reste relativement faible. Quelque soit la période, il y a des catégories sociales où l’immobilité sociale est très grande (chez les cadres et les ouvriers). Un enfant de cadre sur deux reste cadre. Un peu plus de quatre ouvriers sur dix restent ouvriers. La catégorie sociale des employés est particulière car un fils d’employé sur dix est employé, les enfants d’employés ont tendance a devenir tout sauf employé. On peut parler d’une certaine manière d’une plus grande égalité des chances en terme de destinée sociale, mais chez les cadres et les ouvriers l’immobilité sociale est plus grande. 

En terme recrutement social.

En 1993, sur 100 cadres de 40 à 59 ans , 19,1 sont fils de professions intermédiaires. Une société développée a besoin de plus en plus de cadres. Comment une société comme la France, qui a besoin de plus en plus de cadres, peut-elle satisfaire ce besoin de cadres ? Pour satisfaire à ce besoin, on va faire appel aux fils de cadres et à d’autres personnes d’origine sociale différente. La société a besoin de personnes diplômées, donc il va falloir que l’école soit capable de remplir cet objectif.En 1993, sur 100 agriculteurs, 84,8 avaient un père agriculteur. Chez les ouvriers, l’immobilité sociale est conséquente également. En 1993, sur 100 ouvriers, 53,3 avaient un père ouvrier. Quand un fils d’ouvrier ne devient pas ouvrier, il devient employé. Sur 100 employés 42,6 sont fils d’ouvrier. 

Comprendre la mobilité sociale.

Une MS certaine liée à la mobilité structurelle.

Dans les sociétés développées, l’emploi s’est transformé et et cela a provoqué de la MS mais il y a d’autres facteurs de la  mobilité structurelle .

L’influence de l’emploi.

 31,2 % des pères appartiennent aux indépendants et les indépendants ne sont que 16% dans la génération des fils en 1993. Donc il y a beaucoup de fils d’indépendant qui sont devenus salariés. Il y a plus de fils d’artisans que de pères artisans car les petites entreprises se sont regroupées (concentration des entreprises) et sont donc devenus salariés. En 1993, il y a peu de pères cadres et pourtant beaucoup de fils qui le sont. Ceci est dû au développement de l’éducation facteur de mobilité structurelle.

Les autres facteurs de mobilité structurelle.

L’autre facteur qui peut être pris en compte, c’est l’école. Si les cadres sont fils d’ouvriers c’est que l’école a su donner à des fils d’ouvriers les diplômes qu’il fallait pour devenir cadres. Ceci se fait car l’école est au service de l’économie d’après Baudelot et Establet. Autre facteur : la fécondité différentielle. Les catégories sociales n’ont pas le même nombre d’enfant par femme. Selon les catégories sociales, le taux de fécondité est différent. Les catégories sociales qui font beaucoup d’enfants ont un taux d’auto recrutement important et réciproquement. Les employés forment la catégorie sociale où le taux de fécondité est le plus faible. Comme il faut de plus en plus d’employés, on va recruter des employés dans d’autres catégories sociales.

Une MS cependant limitée.

Qu’est ce qu’on entend par reproduction sociale ? Qu’est ce que c’est ? Explication ?

Une certaine reproduction sociale.

La reproduction sociale c’est tout d’abord une immobilité sociale. Le destin est lié à l’origine sociale. La reproduction sociale c’est comprendre par quel mécanisme une société de générations en générations place les individus à la même place. Pour comprendre ce mécanisme il faut utiliser l’analyse de P. Bourdieu. La reproduction sociale repose sur une transmission inégalitaire des capitaux.

Les raisons de la reproduction sociale.

Les dotations inégales en capitaux selon les groupes sociaux.

Les dotations en capital se décomposent en :

  • Capital économique : les entreprises, les revenus.
  • Capital culturel : maîtrise de la langue, du vocabulaire, l’accès à la culture de la famille, goût pour la culture savante.
  • Capital social : l’ensemble des relations dont dispose la famille.

Pour P. Bourdieu chaque famille est dotée de ces capitaux, mais pour lui cette dotation en capitaux est inégale c’est à dire que la famille n’est pas dotée de la même façon en capital tant dans son volume que dans sa répartition. Tout se passe comme si la génération des fils reproduisait la dotation en capital de la génération des pères. Le fait qu’une famille ait un capital économique fait que les fils ont tendance à reproduire ce capital économique.P. Bourdieu  souligne l’importance de cette dotation en capital pour comprendre la reproduction sociale.

Cette inégale dotation se manifeste à l’école par l’inégalité des chances.

On s’intéresse aux titulaires d’un diplôme égal ou supérieur au bac selon l’âge et l’origine sociale. En 1993, sur 100 français âgés de 25 à 39 ans dont le père est cadre , 73,1 sont titulaires d’un diplôme égal ou supérieur au bac. Ce document (doc 10 p 312) nous montre que l’origine sociale agit sur la réussite scolaire des enfants. En effet, les enfants d’ouvriers de 25 à 39 ans ne sont que 19, % à posséder un diplôme égal ou supérieur au bac. (la réussite des fils de cadres est donc 3,8 fois supérieure à celle des fils d’ouvriers) En 1993, 78,5 % des enfants dont les parents ont aucun diplôme ou le Cep n’ont pas le bac.. 28,2 % des enfants, dont les parents ont le bac et plus, n’ont pas le bac. Le diplôme des parents a une influence sur la réussite de l’enfant. 

une relative démocratisation

Dans ce tableau on a plusieurs tranches d’âge. La proportion d’enfants d’ouvriers qui ont leur bac augmente au fil des temps (9,7 % chez les 50 à 59 ans) donc l’inégalités des chances a tendance à diminuer. Cette démocratisation est tout de même relative car les inégalités demeurent. Pour la tranche d’âge 50 – 59 ans l’écart était de 6,9 (contre 3,8 pour les 25 – 39 ans)

qu’il ne faut pas confondre avec le phénomène de massification bien réel.

En 1993, dans la génération des pères, 81,7% des parents n’ont pas le bac. Dans la génération des fils, 62,6% des enfants n’ont pas le bac. A travers le temps, l’obtention d’un diplôme est plus importante. c’est un phénomène de massification.

la dévalorisation des diplômes

 Plus il y a de diplôme et plus ils perdent de leur valeur. Paradoxe d’Anderson : à travers les générations, la position sociale du fils, à diplôme égal, a tendance à diminuer.Un enfant qui obtient un diplôme plus élevé que son père n’a pas pour autant une probabilité plus grande de parvenir à une position sociale plus élevée. La massification de l’école n’induit pas sa démocratisation. Avec la difficulté du processus d’orientation les inégalités augmentent. La sélection scolaire repose maintenant sur le processus d’orientation.

Cette inégale dotation se manifeste également par l’exploitation différentielle du diplôme sur le marché du travail.

. On constate la capacités qu’ont les catégories sociales d’exploiter un diplôme sur le marché du travail n’est pas la même selon l’origine sociale. Les fils de cadres vont pouvoir bénéficier du capital social de la famille. Si l’enfant est titulaire d’au moins le bac, sa probabilité de devenir cadre, enseignant ou profession intermédiaire sera supérieure si son père est lui même cadre, enseignant ou profession intermédiaire.

les stratégies familiales permettent de comprendre l’inégalité des chances

Pour P. Bourdieu, l’inégalité des chances est liée à la reproduction sociale (holisme). Pour R.Boudon , l’inégalité des chances est liée aux stratégies familiales. Il considère que chaque individu est capable de calculer ce que coûte les études et ce qu’elles rapportent. Il considère que l’école est méritocratique (elle donne les mêmes chance à tous puisqu’elle n’est sensible qu’au mérite) cependant dans les milieux défavorisés, on a tendance à sur estimer les coûts des études et leurs avantages sont sous-estimés. Le bénéfice qu’on retire des études est mince. Compte tenu de ce raisonnement coûts-avantages les familles ne sont pas nécessairement encouragées à pousser leur enfant à faire des études à cause du coût. c’est un effet de dominance (le poids du milieu social sur le calcul coût / avantage des études). Il y a inégalité des chances car l’effet de dominance l’emporte sur l’effet méritocratique

 

 

About GhjattaNera

prufessore di scienze economiche e suciale a u liceu san Paulu in Aiacciu

Category(s): COURS TES, inégalités-conflits-cohésion sociale
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