pour l’option de science politique le pouvoir

Jean-Paul Fitoussi, économiste, président de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), analyse le rapport de force entre l’économique et le politique à l’occasion des Entretiens de Valpré

 

La crise financière marque-t-elle, selon vous, la fin de la suprématie du pouvoir des marchés financiers sur l’ensemble de l’économie ?

Jean-Paul Fitoussi : Cette crise a transformé les apparences. Le pouvoir politique, dont on pensait qu’il avait perdu toute maîtrise sur les évolutions économiques et sociales, démontre qu’il conserve la main. Cette crise prouve aussi que le pouvoir des marchés financiers a davantage été octroyé par le pouvoir politique qu’il n’a été le résultat d’un fonctionnement spontané.

La première chose que les marchés demandent en période de crise, c’est l’intervention des politiques et il n’y a qu’eux qui peuvent les sauver. En l’occurrence, le gouvernement américain, qui décide de venir au secours des marchés pour éviter que leur chute n’entraîne celle de l’ensemble de l’économie, dans une situation comparable à celles des années 1930.

Le vrai pouvoir se trouve aujourd’hui chez George Bush et Ben Bernanke, le président de la Réserve fédérale. Que leur plan de sauvetage marche ou non. Car ce sont eux qui peuvent racheter les mauvaises dettes et mettre à contribution l’ensemble de la société américaine, pour éviter que le malade ne meure trop brutalement. Finalement, on voit bien que, dans les régimes démocratiques, il n’y a qu’une seule souveraineté, celle du peuple. Croire que les marchés financiers détiennent le pouvoir, c’est déjà se placer dans un autre régime, ou faire preuve d’idéologie.

Le pouvoir a-t-il les moyens d’imposer de nouvelles règles ?

Il doit arbitrer entre différents équilibres. Aujourd’hui, les marchés financiers sont accusés d’être coupables de tous les maux. Hier pourtant, on considérait qu’ils accomplissaient bien leur mission de financement de l’économie et de la croissance. Faut-il alors jeter le bébé avec l’eau du bain ou bien mettre les systèmes financiers sous contrôle, comme à l’époque de l’Union soviétique ? Entre les deux, on doit trouver des arrangements pour permettre à l’économie de continuer à être financée de façon souple et efficace, en essayant de minimiser les risques d’accidents.

La voie est étroite. Car n’oublions pas que les marchés financiers sont fondés sur un système de prédation. Les créanciers sont des prédateurs. Mais s’ils affament leurs proies, elles ne pourront plus les rembourser et ils mourront à leur tour. C’est un équilibre que l’on retrouve dans le monde animal. Le problème est que le système peut, à un moment donné devenir fou, avec des dérapages liés souvent à des comportements individuels, comme on l’a vu avec la rémunération des grands patrons. Le toujours plus est inscrit dans la nature humaine.

 

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prufessore di scienze economiche e suciale a u liceu san Paulu in Aiacciu

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