pour les terminales un peu de sociologie « qui avait fait disparaître les classes sociales des modes de lecture du monde social « 

Qui a fait disparaître les classes sociales ?

par PIERRE MERCKLÉ

 

Entre une observation ethnographique au stade de France mardi soir et un comité de rédaction de la revue Sociologie jeudi matin, j’ai profité d’un séjour parisien pour écouter les interventions rassemblées dans une journée d’études passionnantes, organisée donc ce mercredi 12 octobre 2011 sur le Campus Jourdan de l’ENS Ulm par Alexnadra Bidet et le « GDR Economie & Sociologie » du CNRS. Cette journée portait un titre un peu long : « Les classes sociales ont-elles été dissoutes par les socio-économistes dans les réseaux, les générations et la hiérarchie des revenus ? » (voir le programme ici), mais en gros, comme l’a expliqué Florence Jany-Catrice en préambule des interventions de la matinée,  il s’agissait de se demander qui avait fait disparaître les classes sociales des modes de lecture du monde social traditionnellement mobilisés, en sociologie et ailleurs. Pour elle, la réflexion part d’un constat, celui de la marginalisation de la notion de « classes sociales » dans le vaste champ de la sociologie économique, au profit d’autres opérateurs, comme les réseaux, les générations, les centiles de revenu… Les intervenants ont donc eu pour consigne d’essayer d’interroger les fondements de cette marginalisation et ses enjeux, et le rôle d’une part des classements et des nomenclatures alternatives, et d’autres part des approches en termes de réseaux sociaux, dans cet effacement.

Comme Florence Jany-Catrice l’explique ensuite pour introduire les interventions de la matinée, en France on a longtemps disposé d’une nomenclature, d’un outil commode pour penser la stratification sociale, celui des PCS : un outil pensé pour le fordisme, mais multidimensionnel, dont l’efficacité tenait aussi sans doute à cela que les PCS était à la fois des catégories savantes et des catégories profanes, dont tout le monde pouvait s’emparer. Et c’est au recul du recours à cette nomenclature pour penser le monde social qu’on assiste aujourd’hui, dans un contexte où pourtant on assiste à la montée des inégalités sociales et à la baisse de la mobilité sociale. Comment expliquer ce paradoxe ? Ce recul est-il dû à une transformation ontologique du monde social, comme en particulier la montée de l’individualisme ? Ou bien à l’émergence de nomenclatures concurrentes, par exemple au niveau européen (ISCO, ESEC…) ? Ce serait alors tout autant la réalité qui se transformerait, que les outils à disposition pour en rendre compte… Mais cela ne dit rien de la capacité des sociétés à s’emparer de ces nouvelles nomenclatures, des représentations du monde social qu’elles véhiculent, et même des enquêtes qui pourraient les mobiliser… Pour préciser les contours et les enjeux de ces questions, la matinée se poursuit avec les interventions d’Alain Desrosières, d’Alain Chenu, de Thomas Amossé, de Cécile Brousse, d’Etienne Pénissat et de Luc Boltanski, que j’essaie de vous résumer assez succinctement ci-dessous…

la suite là par P MERCKLE

About GhjattaNera

prufessore di scienze economiche e suciale a u liceu san Paulu in Aiacciu

Category(s): ARTICLE DE PRESSE, conflits, inégalités-conflits-cohésion sociale
Tags: ,

Laisser un commentaire