Ne pas refuser la culture pour tous, mais le tout culturel!

29 juillet 2008 0 Par caroline-sarroul

Ces deux livres ont été publiés en 1989 et traitent du monde contemporain .

Lipovetsky et Finkielkraut décrivent là la même  société de consommation et de divertissement individualiste, relativiste et superficielle.

Finkielkraut est un « mécontemporain », pour reprendre le qualificatif que Péguy s’attribuait à lui-même. Il pense contre l’air du temps qui est de tenir pour suspecte toute conviction forte et tout jugement de valeur qui prétend se fonder sur des critères universels. Tintin vaudrait bien Balzac ; les tags autant que Picasso. Une paire de bottes vaut Shakespeare est d’ailleurs le titre de l’un des chapitres de la 4ème partie.Toute hiérarchie serait donc discutable.

Valoriser une opinion plus qu’une autre serait lui manquer de respect  et basculer dans « le camp des salauds et des peine-à-jouir ».

« Vous voilà prévenus: si vous estimez que la confusion mentale n’a jamais protégé personne de la xénophobie; si vous vous entêtez à maintenir une hiérachie sévère des valeurs; si vous réagissez avec intransigeance au triomphe de l’indistinction; s’il vous est impossible de couvrir de la même étiquette culturelle l’auteur des Essais et un empereur de la télévision, une méditation conçue pour éveiller l’esprit et un spectacle fait pour l’abrutir; si vous ne voulez pas, quand bien même l’un serait blanc et l’autre noir, mettre un signe d’égalité entre Beethoven et Bob Marley, c’est que vous appartenez au camp des salauds et des peine-à-jouir. Vous êtes un militant de l’ordre moral et votre attitude est 3 fois criminelle: puritain, vous vous interdisez les plaisirs de l’existence; despotique, vous fumminez contre ceux, qui ayant rompu avec une morale du menu unique, ont choisi de vivre à la carte, et vous n’avez qu’un désir: freiner la marche de l’humanité vers l’autonomie; enfin, vous partagez avec les racistes la phobie du mélange et la pratique de la descrimination: au lieu de l’encourager, vous résistez au métissage… »

Voilà comment sont vus ceux qui luttent contre la confusion des valeurs et le relativisme, mais on peut à l’inverse penser que laisser penser n’importe quoi, que tout se vaut est tout aussi salaud, et que respecter vraiment les autres, c’est avoir le courage de leur dire quand ils déraillent, ce à quoi ils peuvent s’élever et ce qui peut réellement les élever et ce à quoi finit par conduire ce relativisme en apparence bien pensant et tolérant!

Contre ce relativisme ambiant, qui détruit les fondements du débat démocratique, Finkielkraut rappelle, fidèle à l’héritage des Lumières, l’existence de valeurs universelles. C’est la reconnaissance de valeurs communes, valables quelles que soient les particularités de chacun, qui fonde l’appartenance à la nation française, en son principe universaliste. Les progrès du relativisme, faisant le lit de revendications particularistes, menacerait son unité.