Platon et ses dialogues

22 juillet 2008 0 Par caroline-sarroul

  Platon, c’est sans doute le premier philosophe dont on va vous parler! Et de fait, c’est le premier, si on voit en Socrate, le père de la philosophie occidentale.

Vous connaissez Socrate, son procès et sa mort.

En 399, Anytos, Lychon et Mélétos accusent Socrate de corruption de la jeunesse et surtout d’impiété.

D’impiété, c’est-à-dire de non-respect de la religion officielle et des Dieux de l’Olympe alors vénérés. Et cela  à cause de son « daïmon ». Le « daïmon », c’est en réalité la conscience morale de Socrate, une sorte de voix de la conscience qui lui dit de ne pas faire certaines choses, de ne pas dépasser certaines limites. Mais certains ont voulu y voir une sorte d’oracle privé, une sorte de Dieu personnel. Socrate adorerait donc un autre Dieu que ceux de la Cité.

Socrate est alors assigné pour un procès publique, c’est la Cité d’Athènes contre Socrate.

Socrate n’a jamais rien écrit, mais son disciple Platon a retranscrit dans des dialogues ( réels ou fictifs) les paroles et/ou  la philosophie de son maître.

5 de ces dialogues concernent ce procès:

  1. le Théetète  sur le savoir qui se clôt sur le départ de Socrate pour le Portique Royal. ( Le portique royal était un lieu de greffe, c’est là où on allait déposer plainte, mais c’est là aussi que l’accusé pouvait démontrer à l’Archonte roi que ce procès n’a pas lieu d’être, que l’ouvrir ne serait que calomnie)

  2. l’ Euthyphron sur la piété qui se déroule devant le fameux portique où Socrate croise Euthyphron, un devin venu porter plainte contre son père pour un meurtre involontaire: il a laissé mourir de faim et de soif dans sa cave un journalier qui, ivre, avait tué un de ses domestiques de la maison. Il avait enfermé ce journalier à la cave pour aller consulter l’exégète, pour avoir de lui la marche à ce genre de situation sans commettre d’impiété. C’est en voulant bien faire intentionnellement qu’il fait malgré lui le mal !

  3. L’apologie de Socrate qui est la défense de Socrate faite par lui-même lors de son procès. Déclaré coupable, Socrate proposera comme punition d’être nourri au prytanée ( c’est-à-dire être nourri et blanchi par la Cité, comme l’étaient les vainqueurs aux jeux olympiques!). Peu convaincus par cette proposition, les juges le condamneront à boire la cigüe, un poison mortel.

  4. Le Criton sur le devoir qui se déroule en prison. Ses amis le poussent à s’évader. Socrate refuse. C’est par son obéissance ( et non sa désobéissance comme Antigone!) qu’il montrera l’injustice des lois qui pourtant devraient incarner le juste et par là imposent un respect inconditionnel.

  5. Le Phédon sur l’âme qui décrit l’état d’esprit de Socrate au moment de sa mort, moment où son âme va être libéré de la « prison » qu’est le corps! D’où les derniers mots de Socrate:  » ce que vous ensevelissez, ce ne sera que mon corps. Criton, nous devons un coq à Esculape » Esculape n’est autre que le dieu de la médecine.

Tous ces dialogues sont trés intéressants mais Euthyphron est savoureux car :

– Socrate a vraiment face à lui un de ces plus piètres adversaires aussi maladroit et ignorant que prétentieux

– on y voit clairement à l’oeuvre la célèbre « maïeutique » de Socrate, l’art d’accoucher les esprits de leur ignorance ignorée , puis du désir de savoir et parfois d’un savoir non su ( théorie de la réminiscence)…

– il y a une claire définition de ce qu’est une claire définition, passage trés utile pour définir ensuite les mots d’un sujet de dissert par exemple

Un dialogue accessible pour découvrir Platon et définir la vraie piété, qui n’est pas nécessairement d’être au premier rang à l’église, à la mosquée ou au temple !!!