L’angoisse (de la rentrée?!)

4 septembre 2010 0 Par Caroline Sarroul

Le cri de Munch (1890)

 

Sur Arté, c’est aussi la rentrée de l’émission Philosophie et cette nouvelle année s’ouvre sur le thème de l’angoisse, autour de deux philosophes Heidegger et Sartre sur les pas de Kierkegaard.

Regardez la en avant-première: http://www.arte.tv/fr/Comprendre-le-monde/philosophie/3336446.html

Cette émission propose pour ceux qui entrent en terminale un premier exercice de distinction conceptuelle trés interessant entre peur, frayeur, culpabilité et angoisse et vous allez voir qu’il ne faut pas se faire abuser par l’usage quotidien des mots, qui gomme bien des subtilités de la langue et de la pensée.

En voilà l’essentiel: si ce sont tous des états d’âme inconfortables qui peuvent paralyser, s’il y a entre la peur et la frayeur une différence de degré, il y a entre la peur et l’angoisse une différence de nature. La peur est peur d’un objet déterminé, d’un étant; l’angoisse est angoisse face à rien d’étant, au rien.

D’où la référence à Heidegger au paragraphe 40 de L’Être et le temps ( que vous pouvez lire en ligne ici: http://philosophie-en-ligne.fr/index.php/bibliotheque/philosophie-du-xxe-siecle/1746-martin-heidegger-etre-et-temps-traduction-par-emmanuel-martineau.html): « que le menaçant soit nulle part cela caractérise le devant- quoi de l’angoisse » et il précise  que cela ne signifie pas que le nulle part soit rien, mais au contraire il implique « la contrée en général, l’ouverture d’un monde », »ce qui oppresse ce n’est pas ceci ou cela, pas non plus la somme totale du sous la main, mais la possibilité de l’à-portée-de-la-main en lui-même, c’est-à-dire le monde en lui-même », notre être-au-monde en lui-même.

L’angoisse est donc angoisse face à notre propre condition d’être jeté au monde ( dans un monde étranger) et d’être pour la mort .

Et pour Sartre, c’est surtout d’y être libre. L’angoisse est angoisse face à rien de déterminé mais face à une infinité de possibilités (ce qui est, en un sens, contradictoire avec l’étymologie latine où « angustia » signifie resserrement, même si l’angoisse serre la poitrine et oppresse, c’est l’ouverture qui en est la cause), qui découle de notre liberté, conséquence du rien ( n’étant rien de défini, possédant la capacité de néantiser, de transcender ce qui est ( les déterminismes de tous ordres) nous pouvons tout être et tout choisir ( en étant toujours seul face à nos choix).

L’angoisse est bien le « vertige de la liberté » comme le disait déjà Kierkegaard. Et fuir cette angoisse dans le divertissement ou la quotidienneté, ce n’est que la redoubler.

Accepter sa condition en la comprenant, voilà ce qui peut sur fond d’angoisse donner la joie d’exister.

Voilà  peut-être une raison de faire de la philosophie et de ne pas avoir peur de son premier cours de philosophie!