Argent et art

10 octobre 2010 0 Par Caroline Sarroul
 

  

 
 
+    
 
[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=1Gj8ZaKnpao[/youtube]

       + 

  le baiser de l’artiste, performance réalisée à la Fiac de 1977 par Orlan où, en échange d’une pièce de 5 francs, elle rend un baiser, souligne l’état de la culture comme marchandise tandis que le corps de l’artiste s’expose dans une réification (le corps de l’artiste comparé à un tronc d’église) 

  

+   

Chez la Fleuriste  

Un homme entre chez une fleuriste
et choisit des fleurs
la fleuriste enveloppe les fleurs
l’homme met la main à sa poche
pour chercher l’argent
l’argent pour payer les fleurs
mais il met en même temps
subitement
la main sur son cœur
et il tombe

 En même temps qu’il tombe
l’argent roule à terre
et puis les fleurs tombent
en même temps que l’homme
en même temps que l’argent
et la fleuriste reste là
avec l’argent qui roule
avec les fleurs qui s’abîment
avec l’homme qui meurt
évidemment tout ça est très triste
et il faut qu’elle fasse quelque chose
la fleuriste
mais elle ne sait pas comment s’y prendre
elle ne sait pas
par quel bout commencer
 

Il y a tant de choses à faire
avec cet homme qui meurt
ces fleurs qui s’abîment
et cet argent
cet argent qui roule
qui n’arrête pas de rouler.  

Jacques Prévert 

  

   

« L’argent, une médiation qui divise. 

Marx reprend à nouveau la notion de médiation, de moyen universel d’échange entre toutes les identités : et il remarque que, si l’argent fait le lien entre toutes les choses dissemblables, cette puissance de liaison devient une puissance de division, eu égard à l’homme générique : car comme la liaison qu’est l’argent est une relation sans identité, sans effectivité et sans réalité, elle rend aussi bien la relation humaine irréelle à son tour. Par exemple, la relation générique entre les hommes passe par la relation amoureuse, où ne peuvent s’échanger que des choses semblables, de l’amour contre de l’amour. Mais si cette relation est médiée par l’argent, c’est une relation qui relie des choses qui sont laissées dans leur étrangeté. Les amants ne sont liées alors que par des relations non réelles, parce qu’ils n’échangent pas des choses identiques, mais des différences indifférentes. L’amour de l’argent est toujours supérieur à l’amour de l’amour, parce que le premier donne une puissance universelle, là où le second donne une contrainte singulière, un contrainte à la singularité.   Mais le prix à payer de cette puissance est terrible : il faut être divisé fondamentalement de ce que l’on aime. L’argent est donc le moyen universel de séparation. En d’autres termes, l’argent est destructeur de la relation sociale dans son ensemble, qu’il transforme en relation extérieure et artificielle entre des choses. Mais la contradiction est là : le moyen d‘échange et d’unification universel est en même le moyen universel de séparation. Non seulement il met l’homme générique en opposition avec son essence sociale. Mais, en outre, il recrée une autre sociabilité, une sociabilité aliénée, qui est la sociabilité économique de l’échange capitaliste. « 

 

 Extrait d’un article trouvé ICI , une analyse du Troisième manuscrit de 1844 de Marx.