Âme ou esprit, où êtes-vous?

27 mars 2011 0 Par Caroline Sarroul

 

Âme et esprit

 

Il y a 3 sens de cette notion:

âme esprit
  1. Propriété naturelle des organismes vivants: processus d’information du vivant qui tend vers la conservation de l’identité

    ARISTOTE

  2. « SPIRIT » Principe à connotation spirituelle

    RELIGIONS, les Pères de l’Eglise

  1. « MIND »

    a) le mental, la cognition: le no?s

    PLATON

    b)le principe de l’être connaissant (comprenant à la fois, le sujet connaissant, les actes de pensée (jugements, volitions, mémoire, projets) et les connaissances = la conscience, le Sujet, le Je et son activité

    DESCARTES

 

L’histoire de l’idée d’âme/esprit se caractérise par 3 temps:

    1. « dévitaliser » l’âme

    – avec Platon, l’âme n’est plus associée à un principe vital, elle est associée au mental, à l’activité de la pensée

  • pour bien distinguer CORPS et ÂME : corps « tombeau de l’âme »
  • pour bien distinguer MONDE SENSIBLE et MONDE INTELLIGIBLE: le monde sensible n’est qu’une pâle copie du monde intelligible, illusion
  • pour bien distinguer VIE et PENSEE : les valeurs de la vie ( satisfaction des besoins vitaux et recherche de l’agréable) détournent des valeurs de la pensée ( l’exercice de la pensée présuppose que l’on soit libéré des nécessités vitales, que l’on ne soit pas prisonnier des « désirs » du corps et que l’on mette au-dessus de tout le Vrai et le Bon)
  • pour bien distinguer ANIMAL et HOMME: nous ne sommes pas des animaux mais des hommes et nous nous devons de remplir nos devoirs et d’être à la hauteur de notre destination en tant qu’homme.

 

Platon soutient donc une position DUALISTE, l’âme est à la fois principe de connaissance et principe spirituel, mais n’est plus un principe vital.

C’est pourquoi on peut comme Russell penser que « le platonisme surtout dans ses formes tardives fût l’élément païen le plus important de la philosophie des Pères de l’Église »

Mais si Platon oppose clairement corps et âme, vie et âme, il distingue encore en un sens âme et esprit avec l’âme tripartite : le no?s (l’esprit, associé à un petit homme) , le thumos, l’épithumia ( allégorie du sac de peau)

     

    2. « désâmiser » l’esprit

    – avec Descartes, l’âme est clairement distinguée d’un principe vital (l ‘âme n’est pas «souffle », seul l’homme parmi les vivants a une âme) et perd clairement sa connotation spirituelle ( l’âme est « res cogitans » : chose pensante)

  • Descartes ne traite pas de l’âme en philosophe moral mais en physicien, en « géomètre » d’où idée que l’indivisibilité de l’âme peut donner « l’espérance d’une seconde vie après la mort » et que seul l’argument théologique du Dieu créateur et de l’incorruptibilité de son œuvre peut en assurer. La physique cartésienne bien que mécaniste ( ? vitalisme) est encore idéaliste: ce qui est reste production de l’esprit ( de Dieu)
  • Descartes ne distingue plus âme et esprit: l’âme n’est que substance pensante distincte de la substance étendue, sans connotation religieuse ou aspiration spirituelle ou transcendante)

Donc Descartes est dualiste ( le corps et l’esprit sont 2 substances distinctes et hétérogènes), pose que derrière l’activité mentale, se tient une substance qui fait l’unité du sujet pensant, du Je.

On a reproché à Descartes cette substantialisation de l’esprit ( la conscience est activité plutôt que substance), les impasses de son dualisme ( interaction entre le corps et l’esprit?) et sa réduction du vivant au mécanique.

     

    3. « matérialiser » l’esprit : le monisme permet d’échapper aux questions insolubles du dualisme, l’idéalisme n’est plus crédible, le matérialisme apparaît sérieux et avantageux.