Réfléchir sur égalité et inégalité

20 mars 2011 0 Par Caroline Sarroul

EGALITE ET INEGALITE

1

 » Certes, ce sont les faibles, la masse des gens, qui établissent les lois, j’en suis sûr. C’est donc en fonction d’eux-mêmes et de leur intérêt personnel que les faibles font les lois, qu’ils attribuent des louanges, qu’ils répartissent des blâmes. Ils veulent faire peur aux hommes plus forts qu’eux et qui peuvent leur être supérieurs. C’est pour empêcher que ces hommes ne leur soient supérieurs qu’ils disent qu’il est vilain, qu’il est injuste, d’avoir plus que les autres et que l’injustice consiste justement à vouloir avoir plus. Car, ce qui plaît aux faibles, c’est d’avoir l’air d’être égaux à de tels hommes, alors qu’ils leur sont inférieurs. Et quand on dit qu’il est injuste, qu’il est vilain, de vouloir avoir plus que la plupart des gens, on s’exprime en se référant à la loi. Or, au contraire, il est évident, selon moi, que la justice consiste en ce que le meilleur ait plus que le moins bon et le plus fort plus que le moins fort. Partout il en est ainsi, c’est ce que la nature enseigne, chez toutes les espèces animales, chez toutes les races humaines et dans toutes les cités ! Si le plus fort domine le moins fort et s’il est supérieur à lui, c’est là le signe que c’est juste. De quelle justice Xerxès s’est-il servi lorsque avec son armée il attaqua la Grèce, ou son père quand il fit la guerre aux Scythes ? Et encore, ce sont là deux cas parmi des milliers d’autres à citer ! Eh bien, Xerxès et son père ont agi, j’en suis sûr, conformément à la nature du droit – c’est-à-dire conformément à la loi, oui, par Zeus, à la loi de la nature -, mais ils n’ont certainement pas agi en respectant la loi que nous établissons, nous ! Chez nous, les êtres les meilleurs et les plus forts, nous commençons à les façonner, dès leur plus jeune âge, comme on fait pour dompter les lions ; avec nos formules magiques et nos tours de passe-passe, nous en faisons des esclaves, en leur répétant qu’il faut être égal aux autres et que l’égalité est ce qui est beau et juste. Mais, j’en suis sûr, s’il arrivait qu’un homme eût la nature qu’il faut pour secouer tout ce fatras, le réduire en miettes et s’en délivrer, si cet homme pouvait fouler aux pieds nos grimoires, nos tours de magie, nos enchantements, et aussi toutes nos lois qui sont contraires à la nature – si cet homme, qui était un esclave, se redressait et nous apparaissait comme un maître, alors, à ce moment-là, le droit de la nature brillerait de tout son éclat.» Platon, Gorgias

 

Quel droit défend ici Calliclès? ………………………………………………………………………………….

D’où vient la force? …………………………………………………………………………………………………

Quels sont les arguments par justifier que l’égalité n’est pas juste?

1. …………………………………………………………………………………………………………………………………………………………..

2……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………….

3……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………….

4……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………….

2

a.Calliclès se contredit car …………………………………………………………………………………………………………………………….……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………

    b.Le fort est-il injuste quand il écrase le faible?Thomas HOBBES: «Les désirs et les autres passions de l’homme ne sont pas en eux-mêmes des péchés. Pas davantage ne le sont les actions qui procèdent de ces passions, tant que les hommes ne connaissent pas de loi qui les interdise ; et ils ne peuvent connaître de lois tant qu’il n’en a pas été fait ; or, aucune loi ne peut être faite tant que les hommes ne se sont pas entendus sur la personne qui doit la faire. Là où il n’est point de pouvoir commun, il n’est pas de loi ; là où il n’est pas de loi, il n’est pas d’injustice. »

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c.Le fort est-il juste quand il écrase le faible?

  • – ALAIN « La force semble être l’injustice même ; mais on parlerait mieux en disant que la force est étrangère à la justice ; car on ne dit pas qu’un loup est injuste. Toutefois le loup raisonneur de la fable est injuste, car il veut être approuvé ; ici se montre l’injustice, qui serait donc une prétention de l’esprit. »

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– « Il est juste que ce qui est juste soit suivi, il est nécessaire que ce qui est le plus fort soit suivi. La justice sans la force est impuissante ; la force sans la justice est tyrannique. La justice sans force est contredite, parce qu’il y a toujours des méchants ; la force sans la justice est accusée. Il faut donc mettre ensemble la justice et la force, et, pour cela, faire que ce qui est juste soit fort, ou que ce qui est fort soit juste. La justice est sujette à dispute, la force est très reconnais-sable et sans dispute. Ainsi on n’a pu donner la force à la justice, parce que la force a contredit la justice et a dit qu’elle était injuste, et a dit que c’était elle qui était juste. Et ainsi, ne pouvant faire que ce qui est juste fût fort, on a fait que ce qui est fort fût juste. »

Blaise Pascal, Pensées

 

    1.Si on obéit à la force, ce n’est pas parce que …………… ……… …………..mais parce que ………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………2.La force ne peut pas se passer de la justice car………………………………………………………………………………………………………………..………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………

    3. Si la force peut apparaître comme juste c’est parce que ………………………………………………………………………………………………….……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………..

    4. Elle n’est pas en soi juste, même si pour Pascal , il vaut l’injustice que le désordre, les hommes n’étant pas capable de mieux ( sans Dieu)

    DONC LE FAIT NE FAIT PAS LE DROIT et ce n’est pas parce que je suis le plus fort que j’ai le DROIT d’écraser le faible. DOIT-ON pour autant VOULOIR que le FORT ne puisse pas plus que le FAIBLE?

 

3

 Le lit de Procuste

     Dans les récits antiques, on raconte qu’un brigand Procuste ( ou Damaste) invitait les voyageurs à venir chez lui : il les faisait s’allonger sur un lit de fer , qui n’était à la taille d’aucun homme, même pas à la sienne et pour que chacun soit à la mesure du lit, il étirait les petits et coupait ce qui dépassait des grands. C’est Thésée qui aurait arrêté le tortionnaire en se couchant de travers dans le lit et en le coupant en 2 parts égales, pendant qu’il s’interrogeait.

 Cette histoire veut dire que

1. ……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………….

2. …………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………

 

Comment concilier les 2 ?

 

  • « De la justice particulière et du juste qui y correspond, une première espèce est celle qui intervient dans la distribution des honneurs, ou des richesses, ou des autres avantages qui se répartissent entre les membres de la communauté politique (car dans ces avantages il est possible que l’un des membres ait une part ou inégale ou égale à celle d’un autre), et une seconde espèce est celle qui réalise la rectitude dans les transactions privées (…). Cette forme du juste a un caractère spécifique différent de la précédente. En effet, le juste distributif des biens possédés en commun s’exerce toujours selon la proportion géométrique  (puisque si la distribution s’effectue à partir des richesses communes, elle se fera suivant la même proportion qui a présidé aux apports respectifs des membres de la communauté ; et l’injuste opposé à cette forme du juste est ce qui est dehors de la dite proportion). Au contraire, le juste dans les transactions privées, tout en étant une sorte d’égal, et l’injuste une sorte d’inégal, n’est cependant pas l’égal selon la proportion de tout à l’heure, mais selon la proportion arithmétique. Peu importe, en effet, que ce soit un homme de bien qui ait dépouillé un malhonnête homme, ou un malhonnête homme un homme de bien, ou encore qu’un adultère ait été commis par un homme de bien ou par un malhonnête homme : la loi n’a égard qu’au caractère distinctif du tort causé, et traite les parties à égalité, se demandant seulement si l’une a commis, et l’autre subi, une injustice, ou si l’une a été l’auteur et l’autre la victime d’un dommage. Par conséquent, cet injuste dont nous parlons, qui consiste dans une inégalité, le juge s’efforce de l’égaliser » ARISTOTE, Ethique à Nicomaque

 

Donc Aristote distingue l’égalité …………………… qui concerne le domaine de la justice ………………… qui englobe …………………………………………………………………………………… l’égalité………………………………………. qui concerne le domaine de la justice …………………………………. qui concerne …………………………………………………………………………..

L’ égalité ……………………….. considère que X = Y et l’égalité …………………….. considère que X ……. Y ……… Z.  

A quels autres domaines pourrait-on élargir, ces 2 types d’égalité:

 – L’égalité A: …………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………….

– L’égalité G: ……………………………………………………………………………………………………………………………………………………….……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………….

  • A quelles conditions les Z sont-ils légitimes ? Par quels arguments pourrait-on montrer que ces Z ne sont pas légitimes?
     – la compétence : ………………………………………………………………………………………………………………………………………………..…………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………….
    – le travail, le mérite……………………………………………………………………………………………………………………………………………………….…………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………….
    – la propriété, l’argent………………………………………………………………………………………………………………………………………………..………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………..
    – la couleur de peau, le handicap, le sexe: discrimination positive………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………….…………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………..…………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………..…………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………..…………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………..

    …………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………..…………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………..

 EXEMPLE DU Z TRAVAIL

 « Le travail, pour servir de mesure, doit être calculé d’après la durée ou l’intensité, sinon il cesserait d’être un étalon de me-sure. Ce droit égal est un droit inégal pour un travail inégal. Il ne reconnaît aucune distinction de classe, puisque tout homme n’est qu’un travailleur comme les autres, mais il reconnaît tacitement comme un privilège de nature le talent inégal des travailleurs, et, par suite, l’inégalité de leur capacité productive. C’est donc, dans sa teneur, un droit de l’inégalité, comme tout droit. Par sa nature, le droit ne peut consister que dans l’emploi d’une mesure égale pour tous ; mais les individus inégaux (et ils ne seraient pas distincts, s’ils n’étaient pas inégaux) ne peuvent être mesurés à une mesure égale qu’autant qu’on les considère d’un même point de vue, qu’on les regarde sous un aspect unique et déterminé ; par exemple, dans notre cas, uniquement comme des travailleurs, en faisant abstraction de tout le reste. En outre : tel ouvrier est marié, tel autre non ; celui-ci a plus d’enfants que celui-là, etc. À rendement égal, et donc à participation égale au fonds social de consommation, l’un reçoit effectivement plus que l’autre, l’un sera plus riche que l’autre, etc. Pour éviter tous ces inconvénients, le droit devrait être non pas égal, mais inégal (…). Dans une phase supérieure de la société communiste, quand auront disparu l’asservissante subordination des individus à la division du travail, et, par suite, l’opposition entre le travail intellectuel et le travail corporel ; quand le travail sera devenu non seulement le moyen de vivre, mais encore le premier besoin de la vie ; quand, avec l’épanouissement universel des individus, les forces productives se seront accrues, et que toutes les sources de la richesse coopérative jailliront avec abondance alors seulement on pourra s’évader une bonne fois de l’étroit horizon du droit bourgeois, et la société pourra écrire sur ses bannières : « De chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins ! » Karl Marx, Critique du programme du parti ouvrier allemand,

 

Pourquoi « À travail égal, salaire égal » est injuste? ……………………………………………………………………………………………….………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………….………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………….………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………….………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………….

 

Qu’apporterait la société communiste? ……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………….………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………….………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………….………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………….

 

DONC si on considère tous que l’égalité face à la loi et la justice est juste, on admet l’existence de certaines inégalités comme inévitables, temps qu’on n’a pas atteint l’abondance ou mis en place une autre organisation et on reconnaît même que certaines inégalités sont justes parce que nous sommes différents. Mais pour certains , cette différence justifie qu’on laisse les inégalités être ( conception de l’Etat ………………………………) et pour d’autres il faut corriger les inégalités ( conception de l’ Etat ……………………………………..) et même revoir l’organisation sociale et économique. Et chacun voit dans la position de l’autre, une nouvelle injustice. QUI A RAISON?

 

    4

La théorie du voile d’ignorance de John RAWLS ( 1921- 2002)

 

Pour J.RAWLS, on ne peut pas dire qui a raison car

  1. dans les 2 cas, on sacrifie des individus : l’intérêt personnel contre l’intérêt de tous OU l’intérêt du plus grand nombre justifie le sacrifice de certains ( principe utilitariste) . Or cette morale de l’intérêt et conséquentialiste ( on juge au résultat) s’oppose au principe de respect des individus : on ne peut pas réduire un homme à un moyen sans porter atteinte à sa dignité inviolable
  2. dans les 2 cas les hommes défendent toujours leur intérêt et ont des conceptions différentes de la vie bonne et du Bien.
  3. dans les 2 cas, on juges selon des valeurs le résultat  
    Solution de RAWLS

 

  • il faut préférer à une justice substantielle ou idéelle, une justice …………………………………..

 Exemples: le loto: ………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………

Conception procédurale : le juste est déterminé par la manière d’arriver à une décision sur la répartition des biens

  • La procédure du voile d’ignorance

Si c’est la justice de la procédure qui fait la justice du résultat, il faut penser cette procédure. Pour éviter 1,2 et 3, Rawls propose de placer théoriquement les hommes dans la position originelle suivante: les hommes ne savent pas qui ils sont:

«  Parmi les traits essentiels de cette situation, personne ne connaît sa place dans la société, sa position de classe ou son statut social, pas plus que personne ne connaît le sort que qui lui est réservé dans la répartition des capacités et des dons naturels, par exemple l’intelligence, la force, etc… J’irai même jusqu’à poser que les partenaires ignorent leur propre conception du bien ou leurs tendances psychologiques particulières. Les principes de la justice sont choisies derrière ce voile d’ignorance (…) Comme tous ont une situation comparable et qu’aucun ne peut formuler des principes favorisant sa condition particulière, les principes de justice sont le résultat d’un accord ou d’une négociation équitables »

Mais ils savent comment fonctionnent les hommes ( ………………………………………..) et qu’il y a des BIENS PREMIERS sans lesquels on ne peut réaliser sa vie selon ses aspirations quelles qu’elles soient , ce sont………………………………………..

………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………..

Résultat: 2 principes

  1. le principe …………………………………… concernant ………………………………………………………………………………….……………………………………………………………………………………………………………………………………………………….
  2. le principe …………………………………….. concernant ………………………………………………………………………………..
  • si…………………………………………………………………………………………………………………………………….
  • si……………………………………………………………………………………………………………………………………..
  • si …………………………………………………………………………………………………………………………………….
  • si………………………………………………………………………………………………………………………………………

 

Donc toutes les inégalités ne sont pas injustes: …………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………..

 Ce qui implique une certaine politique : ………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………… 

5

L’équité

« On voit aussi par là ce que c’est que l’homme équitable : celui qui, dans ses déterminations et dans ses actions, est porté aux choses équitables, celui qui sait s’écarter de la stricte justice et de ses pires rigueurs, et qui a tendance à minimiser, quoiqu’il ait la loi de son côté – voilà l’homme équitable. » Aristote , Ethique à Nicomaque

Donc l’équité consiste à ……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………..

Elle implique : …………………………………………………………………………………………………………………………………………………………..……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………..…………………………………………….