Retour sur la séance du 7 février

Patrick Gaboriau, 7 février 2018, photo NJ

Une organisation particulièrement efficace hier, grâce aux étudiants matinaux qui ont arrangé les tables en carré de manière à pouvoir accueillir une quinzaine de personnes.

Durant une bonne heure Patrick Gaboriau a retracé son parcours d’Oxford à Moscou, puis à Los Angeles en passant par Paris, lieu de son premier terrain sur les clochards. Beaucoup de questions ont été abordées, notamment sur la démarche et l’approche des populations sans logis. L’ethnologie serait une valeur sûre en science sociale car elle rapporte des faits plus ou moins objectifs, une certaine vérité dans le grand éventail des sciences sociales aujourd’hui.

L’accent a aussi été mis sur les « filtres de l’époque » qui nous obligent à regarder les choses de notre ici et maintenant sociologique et culturel. On ne voit pas les mêmes faits sociaux de la même manière selon les époques. Nos filtres sont également culturels et sociaux, et changes avec le temps. C’est ce que Patrick appelle des « changements d’univers mentaux à l’échelle d’une vie ».

Vue de l’assistance, photo NJ

Il a également abordé la question de la relation d’échange dans l’enquête de terrain, de l’importance de la tenue du journal de bord, et du changement fréquent de l’avis des gens. Son travail auprès des populations dominées lui a donné l’occasion de réfléchir à la méthode comparative, et aux difficultés qu’elle engendre. Quoi comparer lorsque l’on suit les populations sans logis à Moscou ou à Los Angeles ? Évidemment pas les pratiques de toxicomanie, mais plutôt les logiques de répression des polices.

Une attention nette ! et des invités investis, photo NJ

Un autre des points a été celui de l’honnêteté face à l’enquête. Beaucoup de chercheurs, même les plus grands, évitent les précisions sur la durée exacte de l’enquête, le nombre d’entretiens, etc. et évoquent plutôt un ensemble qui les places toujours à leur avantage. Ce manque d’honnêteté est pour Patrick Gaboriau un problème d’éthique où la relation d’enquête nécessite de réfléchir sur la présentation de soi devant des informateurs. Lui préconise de rester dans le vrai tout en arrangeant les raisons de sa présence. En disant, « je fais une recherche historique sur le sujet », plutôt que « j’étudie la sociologie des rapports de domination » permet de sauvegarder une certaine marge dans la relation d’échange.

Beaucoup d’exemples ont permis d’illustrer ses propos. Il s’en est suivi un débat autour de questions pertinentes, grâce à une bonne participation des étudiants. Certains, venus d’autres départements (de l’Université) et même une doctorante, ont pu profiter de ces échanges assez généreux. Vers 13h, un repas partagé a permis de poursuivre les discussions en comité plus restreint, et bien sympathique. Un bonus pour les étudiants qui ont réussi l’organisation de cette matinée. Vers 15h15, je raccompagnais Patrick à son hôtel, il devait reprendre un train pour Paris, et rejoindre le grand nord enneigé.

Évidemment, ce petit compte rendu n’est qu’une réinterprétation d’une interprétation, comme il le dit lui-même. L’idéale aurait encore été d’être présent. Ce qu’en ont pensé les étudiants est un exercice que je vais m’empresser de faire.

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