Hommage à Patrick Williams

Patrick Williams chez France Culture en 2013 – Crédits : Radio France

J’apprends hier par Patrick Gaboriau le décès de Patrick Williams, décédé vendredi. C’est une nouvelle très triste pour plusieurs raisons. Il me semble qu’il est né après la Guerre dans un petit village de la Creuse. Il commençait a profiter de sa retraite.

Patrick Williams a été directeur de recherche au CNRS, et directeur du LAU-UPR 034 du CNRS de 1996 à 2004. Il a succédé au couple Gutwirth-Pétonnet qui avait fondé le Laboratoire d’Anthropologie Urbaine du CNRS dix ans plus tôt. Ce fut également mon co-directeur de thèse attitré au LAU.

Il a reçu la médaille d’argent du CNRS, c’est dire si son travaille a été apprécié par les institutions. Ce qui lui a valu cette médaille c’est son travail sur les Tziganes, sur l’histoire du peuple Rom ou Manouche si l’on préfère. On lui doit plusieurs livres dont Nous, on n’en parle pas qui traite de la mort et de la perception de la mort chez les Tziganes. Il faut peut-être préciser que dans ce peuple, lorsqu’une personne est morte, on n’en parle plus, on ne site plus son nom, et on brûle tous ces biens. C’est un petit livre à l’écriture d’une qualité remarquable qui a toujours été un modèle pour moi.

Patrick Williams a été un amateur de jazz manouche, et de jazz tout court. Il a écrit un recueil avec Jean Jamin, et également un livre sur Django Reinhardt dans lequel il lui invente plusieurs vies possibles. En fait, c’est un excellent livre pour comprendre la ville et son évolution à travers celle de la vie d’un artiste. A un moment il décide de vivre à New-York, et l’on peut même y voir les plan de son appartement… C’était un passionné de Django.

Une autre raison qui me pousse à lui rendre hommage c’est cette traduction de Leonardo Piasere, L’ethnographe imparfait, sous le pseudonyme de Renauto Dauthuile, avec la complicité de Gilles Teissonnières. Il s’est senti obligé d’utiliser un pseudonyme parce que Piasere site plusieurs fois le travail de Williams, et en bien. C’est cette humilité qui témoigne des grands chercheurs. Et puis parce que Piasere invente la notion de perduction, une notion complexe qui est très importante pour comprendre comment nous nous imprégnons d’une culture en contexte de recherche. Ce n’est pas tout à fait un équivalent d’acculturation car la réduction reste souvent inaccessible.

=> Leonardo Piasere, L’ethnographe imparfait, Paris : EHESS, 2010

=> Patrick Williams, « Nous, on n’en parle pas ». Les vivants et les morts chez les Manouches, Paris, MSH, 1993

=> Patrick Williams, Django, Marseille : Parenthèses, 2008

=> Patrick Williams, Les quatre vies posthumes de Django Reinhardt, Marseille : Parenthèses, 2010

=> Patrick Williams et Jean Jamin, Une anthologie du jazz, Paris : CNRS, 2010

J’ajoute un lien vers un récit auto-biographique que Patrick Williams fait devant le micro de Marie Raynal, en septembre 2009.

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