Bravo à Chaimæ et Telida !

Planche extraite du Noël d’Auggie Wren, Paul Auster, illustration de Jean Claverie, Actes Sud Junior, 1998

 

En cette fin de semestre et cette fin d’année universitaire, le calendrier nous a congratulé de deux soutenances à la fois différentes et assez proches, puisqu’il s’agissait, finalement, de réfléchir à la question du partage des espaces urbains autour des populations paupérisées.

Le travail de Chaimæ tournait pour sa part dans un petit « grand ensemble » au nord de Toulouse. Elle a abordé les difficultés de dialogue entre les habitants et les responsables de la politique de la ville. Le tout dans un contexte de pandémie, d’accessibilité problématique aux personnes et aux associations, etc. Elle a malgré tout su bien se débrouiller.

Quant à Telida, elle a investi son temps et la démarche de recherche sur l’ensemble des îles du Grand Ramier pour effectuer un travail de recherche sur les populations en habitat précaire. Son travail s’est appuyé sur des relevés cartographiques, et des récits de témoignages des habitants et de personnalités municipales.

Ces mémoires seront disponibles à la bibliothèque l’année prochaine, et mon intention n’est pas d’en faire un résumé. Comme j’ai récupéré le train en marche, j’ai découvert des travaux « en chantier » ou en voie d’aboutissement. Cet après-midi, en assistant aux soutenances, une image a ressurgi et j’ai couru feuilleter le livre de Jane Jacobs pour livrer ici son point de vue sur la notion de « poumon vert ».

A propos des urbanistes et des aménageurs, Jane Jacobs écrit en 1961 :

« Mais ce qu’il faut d’abord faire, si l’on veut vraiment comprendre la façon dont les villes et leurs espaces verts s’influencent réciproquement, c’est cesser une fois pour toutes de confondre le rêve et la réalité comme le font les urbanistes. Ceux-ci cultivent en effet une idée absurde venue tout droit de la science fiction, qui consiste à affirmer que les espaces verts sont « les poumons de la cité ». Or, il faut plus d’un hectare de bois pour absorber l’anhydride carbonique dégagé par la respiration, la cuisine et le chauffage d’un foyer composé de quatre personnes. En réalité, ce sont les grandes masses d’air qui circulent au-dessus de nos têtes qui sauvent les cités de la suffocation, pas les espaces verts ».

 

Planche extraite du Noël d’Auggie Wren, Paul Auster, illustration de Jean Claverie, Actes Sud Junior, 1998

 

Thierry Paquot n’avait pas à l’époque de cette réédition sa propre maison d’édition (Terre urbaine), car je pense qu’il l’aurait publié chez lui.

Ce cheminement m’a conduit à ouvrir la biographie de Gilles Clément à la page du tiers-paysage.

« Le Tiers-Paysage — fragment indécise du Jardin Planétaire — désigne la somme des espaces où l’homme abandonne l’évolution du paysage à la seule nature. Il concerne les délaissés urbain ou ruraux, les espaces de transition, les friches, marais, landes, tourbières, mais aussi les bords de routes, rives, talus de voies ferrées… »

Voilà comment les cheminements permettent d’ouvrir à de nouvelles connexions ou bien à re-découvrir cette ville en mouvement perpétuelle. Car comme le dit Siri Hustvedt, la femme de Paul Auster : « On est en mouvement perpétuel jusqu’à notre mort ».

Alors longue vie à nos deux futures architectes !

 

=> Paul Auster, Le Noël d’Auggie Wren, illustrations de Jean Claverie, Actes Sud Junior, 1998

=> Gilles Clément & Louisa Jones, Une écologie humaniste, Genève, Aubanel, 2006

=> Jane Jacobs, Déclin et survie des grandes villes américaines, (1961), Marseille, Parenthèses, 2012

 

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