L’initiation à la recherche en Master

Symétrie au carrefour de la rue de Metz, Toulouse, 2018 © NJ

La présentation des billets va devenir plus austère du fait que nous sommes arrivés à la limite de la capacité de la mémoire disponible. Sauf à trouver une solution pérenne, je n’ajouterais plus d’images nouvelles. D’ailleurs, la plupart n’étaient pas de mon fait, ni de ma production ni de ma création (excepté pour certaines photographies). A la place d’une image, j’y mettrais le lien comme dans notre exemple du jour qui concerne l’étendue de ce que peut être la recherche en milieu universitaire.

L’image trouble la représentation et pose un biais épistémologique qu’il faut nécessairement contourner pour évacuer les sous-entendus qu’elle contient implicitement. De toute évidence, l’image vient renforcer le propos et parfois l’orienter.

Dans la carte mentale dont il est question, et que vous pouvez télécharger en format PDF, nous avons une représentation de ce qu’est la recherche. Comme je suis fan des cartes mentales je propose cette lecture en cinq points élaborés par le département de Rennes 1 sous la responsabilité de Julien Le Bonheur, que je remercie.

Le premier point concerne la « communauté scientifique » que l’on pourrait envisager sous la forme d’un cloud, parce qu’elle est partout et nulle part à la fois, et qui regroupe les lieux d’échanges des outils et des travaux, des recherches en cours, mais aussi les instances de censure et de validation, de promotion et d’autoconsécration. Le monde de la recherche n’est pas un monde de bienveillance, mais un monde de lutte. Il en sera peu question dans le séminaire puisque cette dimension n’est pas encore à l’ordre du jour.

Le second point aborde la question du « métier de chercher et de chercheuse » qui pointe l’aspect « en équipe » et en « collaboration » ce qui, de mon point de vue, est à relativiser. Dans son récent livre sur la controverse, Bruno Latour évoque justement les nombreux conflits présents autour des faits sociaux que l’on nomme « controverse ». L’idée essentielle étant que deux chercheurs vont s’affronter sur le versant de la preuve pour faire valoir leur hypothèse ou leur thèse. Nous sommes bien dans la lutte.

Derrière ces sept branches nous entrevoyons que le métier de chercheur est aussi une discipline : éthique, déontologique, exigeante, et de partage des connaissances et des savoirs. C’est ce dernier point qui intéressera nos étudiantes et nos étudiants car la fabrication du mémoire est une pièce essentielle dans la démarche de l’apprentissage de la recherche par la recherche.

Le troisième point questionne « la méthode scientifique« . D’un côté nous avons l’état de l’art, et la mise à plat des savoirs concernant un sujet donné, et de l’autre, nous avons les méthodes à proprement parler : observation, questionnement, enquête et analyse. Les méthodes ne sont pas universelles, et chaque discipline organise ou hiérarchise ses méthodes. Par exemple, l’observation que l’on trouve au fondement même de la recherche n’a pas la même valeur que l’on soit sociologue, anthropologue ou géographe. Il y a aussi un rapport d’échelles qui fait que l’on n’observe pas la même chose ou pas à la même distance. Evidemment, les méthodes sont au centre des apprentissages et nous y consacrerons une bonne partie du premier semestre. Cependant nous retrouvons la même démarche intellectuelle et la même volonté de découverte.

Le quatrième point porte sur la « société« , un terme assez obscure, car qui peut vraiment dire de quoi il s’agit ? Par exemple, qu’elle est l’origine de la demande sociale ? Qui sont les destinataires et les promoteurs d’une recherche ? Cela pose la question du regard critique et de la critique des sources comme des enjeux. Mais le point de départ est de considérer que la société existe, contrairement à ce que pouvait prétendre Margaret Thatcher (1925-2013), et qu’elle est constituée d’individus dont la somme est supérieure à la somme des individus qui la compose. Ainsi la ville, c’est d’abord une somme d’individus en mouvement (curieusement, une situation fixe peut être perçue comme un mouvement zéro).

Enfin, le cinquième point concerne la « qualité des chercheurs et des chercheuses » que l’on peut approcher par des adjectifs qualificatifs positifs : curiosité, rigueur, intuition, ténacité, goût pour l’exploration, honnêteté intellectuelle, doute constructif, etc. C’est la dimension du savoir-être qui forme un des axes d’apprentissage du séminaire.

Voilà pourquoi cette carte heuristique me paraît coller avec les attendus du séminaire et qu’elle offre une qualité visuelle assez large. Comme me l’a suggéré Julien Le Bonheur, nous pourrions contribuer nous aussi à cette démarche didactique et produire notre propre carte mentale autour de la Ville en mouvement : marges, limites, frontières…

 

=> Clémence Seurat & Thomas Tari, Controverses. Mode d’emploi, Forccast, Sciences Po, 2021

buy windows 11 pro test ediyorum