Epistémologie #3 :

Simon Imeneuraet  lors d’un atelier de médiation architectural pour son PFE, 2020

Comme c’est déjà le printemps, voici la suite…

 

Une histoire de démarche

« La sociologie générale n’est rien d’autre que cette démarche, indispensable à toute science, qui consiste à réfléchir aux conditions de la production de son savoir, à étalonner la validité de ses critères de jugement et de ses outils de découverte sur ceux de l’activité scientifique des autres disciplines, à clarifier les notions qui en organisent les analyses et leur donnent leur valeur heuristique, à penser le rapport établi entre le cadre théorique adopté et le type de recherche empirique engagée, à évaluer la pertinence des explications ou des descriptions qui ordonnent les données recueillies ou construites » ( p. 6), écrit Albert Ogien.

Réfléchir aux conditions de la production de son savoir : c’est ce que nous allons voir par la suite.

Etalonner la validité de ses critères de jugement : en commençant par énoncer les jugements de valeur, les prénotions comme dit Durkheim dans les règles de la méthode sociologique (voir #1), en faisant le point sur ce que l’on sait et ce que l’on ne sait pas, ce que l’on croit savoir sur un domaine donné. C’est beaucoup plus simple dans le cas d’une recherche exotique, car ce que l’on croit savoir est généralement faux. Comment s’organise le système religieux, politique, économique d’une région que vous ne connaissez pas ? Quelle en est l’histoire ? Quels sont les codes de civilité, etc. ? Dans le cas d’une « recherche endotique » la question des aprioris relève d’un travail réflexif, on parle aussi d’une rétroaction. Il est important de se questionner sur le point de vue adopté, et de réfléchir sur les conditions d’adoption de ce point de vue.

Outils de découverte : les méthodes de l’ethnologie classique posent l’observation et l’entretien comme les principaux outils utilisés en dans une enquête de type empirique. Les statistiques sont un outil précieux dans le cas de l’étude d’un grand groupe (immeuble collectif par exemple), mais ne sont pas utilisables à moins d’une formation ad hoc. Par outil statistique j’entends les analyses factorielles de correspondance (AFC), la construction des indicateurs synthèses, élaborés au moyen d’outils informatiques spécifiques (Modalisa, Ethnos, Lynx). La cartographie, le plan, la représentation graphique accompagnent cet outillage.

Clarifier les notions : indispensable à toute discipline de savoir de quoi on parle. Les notions les plus communes sont parfois les plus ambigües. Par exemple, l’oxymoron «développement durable» doit être explicitée, en regard des textes de lois, « un développement qui répond au besoin du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs » nous dit le ministère de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie. Cette phrase résume les questions suivantes :
Comment concilier progrès économique et social sans mettre en péril l’équilibre naturel de la planète ?

Comment répartir les richesses entre les pays riches et ceux moins développés ?

Comment donner un minimum de richesses à ces millions d’hommes, de femmes et d’enfants encore démunies à l’heure où la planète semble déjà asphyxiée par le prélèvement effréné de ses ressources naturelles ?

Et surtout, comment faire en sorte de léguer une terre en bonne santé à nos enfants ?

Cadre théorique adopté : à partir de quel cadre théorique produit-on son analyse ? Il est indispensable de savoir quels sont les auteurs convoqués et que représentent ses auteurs dans le champ de la discipline. Cela revient à dire à qui on emprunte les idées.

Enfin, l’évaluation de la recherche se fait d’abord pour celui qui produit la recherche, avant d’être évalué par les évaluateurs légitimes, jury, commission, comité de rédaction, conseil national des universités, conseil scientifique qui sont autant de cercles de pouvoir autorisés. Ces sphères consolident la légitimité. Mais là, nous abordons la phase finale, c’est-à-dire la valorisation de la recherche qui passe par la rédaction, le mémoire, et sa diffusion. Bruno Latour aborde ces questions.

=> LATOUR, Bruno (1995), Le métier de chercheur, regard d’un anthropologue, INRA.

=> OGIEN,Albert (2007), Les règles de la pratique sociologique, Paris  PUF.

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