L’après confinement : faut-il y réfléchir avant ?

Place des Abbesses, Paris, juillet 2012, © NJ

J’ai envie de voir du monde. Comme cette belle journée de juillet à la place des Abbesses dans le 18ème. Voir des gens, voir des sourires, marcher librement, tout cela me manque.

La MJC du Roguet propose quatre contributions pour préparer à l’après confinement. Après Bruno Latour, sociologue, un autre sociologue, Michel Wieviorka, un économiste, Maxime Combes, et un photographe viennent à leur tour proposer une réflexion sur l’après. N’était-ce pas un peu prématuré ? A la radio Boris Cyrulnik évoque lui aussi l’après, et les relations humaines, notamment à travers la disparition des liens dus au deuil impossible. Nous voyons que la position de chacun a un sens : sociologue ou neuropsychiatre ? Photographe ou historien ? D’ailleurs demandent-on aux historiens comment sera demain ?

Bruno Latour propose de saisir l’opportunité que nous offre cette crise pour réfléchir à ce que nous avons fait, et à ce que nous allons faire. La vie pourra-t-elle reprendre le cours des choses comme si de rien n’était ? Ne faut-il pas plutôt s’arrêter et réfléchir à notre avenir ? Il nous met en garde :

« En effet, dit-il, car la crise sanitaire est enchâssée dans ce qui n’est pas une crise–toujours passagère–mais une mutation écologique durable et irréversible. Si nous avons de bonne chance de «sortir» de la première, nous n’en avons aucune de «sortir» de la seconde. Les deux situations ne sont pas à la même échelle, mais il est très éclairant de les articuler l’une sur l’autre. En tous cas, ce serait dommage de ne pas se servir de la crise sanitaire pour découvrir d’autres moyens d’entrer dans la mutation écologique autrement qu’à l’aveugle. »

S’arrêter un instant et réfléchir à l’absurdité de notre monde, et ensuite se poser de nouvelles questions sur notre avenir. « En nous posant ce genre de questions, chacun d’entre nous se met à imaginer des gestes barrières mais pas seulement contre le virus : contre chaque élément d’un mode de production dont nous ne souhaitons pas la reprise. » Bruno Latour part du constat qu’on ne peut plus fonctionner sur le mode de production capitaliste que l’on connaît et qu’une alternative s’ouvre à nous : il faut savoir la saisir !

L’économiste Maxime Combes, adepte de l’ère de l’homme – anthropocène – part du constat que l’arrêt involontaire du système de production va avoir des répercussions bénéfiques sur la pollution. Nous savons qu’en France, c’est 20.000 personnes qui meurent chaque année des effets de la pollution. En arrivera-t-on à ce chiffre cette année ? Si le Coronavirus va tuer malheureusement plusieurs milliers d’individus, la pollution restreinte « sauvera », de son coté, d’autres individus, faisant partie des catégories les plus pauvres et les plus à risque. Toutes proportions gardées, il n’est pas question de dresser une comparaison, mais d’espérer que cette « crise » climatique sera endiguée par cette autre « crise », imprévisible autant qu’inespérée.

« Il nous faut donc collectivement nous départir d’une illusion, nous dit Maxime Combes : les mesures brutales de confinement, de réduction drastique des transports et de l’activité économique ne sont acceptées que parce qu’elles sont perçues comme pouvant être immédiatement efficaces et comme temporaires. Elles ne pourraient et ne sauraient être simplement transposées pour lutter contre le changement climatique, au risque d’emporter l’ensemble de nos libertés publiques et de ce qui reste de notre démocratie. »

Nos sociétés doivent par conséquent se recentrer sur l’intérêt général. C’est un peu ce que dit Michel Wieviorka, qui est présenté comme un sociologue et que je pensais plutôt comme un historien. Pour lui, nos sociétés sont à repenser à travers de nouveaux projets politiques.

« Pour pouvoir se projeter vers un futur, nous dit-il, il faut des acteurs qui soient capables de transformer la situation, et pas seulement de s’y adapter sur un mode défensif. Des acteurs ayant une vision de ce que pourraient et devraient être les nouvelles formes de la vie collective. Qui soient capables d’entraîner derrière eux l’opinion, et donc de porter des attentes, des espoirs, des convictions. Il faut, autrement dit, des acteurs et des pensées politiques. »

 

Tour Eiffel Paris, – Vestiges #2 © Chris Morin-Eitner 2016

Une quatrième parole prend forme. Le travail de l’artiste photographe Chris Morin-Eitner réintroduit une dystopie questionnante à partir de montages où il explore la ville envahie par une nature qui a repris ses droits. Comment nature et culture peuvent-elles cohabiter ensemble ?

=> A partir de ces propositions et de ces réflexions (je vous conseille quand même de lire les textes), chacun d’entre vous pourra donc élaborer une sorte de « cahier des charges » pour un monde nouveau.

Le SIMPPS reste à la disposition des étudiants éprouvant des difficultés d’ordre social ou médical.

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