L’après confinement et le métier d’architecte

Illustration pour une ville dystopique, récupérée sur https://rcf.fr/culture/la-dystopie, © DR

 

Une fois mis de côté toute cette pesanteur du climat qui nous entoure, nous pouvons peut-être espérer penser à l’après confinement.

La MJC du Roguet met à notre disposition et notre esprit critique une nouvelle série de textes, issus pour la plupart, cette fois, de philosophes. Sans vouloir radoter, il est intéressant de se pencher sur QUI écrit QUOI. C’est d’ailleurs ce principe qui préside à la fondation d’une méthode critique d’analyse qui part de l’idée que l’auteur apporte ou influence déjà par sa position et ses dispositions. Dans ce que Pierre Bourdieu nomme la théorie des champs, chacun d’entre nous est placé à un endroit précis sur l’échiquier social, à un moment donné et dans un champ donné. Cette place est repérée par une position social (statut professionnel, héritage, piston) issue en partie par des dispositions particulières (diplôme, capital culturel, capital social, réseau de relations, etc.). Comme les champs sont au centre d’enjeux de lutte, pouvoir comprendre de quelle place parle un auteur en dit aussi long, ou tout autant, que l’article lui-même.

L’article de Camille Ferey, doctorante en philosophie à Nanterre, interroge sur cette sorte de manichéisme présent dans le découpage du monde qui nous entoure. N’y aurait-il que d’un côté des bons et disciplinés citoyens, et de l’autre, des mauvais et méchant récalcitrants ? En lutte contre l’individualisme méthodologique, doctrine chère au sociologue Raymond Boudon, calquée sur la doctrine économique capitaliste, Camille Ferey explique que « L’individualisme méthodologique, c’est cette petite voix à la fois grisante et terriblement culpabilisante qui nous murmure ou nous aboie, selon les circonstances, que les phénomènes sociaux sont le résultat direct de nos actions individuelles, que chacun de nous peut provoquer ou empêcher le réchauffement climatique, ou la diffusion planétaire d’une pandémie mortelle. »

C’est cette idéologie que nous voyons à l’œuvre et qui essaie de nous faire croire que nous sommes responsable des causes et des conséquences du Covid-19. « Transformer les comportements plutôt que les modes de production et d’organisation collective, c’est là une stratégie vieille comme le capitalisme. » Aussi, selon elle, il ne s’agit pas de se laisser berner par cette propagande et d’agir dès aujourd’hui pour penser notre monde de demain. Pour Camille Ferey, la société entretient nos peurs, qu’il nous faut dépasser pour prétendre aller plus loin. « Il est urgent de reconnecter la responsabilisation avec la possession du pouvoir, sans quoi les crises entraineront sans relâche un usage autoritaire et arbitraire de la force. »

Illustration du film Arès de Jean-Patrick Bènes, 2016, récupérée sur http://www.syfantasy.fr/23412-une_premire_bandeannonce_pour_ars_la_dystopie__la_francaise

Une réflexion qu’il ne faut pas négliger si l’on veut comprendre le monde. Et qui sera appuyée par l’article assez court du second intervenant. Pour le philosophe Michaël Foessel, professeur à l’Ecole Polytechnique, « Chacun fait désormais pour soi-même l’expérience de ce que le coronavirus ne vient pas de nulle part.  » Et il ajoute : « Que gagnerait-on à reproduire les causes qui, de la réduction du nombre de lits d’hôpitaux à la délocalisation de la production des moyens de survie, ont mené la moitié de l’humanité au confinement ? »

Mais pointer les responsables ou la responsabilité ne suffit ni pour comprendre comment nous en sommes arrivés là, ni comment nous allons pouvoir en sortir ? Michaël Foessel dresse le bilan d’une planète à la déroute, et amorce à travers son questionnement une tentative de prise de conscience. Et si ce qu’on connaissait avant n’était, en définitive, pas si mal ? Il faudra donc faire le tri, en espérant que l’après ne soit pas pire.

Lorsque j’avais dix ans, je m’étais membre du WWF, par amour pour les animaux, et parce que l’emblème de la fondation était bien sympathique. Le petit panda paraît bien innocent même si dans l’animalité il y a une violence sous-jacente. La lettre du WWF renvoie à nos responsabilités en matière d’écologie : « Les pressions que nous exerçons sur la nature à travers nos modes de consommation et de production non soutenables sont en grande partie à l’origine de la crise sanitaire. » En demandant l’instauration d’un « filet de sécurité » le WWF fait l’annonce d’un véritable programme politique. En relayant l’appel d’Isabelle Autissier, présidente du WWF, cette lettre appelle à la réflexion pour une prise de conscience immédiate et sans concession.

« Brno est une très belle ville, pleine d’opportunités, d’entreprises et d’étudiants », CCI France Internationale, source https://www.ccifrance-international.org/le-kiosque/economie-business/n/brno-le-paradis-des-entreprises-technologiques-1.html, © DR

La dernière contribution est encore le fait d’un philosophe, Abdennour Bidar, qui émane d’un blog. Une fois encore, je précise que je ne suis pas responsable de ces choix, mais qu’il me paraît intéressant d’en proposer le contenu à la réflexion de ce séminaire, étant entendu que ces choix ont été l’objet d’intentions conscientes ou inconscientes de la par de la MJC du Roguet.

Dans ce post, Adbennour Bidar , « français issu d’une famille de convertis à l’islam par le soufisme », propose l’idée que nous étions déjà confiné avant le confinement. Pensons alors à cette sortie de crise sur le mode du changement. « À tout faire, tous ensemble, pour qu’ait lieu enfin la grande révolution que nous attendons hors de ce système insensé qui détruit tout le vivant, nature et société, qui asservit nos existences et étouffe nos âmes… » Car il ne suffit pas croire en un lendemain meilleur, avec un certain optimisme, si nous ne mettons pas la main à la pâte. « Notre optimisme n’aura donc raison que si nous sommes assez nombreux à prendre, dans cette période même de confinement, la décision, la vraie détermination à ressortir demain de chez nous pour nous engager, nous battre au quotidien et au long cours, en commençant par changer notre propre façon d’être et de vivre. »

=> Ensuite, nous avons un manifeste pour un après meilleur qu’un avant. Je laisse le soin à chacune et chacun de lire ces textes et de prendre le temps de réfléchir à votre futur métier d’architecte. Quel texte préférez-vous et pourquoi ? Quelle sera votre responsabilité dans la construction d’une ville ? De l’urbanisme tactique à l’écologie urbaine, il y a différents moyens d’entrer en résilience, selon les vœux d’Isabelle Autissier. Quelle voie choisirez-vous ?

 

 

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