Les petites bêtes dans la ville

https://www.banquedumiel.org/installations.html

En dehors de milliers d’habitants qui peuplent les villes, de leurs milliers d’animaux domestiques, chats, chiens, oiseaux et autres bestioles, les villes sont peuplées de millions d’insectes, de coléoptères et autres espèces animales qui, la plupart, restent invisibles à notre regard.

Tim Ingold s’est penché pour observer de très près l’écorce d’un arbre. A partir d’une relecture de Jakob von Uexküll, il réfléchit sur la notion d’Umwelt, qui se rapproche de celle de milieu.

« Pour von Uexküll, l’Umwelt — c’est-à-dire le monde tel qu’il se constitue à travers la vie quotidienne d’un animal spécifique — doit être clairement distingué de l’environnement, terme par lequel il désignait le milieu naturel de l’animal tel qu’il se manifeste à un observateur humain indifférent. Nous autres être humains ne pouvons entrer directement dans l’Umwelten d’autres créatures, même si une étude minutieuse peut nous permettre d’imaginer ce à quoi il ressemblent. »

L’exemple du chêne abrite une multitude d’espèces, du renard à la fourmi en passant par l’écureuil et le scarabée pour aller vers l’infiniment petit des espèces qui évoluent dans un environnement à chaque fois différent. « Le même arbre occupe donc une place différente au sein des Umwelten respectifs de ses divers habitants » dit-il. « Mais il n’a aucune existence en tant qu’arbre pour aucun d’entre eux » ajoute-t-il. Une petite pause :

L’abeille est l’ambassadrice des espèces en voie de disparition. Parce qu’elle apporte douceur et vie, sa présence en fait un acteur de la transition urbaine plus emblématique que peut l’être le moustique. Cependant que l’éco-système a besoin de toutes et tous pour trouver son équilibre. Et ce que nous apprend Ingold est que chaque espèce n’a pas forcément conscience de l’existence de l’autre, ni conscience de l’environnement dans lequel chacun vit. Cependant, des liens d’interrelation pas forcément symétrique existent, ne serait-ce que parce que l’homme a besoin du  produit de l’abeille, alors que le contraire est moins vrai.

Le miel béton toulousain, sur http://www.toulouse.aeroport.fr/passagers/boutiques-services/boutiques/miel-beezou

Depuis plus d’une dizaine d’années, des associations proches de l’écologie initient à l’environnement écologique par la sensibilisation aux insectes. Les abeilles sont un bon moyen d’éduquer les populations, et la production de miel vient renforcer cette idée d’une interrelation asymétrique (même si aujourd’hui les abeilles ont besoin de l’homme pour entretenir leurs ruches). André Micoud s’est penché sur les lépidoptères dans nos villes qui pourraient être un bon indicateur de l’état de santé de nos villes.

Cela dit, Ingold en vient à affirmer que « la manière dont les êtres humains construisent le monde ne repose pas sur ce qu’ils sont, mais sur leurs propres conceptions et possibilités existentielle. »

Voilà pourquoi les représentations et les imaginaires autour de la ville sont aujourd’hui convoquées, car en cette période de crise et d’incertitudes profondes, nous avons besoin de renforcer nos croyances, quelles qu’elles soient.

Le Ngram du mot « ville » rebondit depuis  2009, comme nous pouvons le voir : la ville a le vent en poupe. L’emploi de ce terme est à son paroxysme en 1888. Cette remontée en flèche depuis dix ans pointe une réelle préoccupation.

Ngram de « ville », GoogleNgram

 

=> Tim Ingold, Marcher avec les dragons, Essais, Zones sensibles, 2013

=> André Micoud, « Place aux petites bêtes… », in Ethnologie française, vol. 40, 2010, pp. 669-671

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