Travail d’écriture

Caterine Reginensi et moi à l’occasion de la sortie de sa venue en France, le 22 janvier 2020.

 

Chaque matin, démarrer sa journée par un exercice d’écriture à la manière d’une gymnastique.

Consigne du jour : Le Matin…

Consigne 2 : Ce matin…

Ce petit changement devrait avoir des conséquences profondes.

Maki faisait remarquer qu’il avait commis une méprise en débutant son premier texte par « Ce matin » au lieu de « Le matin ». L’inversion d’une seule lettre m’a permis de pointer l’écart dont nous sommes toutes et tous victimes lorsque notre « cerveau », notre ça ou notre inconscient nous joue des tours. Sur cet exemple sans enjeu, on peut voir l’importance de la méprise lorsque les enjeux sont grands. Au quotidien, cela peut aller jusqu’à « pourrir » notre vie.

Bref, l’écriture révèle pas mal de chose sur nous-même et notre environnement. C’est peut-être cette réflexion qu’il faudrait mettre à profit dans le texte que Georges Perec écrivit en 1974. La Tentative d’épuisement d’un lieu parisien peut-elle nous aider à comprendre dans quel contexte l’écrivait oulipien circule ? A la faveur d’une phrase lancée à la volée, l’auteur raconte qu’il vient de voir Paul Virilio : « passage de Paul Virilio : il va voir Gatsby le dégueulasse au Bonaparte » (p. 45).

Que signifie cette affirmation, ce moment de connivence et de dérision à la fois. Perec se moque-t-il de Virilio et du roman de Scott Fitzgerald mis en image dans une version de 1974 de Jack Clayton  interprétée par Robert Redford. Ou simplement du film lui-même ?

Souhaite-t-il nous montrer qu’il connaît Virilio, parce qu’il s’est enquis de sa présence et de ses occupations ? Effectivement, il y a un lien entre ces deux hommes.

Paolo Fabri, professeur de sémiotique à Bologne, répond à notre interrogation :

« Après l’expérience radicale et soixante-huitarde – Virilio occupe la Sorbonne et le Théâtre de l’Odéon – et la désillusion qui en suit, il fonde la revue « Cause Commune » avec Georges Perec, marqué par la guerre comme lui. […] Mais surtout il souligne, avec Perec, l’Introduction de signes infra-ordinaires – ni ordinaires, ni extraordinaires – pour donner une langue et un sens à « l’anti-spectacle journalier dont les journaux ne parlent pas ». Même si Perec a adhéré dès 1967 à l’Oulipo, Virilio refuse de le réduire aux seuls jeux de langage et il montre du doigt la violence tragique qui habiterait aussi son propre travail. […] Espèces d’espaces de Georges Perec (1974) est le premier tome de la collection « L’Espace critique », que Virilio publie chez Galilée pour réfléchir à une nouvelle branche du savoir qu’il a appelé Dromologie. […] »

Voilà une complicité révélée en une seule phrase. La dromologie est un néologisme inventé par Paul Virilio pour définir ce discours « logos » sur la course « dromos » qui a été repris par les amateurs de néologismes.

Quoi qu’il en soit, l’exercice d’écriture, à la terrasse d’un café, de chez soi ou sur un banc offre des perspectives inépuisables…

 

=> Georges Perec, Tentative d’épuisement d’un lieu parisien, Christian Brougois éditeur, 1975

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