L’absurdité du monde : quant la ville bouge trop vite

Nouvelle forme de salariat, lorsque la sueur refait surface

 

Voilà ce matin un nouveau billet d’humeur de guillaume Erner, journaliste sur France culture, et docteur en sociologie.

L’humeur du jour de Guillaume Erner du 18 mai 2022 (transition Noël Jouenne)

« Dieu, délivrez-nous de la livraison. Si je dis Gopuff, Getir, Flink, Cajoo, Dija, Gorillas, Yango Deli, Le 7h14 Vite, cherchez l’intru. Alors oui, parmi ces drôles de noms, il n’y a que le 7h14 Vite qui ne soit pas le nom d’un service de livraison rapide. On s’en perd absolument dans ces services qui permettent de se faire livrer en dix quinze minutes des courses par des galériens en vélo. C’est le principal atout de Gopuff, Getir, etc.

Avoir modernisé les galères en demandant aux galériens de pédaler et non plus de ramer en portant un sac isotherme. Pour le reste il s’agit d’une activité complètement absurde comme le disent le journal Le Monde ou bien encore le Wall Street Journal. L’absurdité fondatrice c’est bien entendu qu’on a créé un service dont personne n’avait vraiment besoin : être livré de ses courses en dix quinze minutes, tout le monde en ville a la possibilité d’aller au Shopi du coin et à la campagne, de toute façon, ces services ne fonctionnent pas.

L’apparition de la ville du quart d’heure n’est pas une manière uniquement d’accroître la valeur pour l’actionnaire, c’est aussi et surtout une manière d’augmenter le malheur du monde en mettant la pression sur les livreurs. Mais ce n’est pas tout : aucune de ses sociétés n’est rentable. Non seulement ça ne sert à rien, ça met la pression durement sur les employés, mais ces sociétés ne gagnent pas d’argent. Leur modèle économique fait que Gopuff, Getir, Flink etc. peuvent indéfiniment perdre des millions. Seul le 7h14 Vite peut gagner de l’argent, mais c’est une autre histoire.

C’est toujours la même recette Baptiste : des dépenses marketing infinies, des investissements importants pour créer des entrepôts par exemple, et une demande faible. Au final, ces entreprises de livraison livrent des pertes. Gopuff voulait ainsi lever 1,5 milliard de dollars, finalement elle se contentera d’un pauvre petit milliard. Et en attendant, elle a déjà licencié 450 personnes. Le seul espoir des entreprises n’est pas de vendre des produits, c’est de se vendre les unes aux autres, bref, de se racheter. Seule manière pour elles de pouvoir gagner un jour de l’argent, gagner de l’argent pour les actionnaires bien sûr. Les Shadocks pompaient, ils étaient absurdes, maintenant Gopuff, Getir, Flink, Cajoo et les autres sont toutes aussi absurdes, mais ils pédalent. »

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