La ville de demain c’est maintenant

Quelle ville demain ? C’est la question que nous nous sommes posée hier au cours d’une réunion de travail de rentrée. Si l’on fait un rapide bilan des deux dernières années, la facture est lourde : crise sanitaire mondiale, guère en Ukraine, débordement du climat cet été… Avec pour conséquence des implications économiques, écologiques et sanitaires.


Cette accélération des « événements » questionne : s’agit-il d’un emballement ?

Yona Friedman, The human being explained to aliens, Ed. de l’Eclat, 2016

Jacques Neirynck au début des années 1980 publie un livre dans lequel il est question d’entropie et d’entropologie. Dans son introduction, Neirynck fait le constat suivant : « Après deux siècles de révolution industrielle, nous n’avons toujours pas réussi à élaborer un système économique qui soit à la fois adéquat aux techniques, approprié à l’environnement et respectueux de l’homme » (p. 6). Ce constat établi en 1986 reste non seulement valable aujourd’hui, mais les choses se sont dégradées davantage.

Par entropie, concept puisé dans la mécanique thermodynamique, ce principe évoque l’idée que « toute action entraine une dégradation dans le futur. » Et il ajoute que « plus l’homme technicien travaille localement à organiser la planète, plus il la désorganise globalement » (p. 7). Par exemple, les climatiseurs évacuent de la chaleur qu’il faut compenser par d’autres climatiseurs. La boucle ne s’arrête jamais. L’auteur expose plusieurs paradoxes issus du progrès technique qui, s’ils viennent pallier des difficultés contemporaines et temporaires, agissent comme autant d’éléments compromettant l’existence de notre espèce.

La réaction de la société a tendance à évacuer les paradoxes en niant les évidences. Nous sommes actuellement en plein dans ce que Neirynck nomme l’illusion technique à travers la transition écologique qui voudrait que l’on supprime les véhicules utilisant des ressources issus du pétrole pour les remplacer par des véhicules électriques, utilisant les ressources indirects des énergies fossiles, solaire, nucléaire, et ainsi sauver la planète (l’espèce humaine). Si dans une première intention, cette solution apparaît comme salvatrice, elle ne tient pas à long terme car les composants nécessaires à la fabrication des piles, notamment, ou des moteurs, sont rares, polluants, et limités en quantité. Leur extraction et leur transformation aboutissent à des techniques onéreuses qui ne seront pas disponibles pour tous les êtres humains de la planète. Seuls, une poignée d’élus, c’est-à-dire, des classes supérieures auront accès à ces engins.

Dans le même temps, la destruction de la nature par l’exploitation outrancière des mines de matériaux rares, la surexploitation de l’industrie, annulent les effets bénéfiques en accumulant des retombées négatives sur les hommes vivant de ces métiers, sur l’environnement immédiat, et participent directement ou indirectement au dérèglement climatique dont nous avons pu saisir l’ampleur cet été. Selon les études, la pollution tue indirectement 300 à 400 toulousains chaque année. La difficulté à obtenir des informations précises tient à la difficulté de corréler un ensemble complexe de données, mais aussi aux enjeux politiques qui y sont liés. La solution qu’adoptent de nombreuses villes est de construire une Zone à Faible Emission de CO2 et de particules fines afin d’essayer de régler le problème environnemental. Quelles seront les conséquences sur les populations captives (éloignées et pauvres) qui ne pourront s’offrir de « véhicule vert » ?

Nous proposons d’ouvrir le débat et d’engager une réflexion sur cette ville de demain qui arrive aujourd’hui.

=> Neirynck Jacques, Le huitième jour de la création. Introduction à l’entomologie, Presses Polytechniques et universitaires Romandes, 1986

=> Neirynck Jacques, Le huitième jour de la création. Un mode d’emploi pour la technique, 3ème édition, Presses Polytechniques et universitaires Romandes, 2005

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