Michael Kenna fait don de l’ensemble de son œuvre à la France

Remise en la décoration par Rima Abdul Malak, ministre de la Culture en novembre 2022

Un acte d’une étonnante générosité, qui transcende l’espace et le temps, puisque d’origine anglaise, et vivant à San Francisco, Michael Kenna a décidé de faire don de l’ensemble de son œuvre à la Médiathèque de Photographie et Patrimoine de Fort Saint-Cyr la semaine dernière. Une cérémonie organisée par le ministère de la Culture lors de laquelle la ministre lui a décerné la décoration d’Officier des Arts et des Lettres, haute distinction après celle de Chevalier des Arts et Lettres décernée en 2001 pour son travail sur les camps de concentration.

Par ce geste, Michael Kenna évoque son attachement à la France, et les nombreux travaux photographiques qu’il y a menés. Des retombées symboliques sont nombreuses, et j’en profite à mon tour, car dans ma modeste vie, j’ai pu accompagner Michael à travers l’industrie dentellière calaisienne à plusieurs reprises entre 1998 et 2000. J’avais pour mission de l’accompagner dans les entreprises en activités ou désaffectées que je connaissais, et j’étais en quelque sorte un intermédiaire. Je l’ai accompagné plusieurs fois dans ces entreprises, présentant son travail photographique aux ouvriers, tullistes, et mécaniciens, contremaîtres, afin qu’ils le laissent travailler tranquillement dans son coin. Michael restait seul dans les ateliers, cherchant la meilleure lumière ou un attrait pour une prise de vue. 

Je connaissais son travail sur les camps de concentration et sa vision de la photographie, très épurée, pure, aux prises en vue lentes, avec son Hasselblad et son 80 mm. Format carré. Il a gagné sa vie en travaillant pour de grandes marques de voitures et de produits de luxe. Sur son temps libre, il partait photographier les quatre coins du monde (43 pays visités). Arrivé à l’âge de la retraite, que va-t-il faire de son temps libre maintenant ? Sur le plan moral, je trouve que cette initiative préserve l’intégrité de son œuvre et évitera les querelles des ayants droit. Nous sommes aux antipodes de l’œuvre de Vivian Maier corrompue par un collectionneur et dont on ne verra probablement jamais plus de 1 %.

Cet acte est une leçon d’humanité, car ce regard singulier sur le monde doit être partagé. Beaucoup de ses photographies portent sur l’architecture, des villes industrielles, des usines, de paysages, etc. De quoi éveiller en chacun et chacune une sensibilité à la lumière et à la forme…

=> Michael Kenna

=> Le Figaro

Michael Kenna (photographies) Noël Jouenne (texte), Et la dentelle ! Histoire d’une ville : Calais, Paris : Marval, 2002, reliure d’art par Isabelle Lacheré, cuir, papier, tyvek, feuille d’or, 2018

Puisque l’on est à l’époque des congratulations et des auto-satisfactions, j’ai découvert que notre ouvrage Et la dentelle ! avait été l’objet prétexte d’une œuvre d’art qui, aujourd’hui, a transformé le livre en un objet de musée. Dorénavant, ce livre est inaliénable !

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