Constat

Gustave Courbet, Le ruisseau de la Breme, 1872

Pour reprendre les propos d’Aurélien Barrau, directeur du centre de physique de Grenoble, nous vivons la 6ème extinction des espèces.

Directeur du Laboratoire de Physique Subatomique et de Cosmologie du CNRS, Aurélien Barrau, né en 1973, est Professeur à l’Université Grenoble-Alpes. Titulaire de deux thèses, la première est soutenue à Grenoble en 1998 (à 25 ans), dans son domaine de prédilection, l’astrophysique sous la direction de Monique Rivoal, puis une seconde, soutenue à Paris 4 en 2016 (à 43 ans), en philosophie sous la direction de Marc Crépon. Entre-temps, l’astrophysicien soutient son HDR en 2004. Depuis 2006, il a dirigé huit thèses, et dirige actuellement deux thèses. C’est un chercheur reconnu qui a utilisé sa notoriété au service de l’écologie.

Une de ses premières apparitions sur la Toile a lieu le 7 mai 2013 dans le cadre du Salon du livre à Paris, où Aurélien Barrau vient présenter son livre intitulé : Big bang et au-delà, balade en cosmologie, paru chez Dunod. Une seconde apparition sur la Toile a lieu en 2014, alors qu’il vient présenter son métier et sa rate Calliope, au cours de deux minutes vingt de prise de parole dans une séquence offerte sur le thème : Venir présenter l’objet de mes recherches, de l’Université Jospeh Fourier. En octobre 2014, il donne une conférence sur Giordano Bruno à l’université Jean Jaurès de Toulouse. Nous retrouverons l’essentiel de son discours et de ses argumentations dans ses interventions ultérieures, ce qui montre une constance dans son discours.

Le 6 juillet 2016, Aurélien Barrau apparaît sur la Toile, lors d’une conférence à Roanne. Il site un texte par appris par cœur, c’est un acteur né. Il maîtrise les codes du langage et de la rhétorique. Il est vêtu d’une paire de bottines, d’un jean délavé, d’une chemise bleu clair ouverte et d’une veste blanche à deux boutons sur les manches. Difficile d’apprécier la marque ou la facture sur l’écran. Ses cheveux longs reposent sur ses épaules, il soigne son image. Il porte un pendentif qui représente une roue qui pourrait être un soleil ou une galaxie qu’il fait passer devant la chemise, pour le montrer. Chaque détail a son importance. Sur le revers de sa veste, une griffe en forme de rectangle, une poche zippée.

En novembre 2016, il donne une nouvelle conférence à la Villette, qui porte sur le big bang. Sa présentation commence de la même manière, en citant quelques verres d’Arthur Rimbaud. C’est un orateur de talent. Il choisit ses mots et le moment le plus pertinent pour les dire. Ses démonstrations reposent sur des démonstrations par l’absurde, l’évocation de faits et la question. Il utilise l’analogie, la métaphore, la comparaison, il cite de grands noms, des philosophes, des poètes, des scientifiques. Son texte (tout du moins la trame) est forcément préparé, travaillé, relu, amélioré, et appris par cœur.

Sa femme Cécile Renault (1970-2021) meurt d’un accident de la route le 5 avril 2021. D’après Wiki, ils s’étaient séparés en 2019. Elle-même est astrophysicienne, mais n’a jamais publié d’article en commun. Pour les personnages médiatique, l’intimité n’existe plus.

Bon orateur, se donnant régulièrement en spectacle, il articule les codes du théâtre et de la théâtralisation. Il a su composer une esthétique oratoire calquée sur la démonstration ex cathedra assortie d’un vocabulaire tantôt riche, tantôt désuet (hélas, certes, piètre), sur un ton péremptoire, en appliquant des liaisons désuètes « par rapport_aux », laisse penser qu’il a appris un texte par cœur. Son combat écologique débute vraisemblablement en septembre 2018. Il se dégage une certaine honnêteté de sa personne, peut-être même une certaine naïveté. Sa posture très travaillée, son look, en fait un personnage attachant et dérangeant. Sorte de trublion de service au service d’une cause, Aurélien Barrau s’attache désormais à conscientiser le monde sur les problèmes dont le monde est responsable. Le 14, la chaîne YouTube Thinkerview diffuse un entretien durant lequel Aurélien Barrau explique que nous arrivons au terme de la vie sur Terre. Cet entretien fait suite à l’appel de 200 personnalités pour sauver la planète, publié dans Le Monde le 3 septembre 2018.

L’appel, signé par des personnalités du show-business, des acteurs et des scientifiques médiatisés, débute par ce constat :


« Nous vivons un cataclysme planétaire. Réchauffement climatique, diminution drastique des espaces de vie, effondrement de la biodiversité, pollution profonde des sols, de l’eau et de l’air, déforestation rapide : tous les indicateurs sont alarmants. Au rythme actuel, dans quelques décennies, il ne restera presque plus rien. Les humains et la plupart des espèces vivantes sont en situation critique. »

Un constat : On ne peut pas ne pas savoir.

Voir son intervention au Café frappé de CentralSupelc du 28 novembre dernier intitulé : a-t-on encore besoin d’ingénieurs ?

=> En 1973, le réalisateur Jacques Doillon, accompagné de Gébé et de quelques hurluberlus, produisait un film intitulé L’an 01, qu’il serait peut-être bien de voir ou de revoir. On le trouve heureusement sur la Toile.

=> Aurélien Barrau, entretien avec Carole Guilbaud, Il faut une révolution politique, poétique et philosophique, Veules-les-Roses : Ed. Zulma, 2022

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