Thierry Pécou :  une écoute attentive de son œuvre  permet de retracer sa quête incessante tout autour du globe : les langues et l’imaginaire de l’Amérique précolombienne et des sociétés amérindiennes (Symphonie du Jaguar et la cantate Passeurs d’eau), les traces de l’Afrique et de l’Amérique (dans L’Oiseau innumérable), l’influence des cultures anciennes de la Chine et du Tibet, ou de la mythologie grecque. Ses œuvres les plus récentes ont été fortement inspirées par les nations autochtones nord-américaines, en particulier par les Navajos et par leurs rituels de guérison.

Son histoire familiale, ancrée au cœur des Antilles et de la Martinique, est un élément déterminant dans son cheminement artistique. « À présent, dit-il, le Caraïbe est avant tout pour moi un espace symbolique. C’est un espace de « créolisation », terme qui s’applique au mélange des cultures et que je préfère au métissage. »

Moderniste-Synthétique-Coloriste. Pour qualifier sa démarche, des musicologues à juste titres, ont parlé de so(u)rcier des sons ou de chaman coloriste ; sa musique est surprenante et exigeante, mais curieusement d’accès plutôt facile, à la fois tonale et atonale, rituelle (mais non répétitive), voire jubilatoire, certainement sensuelle (à la recherche de couleurs magiques et de sons inédits) ; son style (opposé à toute provocation post-sérielle) intègre tous les langages comme un melting pot, avec une recherche de la séduction qui attire.