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Lycée Camille Saint-Saëns - Rouen

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Résumé / analyse : Où vont les démocraties ?

Où vont les démocraties occidentales dans ce « 1er XXIe siècle » ?

ouvrage de référence :
Le Premier XXIe siècle – Jean-Marie Guéhenno (2021)
résumé (de JMG par JFG) + compléments (JFG)

1. Erreur d’analyse sur l’après Guerre froide (après 1989)

années 1990 :

on a interprété la défaite de l’URSS comme la victoire du camp Occidental (les démocraties)

or c’était faux… L’Occident n’a pas gagné. L’URSS s’est effondrée. Non pas victoire par KO mais plutôt par forfait de l’adversaire…

erreur 1 :

croire que la chute du mur de Berlin (novembre 1989)

= victoire Droits de l’Homme, de l’esprit des Lumières et de la Raison (universalisme kantien)

erreur 2 :

croire que mondialisation, c’est la victoire de l’économie libérale capitaliste

sans voir que la Chine communiste va être le grand vainqueur de cette mondialisation

erreur 3 :

croire à un Nouvel Ordre International (NOI) piloté par l’ONU (= multilatéralisme)

alors que les EU demeurent fondamentalement unilatéralistes (America first)

erreur 4 :

ne pas voir que le totalitarisme communiste est à peine mort que d’autres menaces émergent : nationalisme, fondamentalisme religieux, terrorisme, communautarisme

en réalité, la fin de la Guerre froide annonce :

= fin de la centralité de l’Europe (donc le début de sa marginalisation / affrontement EU – Chine)

= fin de son exemplarité (islamisme, wokisme, décolonialisme stigmatisent l’Occident coupable)

= fin de l’UE vue comme nécessaire rempart contre le totalitarisme soviétique

= réveil des nationalismes européens mis en sommeil par la menace ou la domination de l’URSS

==> en Occident, dès les années 2000 :

  • doute / démocratie parlementaire (déclin des partis de gvt et essor des populismes)
  • doute / progrès (économique et social) >> discours sur la décroissance et collapsisme
  • doute / mondialisation (alors que « l’idée même de monde est une idée européenne »)

L’Occident, qui a dominé le monde, a désormais peur du monde

et le monde n’a plus peur de lui :

« en perdant son passé, l’Occident perd son identité et finalement son avenir »

Question : le déclin de l’Occident annonce-t-il le déclin de la démocratie ?

————————

2. Echec de l’idéologie de l’individu comme socle de la démocratie

L’idéologie de l’individu tout puissant est une singularité de la civilisation européenne

(les autres civilisations préfèrent la communauté)

à l’origine de cette valorisation de l’individu, de la personne,
de la conscience individuelle : le christianisme ?

(thèse en débat)

équation occidentale à l’époque des Lumières (XVIIIe s.) :

Individu = Raison = Liberté et Vérité = Progrès = Bien

De cela on déduit les droits de l’homme
qui fondent l’idéal démocratique

Un problème cependant :

>> que fait-on ?

  • des inégalités entre les individus ? (naturelle, sociale, culturelle)
  • de l’autorité nécessaire à la société d’individus sur d’autres individus ?
  • de la constitution du collectif dans une société qui sacralise l’individu libre et autonome ?

faiblesse :

si l’individu est affranchi (libéré) de tout ou presque :

>> la religion

>> la famille

>> l’entreprise

>> le syndicat

>> le parti

>> la communauté

>> la nation…

n’est-il pas menacé par : l’anonymat, la solitude, l’absence de racines, d’identité, donc par le vide existentiel , la perte de sens ?

<==> l’homme du XXIe siècle

= un individu seul, sans valeurs héritées (passé), sans but et sans boussole,
sans autre projet que lui-même

mais paradoxalement il est obsédé par le regard des autres :

puisqu’il est vide, il ne peut exister que par ce reflet :
il est devenu un « avatar »

ALORS

==> tentation forte d’une « quête identitaire »,

d’une recherche de groupe, de « communauté »

 

3. Fin du clivage gauche / droite ?

(et des partis traditionnels qui incarnaient de clivage ?)

>> jusqu’au XVIIIe s. : une monarchie, une société d’ordre, inégalitaire et autoritaire (les 3 ordres)

>> depuis, de 1789 à 1989 :

un monde politique structuré :

  • par l’affirmation des Droits de l’Homme et du Citoyen (liberté/égalité)
  • par l’opposition gauche / droite : comment interpréter la mise en oeuvre de ces principes ?
Gauche

Droite

Progrès

changement, transformation

forces collectives

peuple

valeurs nouvelles, évolution, révolution

nouveau monde

Harmonie perdue

conservation, stabilité, permanence

individualisme

nation

valeurs héritées, traditions

monde passé

évolutions observées de 1789 à 1989 :

  • progrès de la démocratie
  • mise en avant des droits de l’individu
  • croissance économique
  • progrès social
  • développement de la « classe moyenne »
  • société de consommation
  • société de l’information
  • société de la protection
au moment des « Trente glorieuses » (1945-1975) :

un équilibre semble trouvé entre le libéralisme individualiste (chacun pour soi)
et la demande de protection sociale (tous pour tous) :

= concilier Etat-Providence (care) et capitalisme libéral (pro-business, self-made-man)

MAIS la crise du milieu des années 70 (2 chocs pétroliers 1973 et 1979)
remet en cause cet équilibre précaire :==> années 1980, Thatcher au RU et Reagan au EU :choix du virage ultra-libéral pour surmonter la crise (choc pétrolier, 3e industrialisation, mondialisation et délocalisations, désindustrialisation en Occident, chômage et crise sociale)

==> les écarts sociaux se creusent entre ceux qui s’adaptent à la mondialisation,

et ceux qui en sont les victimes : les « nouveaux pauvres ».

Rappel utile : les Restos du coeur sont fondés par Coluche (et Balavoine) en 1985.

à gauche ?

En 1989, la gauche occidentale social-démocrate (modérée) pense l’avoir emporté sur l’autre gauche (marxiste léniniste communiste collectiviste soviétique)

certains pensent alors possible une convergence entre libéralisme
et social-démocratie (droite progressiste et gauche modérée)

MAIS la décennie 1990-2000 révèle l’échec du projet social-démocrate (échec d’un capitalisme économique tempéré par un interventionnisme de l’Etat-providence pour protéger les plus faibles des excès du capitalisme)

==>

  • Etat ++ critiqué et méprisé / bureaucratie incompétente, inutile et nuisible
  • Etat ++ critiqué / principe de solidarité vis-à-vis des populations immigrées
  • Etat impuissant face à la mondialisation
  • Etat impuissant face à la désindustrialisation en Occident et à la disparition de la classe ouvrière
  • Etat impuissant face à la montée des communautarismesentre partisans de la mondialisation (libéraux) et opposants nationalistes ou souverainistes,le message social-démocrate universaliste ne passe plus.
    ==> déclin politique des socio-démocrates en Europe (exception en RFA en 2021)

à droite ?

elle est soudain privée (depuis 1989-1991) d’ennemis (communistes)

le culte de l’individu (et de la réussite individuelle)

correspond à la fin des grands combats collectifs (la paix, l’égalité, la démocratie, la liberté…)

MAIS sans société (polis), il n’y a plus de « politique » possible.

OR si la politique n’est plus un combat,

alors les partis politiques n’ont plus de raison d’être

Et de fait : les grands partis traditionnels se défont, s’effondrent, implosent…

ou sont investis par des personnalités populistes qui en prennent le contrôle :

Trump, Bolsonaro, Johnson

= la politique n’est plus guidée par des idées mais par des personnalités

qui misent sur le politiquement incorrect, le décalage, l’imprévisibilité et la fibre nationaliste

 

4. Renouveau de la politique ou fin de la politique ?

la nouvelle politique :

  • clivage gauche / droite annoncé comme dépassé
  • rationalisme démocratique ringardisé par les réseaux sociaux et le conspirationnisme

nouveaux axes promus par les extrêmes :

  • les peurs : du terrorisme, des migrants, de la disparition des traditions et des nations
  • les « post-vérités » (ou vérités alternatives = fake news) remplacent les vérités établies
  • la défiance / Etat (et surtout « l’Etat profond » : concept conspirationniste)

/ politique traditionnelle (partis, programmes, élections) : affirmation d’une dynamique double :

>> montée de l’abstentionnisme

>> radicalisation (aller aux extrêmes) de l’électorat (gros scores de Mélenchon et Le Pen en 2017)

La modération, l’analyse, la réflexion, l’esprit de conciliation (consensus)
sont perçus comme des faiblesses (les intellectuels sont inaudibles,
trop complexes dans un monde réclamant des solutions « simples et rapides »)

==> recherche du clivage, de la controverse,

du clash, du cash, du trash

du buzz, de l’insulte, de l’agression

= régression démocratique majeure :

CERTITUDE (je crois) + FORCE (je peux) > VERITE (je sais)

Le mensonge et la contradiction ne sont plus des handicaps

et la vulgarité devient un atout :

==> émergence d’une nouvelle figure de chef, de leader :

non pas le leader démiurge omnipotent (Staline, Hitler, Mussolini)

= guide du peuple (dimension mystique et politico-religieuse)

MAIS un chef miroir de la médiocrité de ses partisans : caricatural, trivial, excessif,

ET avec eux l’avènement d’une nouvelle génération de politologues

 

5. Est-ce le retour du fascisme ?

Non. C’est une nouvelle forme de populisme.

Contrairement au fascisme, qui glorifie l’Etat et le parti,

ici l’Etat est critiqué, dévalorisé,

accusé d’être le problème et non la solution.

le programme a peu désormais d’importance (contrairement au fascisme et au nazisme)

on ne propose pas de changer, d’innover, de transformer,

mais de conserver (l’identité)

= rester ce qu’on est, ne pas changer, ne pas accepter d’évolution ou de transformation

l’utopie identitaire remplace l’utopie de changement

la peur et la haine remplacent l’espoir d’un monde nouveau

les nationalismes du XXIe siècle (sauf en Chine)
ne sont pas impérialistes

car ils ne sont pas universalistes

(à l’inverse de la droite de R. Reagan

et la référence biblique à « la petite lumière sur la colline »

qui était universaliste

et croyait à la « destinée manifeste » des EU)

Ce sont des nationalismes identitaires, défensifs, de repli sur soi, d’enfermement

(en cela il y a un lien à faire avec la dynamique complotiste

= repli sectaire, victimaire et communautaire).

DONC, critique de :

  • démocratie libérale parlementaire (corrompue et impuissante)
  • libéralisme économique, ouverture des frontières et mondialisation (qui nous écrase)
  • universalisme des droits de l’homme (qui donne des droits à nos ennemis)
  • liberté de la presse (qui nous ment)
  • liberté de pensée (qui ruine notre morale)
  • liberté d’expression (qui fragilise nos valeurs)
  • liberté des moeurs (qui nous tue)
  • police impuissante
  • justice « laxiste et complice » du complot
  • Etat de droit (qui nous lie dans un moment exceptionnel où…)

Perspectives politiques logiques :

un régime nationaliste, autoritaire, antidémocratique, et anti-individualiste
(avec une dimension morale et religieuse à déterminer en fonction des circonstances
et dans l’intérêt du NOUVEAU POUVOIR).

 

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