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Lycée Camille Saint-Saëns - Rouen

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2.3.4.3. ECD : corrigé des 14 questions

  1. Qui est Dominique de Villepin ?
    Né en 1953 au Maroc, diplomate, écrivain, avocat et homme d’État français. Considéré comme un visionnaire pour son discours à l’ONU en 2003, expliquant pourquoi la France ne participerait pas à la guerre d’Irak. Proche collaborateur de Jacques Chirac. Il est successivement ministre des Affaires étrangères entre 2002 et 2004, puis de l’Intérieur de 2004 à 2005 dans les gouvernements de Jean-Pierre Raffarin, avant d’être nommé Premier ministre par le président Chirac en mai 2005.
  2. Qu’est-ce que le Conseil de sécurité de l’ONU ?
    Le Conseil de sécurité des Nations unies est l’organe exécutif de l’ONU. Il a « la responsabilité du maintien de la paix et de la sécurité internationale » et dispose de pouvoirs tels que l’établissement de sanctions internationales et l’intervention militaire. Il est composé de 15 membres dont 5 membres permanents (Chine, Russie, Etats-Unis, France, Royaume-Uni)
  3. Qui souhaite une guerre contre l’Irak en 2003 ? Pour quelles raisons ?
    Les Etats-Unis (et leurs alliés, dont le R-U et la Turquie : voir carte). L’argumentaire des E-U présenté au CS de l’ONU par Colin Powell, secrétaire d’Etat des E-U (= ministre des affaires étrangères) est que l’Irak possède des armes de destruction massive et abrite les terroristes d’ Al-Qaeda.
  4. Quelle est la situation géopolitique de l’Irak en 2003 suite à la Guerre du Golfe de 1991 ?
    La situation est politiquement et humainement catastrophique. Saddam Hussein est toujours au pouvoir. Il a massacré les populations chiites du Sud-Est de l’Irak, et gazé les populations kurdes au Nord. Les sanctions internationales ont réduit les populations civiles à la misère.
  5. Pourquoi DdV dit-il qu’il faut « préserver l’unité de l’Irak » (quels sont les enjeux géopolitiques) ?
    Car si l’Irak explose et/ou sombre dans la guerre civile, c’est la sécurité dans l’ensemble du Moyen-Orient qui sera menacé. Une remise en cause de l’intégrité territoriale ouvrirait la voie à d’autres guerres. Et l’explosion de l’Irak servirait d’abord les intérêts de l’Iran, une république islamiste qui cherche déjà à se doter de l’arme nucléaire avec le projet avoué de détruire Israël.
  1. Quelle est la nature de la menace si l’on se rapporte aux objectifs des « inspections » menées par l’ONU après la Guerre du Golfe de 1991 ?
    Guerre chimique et guerre bactériologique (la fiole que montre Colin Powell au CS de l’ONU est censée contenir de l’anthrax : bacille provoquant une maladie infectieuse mortelle).
  2. Quels arguments DdV utilise-t-il pour affirmer que la guerre n’est pas le plus court chemin vers la paix ?
    D’abord parce que « la guerre est toujours la sanction d’un échec ». Et ensuite parce que construction de la paix après la guerre sera un chemin « long et difficile ».
  1. Quelle a été la position officielle de la France sur cette question d’une 2de intervention militaire en Irak en 2003 ?
    La France a condamné cette intervention. Elle avait auparavant menacé d’utiliser son droit de veto au CS de l’ONU en cas de vote majoritaire (8/15 au moins) en faveur d’une intervention en Irak.
  2. Comment les États-Unis ont-ils accueilli ce choix géopolitique ?
    Très mal. Une violente campagne anti-française s’est développée aux Etats-Unis (french bashing). En oubliant qu’avec la France, il y avait l’Allemagne, la Russie et la Chine.
  3. Quelle stratégie ont-ils finalement adoptée ?
    Y aller sans mandat de l’ONU. Mais avec une coalition incluant entre autres le Royaume-Uni, l’Australie, l’Italie, l’Espagne, le Portugal, les Pays-Bas, la Pologne, la Turquie et l’Ukraine (voir carte).
  4. Les arguments qu’ils ont avancés pour justifier une intervention étaient-ils valables ?
    Non. Aucune arme de destruction massive trouvée. 10 ans plus tard, Colin Powell a « plaidé non-coupable » devant l’histoire.
  5. Quel bilan peut-on tirer aujourd’hui de cette 3e Guerre du Golfe (Irak 2003-2011) ?
    Un bilan extrêmement négatif. Guerre civile en Irak. Implantation des islamistes d’Al-Qaeda, mais aussi ceux de Daesh (califat d’A. B. al-Baghdadi). Confusion dans l’esprit des populations arabes entre E-U et Occident (le refus de la France a été oublié au MO). Scandale politique et moral de la torture organisée par les E-U. Le départ des E-U en 2011 fut un aveu d’échec, mais aussi un choix cynique et égoïste de l’administration Obama. Une grande déception pour ses soutiens.
  6. En quoi ce bilan a-t-il pu influencer la position des EU de Barak Obama sur la question d’une intervention dans guerre civile en Syrie (depuis 2011) ?
    Barak Obama avait suscité des espoirs dans le monde avec son discours du Caire (2009). Mais après le retrait des troupes américaines en 2011 (annoncé dans son programme en 2008) et les difficultés d’un retrait des troupes américaines d’Afghanistan (intervenu dans des circonstances catastrophiques en septembre 2021 sous la mandat de J. Biden), Obama ne souhaite pas ouvrir un nouveau front au MO. C’est pourquoi, bien qu’ayant menacé B. el-Hassad (Syrie) d’une intervention en cas d’utilisation d’armes chimique contre ses populations, il recule finalement, abandonnant au passage la France qui souhaitait une intervention militaire conjointe.
  7. Résumez brièvement la situation politique en Irak en 2022.
    Eh bien…

2.3.4.2. Étude critique de document

La France s’oppose en 2003 à une intervention militaire de l’ONU en Irak

lien essentiel pour comprendre les enjeux de ce discours :

https://www.arte.tv/fr/videos/074567-011-A/les-grands-discours-dominique-de-villepin/

 Les grands discours : Dominique de Villepin – Non à la guerre d’Irak

Le 14 Février 2003, au sein du Conseil de Sécurité de l’ONU, Dominique de Villepin refuse d’engager la guerre contre Saddam Hussein portée par les États-Unis et la Grande-Bretagne. D’une voix claire et posée, il prononce un puissant discours pour la paix. Malgré tout, ces mots n’auront pas empêché le conflit d’avoir lieu.
L’ONU est sans doute l’un des temples fameux des discours de notre siècle. C’est ici à New-York que les chefs d’États et leurs représentants unissent ou dissocient leurs voix.
Février 2003, à la table du Conseil de sécurité, deux camps s’opposent au sujet de l’Irak : celui de la guerre contre Saddam Hussein portée par les États-Unis et la Grande-Bretagne, et celui de la paix dont la France prit la tête. Le 14 février, le ministre des Affaires étrangères français, Dominique de Villepin, trace par les mots un chemin vers une solution pacifique et se fait ainsi le porte-parole des nations et des peuples opposés à cette guerre. Malgré tout, le conflit aura lieu et quatorze ans après, comme le prédisait le ministre français, la paix reste encore à construire.
Quels ont été les dessous de cette bataille diplomatique ?
Pourquoi ce discours résonne-t-il encore à l’ONU aujourd’hui ?

Réalisation : Jean Bulot (France, 2017)
disponible jusqu’au 30 juin 2022 (?)


En bleu, les Etats participant à la coalition américaine favorable à une intervention en Irak en 2003


QUESTIONS préparatoires :

  1. Qui est Dominique de Villepin ?

  2. Qu’est-ce que le Conseil de sécurité de l’ONU ?

  3. Qui souhaite une guerre contre l’Irak guerre ? Pour quelles raisons ?

  4. Quelle est la situation géopolitique de l’Irak en 2003 ?

  5. Pourquoi DdV dit-il qu’il faut « préserver l’unité de l’Irak » (quels sont les enjeux géopolitiques ?) ?

  6. Quelle est la nature de la menace si l’on se rapporte aux objectifs des « inspections » menées par l’ONU après la Guerre du Golfe de 1990-1991 ?

  7. Quels arguments DdV utilise-t-il pour affirmer que la guerre n’est pas le plus court chemin vers la paix ?

  8. Quelle a été la position officielle de la France sur cette question d’une 2de intervention militaire en Irak en 2003 ?

  9. Comment les États-Unis ont-ils accueilli ce choix géopolitique ?

  10. Quelle stratégie ont-ils finalement adoptée ?

  11. Les arguments qu’ils ont avancés pour justifier une intervention étaient-ils valables ?

  12. Quel bilan peut-on tirer aujourd’hui de cette 3e Guerre du Golfe (Irak 2003-2011) ?

  13. En quoi ce bilan a-t-il pu compter dans la position des EU de Barak Obama sur la guerre civile en Syrie (depuis 2011) ?

  14. Quelle est la situation politique en Irak en 2022 ?

Consigne :

Après avoir rappelé le contexte géopolitique de l’Irak en 2003, vous analyserez les raisons et les enjeux liés au refus de la France de s’aligner sur la position des EU, puis les conséquences de cette 3e guerre du Golfe jusqu’à aujourd’hui.

2.3.4.1. Les deux Guerres du Golfe : les faits

Cours : manuel Nathan p. 154-155, II et III

Jalon (documents) : p. 162 à 165

à voir 2 extraits vidéo d’un documentaire intitulé « La Guerre au nom de Dieu », épisode 2 (1989-2011) – diffusé sur LCP. Dans ce documentaire, la guerre Iran-Irak (1980-1988) est appelée « 1ère guerre du Golfe », et donc la 1re guerre du Golfe (1990-1991) devient la 2e et la 2e Guerre du Golfe (2003) devient la 3e…

+ Documentaire en 3 épisodes disponibles sur Youtube : diffusé en 1997
(très pro-américain)

épisode 1 : https://www.youtube.com/watch?v=qN003QI81aw

épisode 2 : https://www.youtube.com/watch?v=C2nJ5kTjcJY

épisode 3 : https://www.youtube.com/watch?v=n1GqX7ZhQvs

chronologies :

« à lire » : Comment l’année 1979 a bouleversé l’histoire de l’islam

Comment l’année 1979 a bouleversé l’histoire de l’islam

par Jean-Pierre Filiu

https://www.lemonde.fr/le-monde-des-religions/article/2022/10/15/comment-l-annee-1979-a-bouleverse-l-histoire-de-l-islam_6145927_6038514.html?random=1156579917

L’année 1979 représente un tournant majeur pour l’histoire de l’islam contemporain,
avec, bien sûr, la révolution iranienne,
mais aussi la paix israélo-égyptienne,
les attaques d’ambassades américaines,
le soulèvement de La Mecque
et l’invasion soviétique de l’Afghanistan.

Le 11 février 1979, la première révolution islamique de l’histoire triomphe en Iran du régime du Shah et de sa prétendue « quatrième armée du monde », après quelques mois d’intenses manifestations. La puissante ambassade d’Israël est occupée et, transformée en « ambassade de Palestine », elle est remise au représentant du chef de l’Organisation de libération de la Palestine, Yasser Arafat (1929-2004), à Téhéran. Dans le monde musulman, toute une génération de militants anti-impérialistes, subjugués par la victoire de l’ayatollah Khomeyni (1902-1989), passe du marxisme le plus intransigeant à l’islamisme le plus radical.

Le 26 mars, le premier ministre israélien, Menahem Begin (1913-1992) et le président égyptien, Anouar El-Sadate (1918-1981), signent, à Washington, un traité de paix âprement négocié sous l’égide du président Jimmy Carter. Israël remporte une triple victoire : symbolique, par la reconnaissance formelle et l’établissement de relations diplomatiques avec l’Egypte, le plus important pays arabe ; stratégique, avec la neutralisation de son plus formidable adversaire ; politique, avec l’éclatement du camp arabe, incapable d’une solidarité active avec la population palestinienne des territoires occupés depuis 1967.

Sadate obtient une considérable aide américaine, qui lui permet de liquider l’héritage de Nasser au profit d’une classe de « nouveaux riches », pro-occidentaux et volontiers islamisants. La restitution du Sinaï, occupé par Israël depuis 1967, est programmée en trois phases, de 1979 à 1982.

Mais l’Égypte est exclue de la Ligue arabe, dont le siège quitte Le Caire pour se transférer à Tunis. Carter, qui n’ambitionnait rien de moins que la réconciliation des « fils d’Abraham », doit se contenter d’une paix partielle, qui sanctuarise Israël, marginalise l’Égypte et conforte partout les « faucons », partisans de la manière forte.

Le 1er avril, la République islamique est proclamée en Iran, au lendemain de son approbation à 98 % par un référendum tenu sans isoloir et avec un seul bulletin de vote. De fait, chacune des composantes politiques a une interprétation différente de cette nouvelle forme de république, sans mesurer à quel point « l’imam Khomeyni » est déterminé à instaurer un pouvoir sans partage.

Le 4 novembre, les « étudiants de la ligne de l’imam » prennent d’assaut l’ambassade des Etats-Unis à Téhéran, qualifiée de « nid d’espions ». Dans une mise en scène humiliante, ils paradent leurs soixante-six otages américains les yeux bandés. Pour les « khomeynistes », la crise ainsi ouverte permet de faire taire toute dissidence intérieure. Ils imposent ainsi, le mois suivant, une Constitution qui fait de la République islamique un système théocratique (mode de gouvernement dans lequel le pouvoir est censé émaner directement de Dieu).

Le 20 novembre, premier jour du XVe siècle dans le calendrier musulman, un groupe d’insurgés millénaristes s’empare de la Grande Mosquée de La Mecque. Leur chef proclame être le Mahdi (« le bien guidé », nom que les musulmans donnent à celui qui viendra restaurer la religion et la justice), dont l’apparition est censée ouvrir le cycle de la fin des temps. Les autorités saoudiennes imposent le black-out sur ce sacrilège et de folles rumeurs se répandent sur une occupation du lieu le plus sacré de l’islam par l’armée américaine.

Ces rumeurs jettent des milliers de manifestants dans les rues d’Islamabad, au Pakistan, où l’ambassade des États-Unis est saccagée par les émeutiers, le 21 novembre. Deux Américains, dont un marine, sont tués dans l’assaut, et seule l’intervention héliportée de l’armée pakistanaise met un terme aux cinq heures de siège, parvenant à dégager les 140 agents de l’ambassade (diplomates américains et employés locaux).

Le siège de La Mecque se prolonge durant deux semaines. Les insurgés ne cèdent qu’après l’intervention de commandos français du GIGN, qui déversent des gaz incapacitants dans le sanctuaire. Le bilan officiel (127 morts dans les rangs des forces de sécurité et 117 chez les rebelles) est sans doute sous-évalué.

Jamais le royaume saoudien n’a paru aussi vulnérable. Soixante-trois rebelles sont décapités peu après, au cours d’exécutions publiques organisées dans les principales villes du pays. Vingt-deux des suppliciés sont des étrangers arabes, premier signe de l’apparition d’une internationale de la subversion extrémiste.

De son côté, l’Afghanistan est, depuis avril 1978, dirigé par le parti communiste local, le Parti démocratique du peuple afghan (PPDA), avec le soutien de Moscou. L’URSS fournit un soutien militaire important contre les différents soulèvements islamistes (notamment à Hérat), mais ses conseillers politiques doivent surtout apaiser les luttes de factions implacables au sein du PPDA. Elles s’aggravent à l’automne 1979, au point que, le 27 décembre, l’Armée rouge intervient directement pour éviter l’effondrement du régime communiste.

Les commandos soviétiques éliminent le maître de Kaboul, Hafizullah Amin, pour installer à sa place leur homme lige, Babrak Karmal (1929-1996). L’URSS prend le contrôle des grands axes du pays, alors que l’invasion des « infidèles » provoque une levée en masse du djihad insurgé, sous la conduite de commandants charismatiques, tel Massoud (1953-2001).

Les secousses de 1979 laissent des séquelles profondes dans le monde musulman. L’islam politique supplante le nationalisme anti-impérialiste comme force la plus à même de s’opposer aux États-Unis et à Israël. Mais, en Iran, la révolution islamique va, avec la guerre contre l’Irak, durcir sa dimension chiite, aggravant un conflit de nature communautaire au sein de l’islam. L’Égypte, marginalisée par la paix avec Israël, et l’Arabie, déstabilisée par le soulèvement de La Mecque, trouvent dans le djihad antisoviétique en Afghanistan une cause authentiquement « islamique », qui leur permet de faire oublier leurs compromissions avec les États-Unis.

« Rien. » C’est ce que le « signe de Dieu » (traduction littérale d’ayatollah) a répondu au journaliste français qui lui demandait : « Que ressentez-vous ? » lors de son retour triomphal à Téhéran, en février 1979. Cette absence troublante de sensibilité a permis à Ruhollah Khomeyni, né en 1902, d’aller bien au-delà de sa brillante carrière théologique, qui l’avait déjà amené au sommet de la hiérarchie cléricale, avec le titre de « grand ayatollah ».

Opposant déterminé aux options modernisatrices de Reza Chah Pahlavi (1919-1980), il est emprisonné en 1964 pour avoir condamné les privilèges extraterritoriaux accordés par le régime iranien aux milliers de conseillers américains. Brièvement exilé en Turquie, il réside ensuite, de 1965 à 1978, dans la ville sainte chiite de Nadjaf, en Irak. Sa collaboration avec l’ayatollah Bagher Sadr, chef de file de la contestation chiite à la dictature de Saddam Hussein (1937-2006), l’amène à formaliser le concept d’une théocratie placée sous le « gouvernement du juge religieux » (velayat-e faqih).

L’agitation révolutionnaire qui secoue l’Iran trouve en lui sa référence, d’autant plus idéalisée qu’elle est exilée. Saddam Hussein convainc le président Giscard d’Estaing (1926-2020) d’accueillir le très encombrant Khomeyni dans la banlieue de Paris pour quatre mois. C’est dans un avion français que l’ayatollah revient à Téhéran, acclamé par des millions de manifestants.

Le régime du Chah s’écroule peu après et Khomeyni fait approuver par référendum la constitution d’une République islamique. Ce système inédit instaure deux niveaux de pouvoir, les instances élues au suffrage universel étant en fait soumises à l’arbitrage ultime du Guide Khomeyni.

La prise d’otages à l’ambassade des États-Unis et la guerre déclenchée par Saddam Hussein en 1980 alimentent un climat de crise permanente, à la faveur duquel Khomeyni élimine successivement ses alliés libéraux, nationalistes ou communistes, avant de se retourner contre les religieux qui ne lui sont pas inféodés. Car les ayatollahs chiites sont très majoritairement opposés au principe même d’une République islamique : aucun pouvoir ne peut, selon eux, être pleinement légitime avant le retour du douzième imam, le Mahdi, « occulté » depuis un millénaire.

La répression féroce à l’intérieur de l’Iran s’accompagne d’un terrorisme spectaculaire au Liban, mais aussi en France, pour « punir » Paris de son soutien militaire à Bagdad. En 1988, Khomeyni accepte un cessez-le-feu avec l’Irak, qui ne respecte pourtant aucune de ses exigences antérieures.

Le dernier coup d’éclat de l’ayatollah est la fatwa qu’il lance contre Salman Rushdie, l’auteur des Versets sataniques. Décédé en 1989, Khomeyni fait l’objet d’un véritable culte autour du mausolée monumental qui lui fut bâti dans la banlieue sud de Téhéran.

Un Saoudien né en 1957, séduit par l’épopée du djihad, va s’installer au Pakistan et lever des fonds dans le Golfe au profit de cette cause, son prestige croissant étant à la mesure de sa générosité. Son nom est Oussama Ben Laden.

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Cet article a initialement été publié en juin 2015 dans le hors-série du Monde des religions nº 24, « Les 20 dates clés de l’islam ».

Jean-Pierre Filiu (Professeur des universités à Sciences Po)

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