Chers parents d’élèves…

article rue89Vous avez tous déjà lu cette tirade qui a fait sensation sur la toile hier: Chers parents d’élèves, vous nous emmerdez. Le ton y est volontairement trash afin de susciter la réaction, mais le fond n’en pose pas moins question.

Je le constate dans ma pratique quotidienne du professorat, les relations avec les parents sont de plus en plus difficiles et les parents apportent plus que jamais les soucis de leur famille à l’école. Oui, les parents, parce qu’ils ont tous été élèves à l’école, pensent mieux connaitre notre métier que nous. Oui, ils prennent le plus souvent parti pour leurs enfants contre l’équipe pédagogique, attaquant ainsi inexorablement notre crédibilité et notre autorité. Oui, l’autorité administrative ne nous encourage pas à tenir bon face à cette tempête, mais plutôt à courber l’échine. Oui, cela est parfois très désagréable à vivre et même franchement décourageant. Je comprends donc le cri de colère qu’a voulu soulever notre collègue enseignante. Je tempérerais cependant en rappelant que non, ce ne sont pas tous les parents et, surtout, si au moins tous les parents, sans devenir aussi envahissants, pouvaient s’intéresser un tant soit peu à la scolarité de leur enfant et daigner répondre à nos nombreuses demandes de prise de contact. Car n’oublions pas qu’il vaut mieux un parent qui nous em***de qu’un parent absent. Enfin bref.

Il faut cependant être lucide. La société est de plus en plus individualiste et consommatrice de service. Nous ne sommes, pour les parents, qu’un service de plus qu’ils paient (indirectement) pour s’occuper de leur si chers enfants. On les a éduqué à être très exigeant pour tout ce qui touche à leurs enfants (c’est ainsi que la société juge si vous êtes un bon parent ou non) et nous pâtissons clairement de ce changement culturel évoluant vers le si fameux culte de l’enfant roi.  Nous ne pourrons pas lutter à notre niveau contre ce mouvement sociétal de fond. Les choses vont donc être, très logiquement, de pire en pire.

Nous ne changerons pas les parents, mais quand changerons-nous enfin les enseignants afin de les adapter à cette nouvelle situation ?

Si la société et donc l’état veut que les choses fonctionnent désormais ainsi, que les enseignants travaillent pour des parents-clients exigeants et aient à leur rendre des comptes (avoir une activité continue de communication à destination des parents) et à leur proposer des services (aide aux devoirs, suivi des activité en temps réel, …), il va falloir que les missions des professeurs changent, que l’on nous dégage du temps pour ces nouvelles missions et que l’on nous y forme sérieusement ! Si notre métier change, il va falloir également revaloriser nos salaires, mais surtout, puisqu’il nous faudra plus de temps pour nous occuper des parents, ce sera au détriment des enfants et il faudra donc embaucher plus d’enseignants pour compenser. Difficilement imaginable en période de disette budgétaire ?

bonnet aneLa seule alternative crédible serait de sacraliser l’école et de définir dans quelles conditions les parents pourront interagir avec. Bouter les parents hors de l’école il n’en est pas question, cela ne fonctionnerait pas et ne serait pas bénéfique pour les enfants. Il faut au contraire une véritable relation de confiance entre le parent et l’école afin que chaque parent se sente intégré à l’équipe pédagogique. Cela pourra établir clairement ce que les enseignants doivent aux parents et ce que les parents doivent aux enseignants, quelles sont les modalités de fonctionnement de cette nouvelle relation et tracer une belle ligne jaune que les parents ne devront pas dépasser.

Bref, à quand un cahier de suivi des parents avec une amende au bout de trois punitions contestées ?

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