Écrit 1

L’interculturalité est une notion, un concept, dont nous sommes tous aujourd’hui les acteurs et les véhicules. La mondialisation, la circulation des informations et des individus ont amené ces derniers à voir leur monde comme plus petit, plus accessible et ainsi moins inconnu. Pourtant, malgré la possibilité d’aller à la rencontre de l’autre et d’accéder à sa culture, il est possible d’observer que les sociétés on encore du chemin à parcourir en ce qui concerne les représentations de l’autre, l’acceptation de la différence et cela représente, notamment pour le personnel éducatif, un challenge important. Avant de commencer la préparation au concours du professorat des écoles, j’ai toujours été sensible à l’interculturalité grâce à une diversité de pratiques comme la musique, le sport mais également grâce aux supports interculturels que sont le cinéma, la littérature, les médias radiophoniques et internet,… Entrevoir une étude approfondie de l’interculturalité nécessite ainsi pour moi de définir une terminologie précise. Pour cela nous allons nous appuyer sur le tableau de Christian PUREN, «La compétence culturelle et ses composantes», qui définit avec précision le vocabulaire utile pour aborder avec précision notre sujet sur l’interculturalité.
J’ai choisi pour débuter mon travail préalable d’ercapp de m’intéresser aux supports de l’interculturalité et de l’application possible de ceux-ci à l’école primaire. J’ai déjà pu entrevoir cela grâce au stage de pratiques accompagnées dont je vais expliciter dans le développement les caractéristiques et les pratiques observées. A l’issu de ce stage et concernant mon questionnement problématique au cours des précédentes séances d’ercapp, je suis arrivé à ces réflexions :

Quels sont les supports de l’interculturalité ? Comment peut-on faire une utilisation judicieuse de ceux-ci en école primaire ? Y-a-t-il des supports favorisant la découverte de l’autre pour dépasser l’approche méta-culturelle ?
Nous allons voir en quoi il est nécessaire d’étudier en prédicat les différents supports disponibles pour une approche interculturelle à l’école. J’aborderai ensuite ce que j’ai pu observer ou pratiquer en stage en lien avec une approche interculturelle et les supports disponibles à cette approche.

Nous sommes entourés au quotidien de produits, de médias et de supports issus de différentes cultures. La mondialisation des transports mais également des flux de communications comme internet, que l’on considère comme une révolution mondiale, ont favorisé la diffusion de certaines cultures mais également le déplacement des individus dans le monde. Ainsi, depuis les études d’ethnologues comme Claude Lévi-Strauss dans Tristes tropiques, qui analysait la non-supériorité de civilisations et de cultures par rapport à d’autres, le monde s’est désenclavé. Malgré la disparition de certaines de ces cultures, les rapports entre les groupes sociaux se sont étendus et nous pouvons parler aujourd’hui de sociétés pluriculturelles. Cependant, la recherche de sa place dans la société et le besoin d’appartenance à un groupe social mènent parfois les individus à rejeter l’autre qui représente la différence, l’inconnu. Le double enjeu présent ici et plus particulièrement à l’école primaire est de créer une culture commune pour lier les individus ; à l’école, par l’enseignement moral et civique par exemple ; mais également d’ouvrir notre culture vers les autres et créer la curiosité chez les enfants et les jeunes par le volet éducatif. Pour agir en ce sens à l’école, il est nécessaire d’identifier mais également de mettre en valeur les supports disponibles pour développer l’interculturalité. Plusieurs supports sont aisément identifiables et tout personnel de l’éducation nationale les utilise au quotidien.
L’oralité est le premier vecteur de l’interculturalité. Sans revenir dans le détail sur les travaux de Ferdinand de Saussure et son étude sur le système langagier, il est cependant nécessaire de constater que l’échange premier entre les individus passe par le vocal et l’écoute. Le premier pas interculturel vers l’autre passe donc par le langage conceptualisé ici comme pont possible entre élément commun à l’ensemble de l’humanité et pourtant si divers dans sa construction et ses spécificités. Le rôle d’un enseignant est donc fondamental dans la construction langagière chez l’élève pour que celui-ci puisse être compris et acteur de l’interculturel.
Un autre vecteur est celui de l’écrit. L’acte de lecture est également un puissant moteur pour l’interculturalité. En effet, depuis l’invention et la diffusion de l’écriture, la géographie interculturelle a pu s’étendre. Le développement et la diffusion exponentielle de l’écrit grâce notamment aux nouvelles technologies permet à tous d’avoir accès aux écrits de cultures diverses. A l’école, l’utilisation du support écrit comme vecteur interculturel passe par exemple par le conte. L’aspect ludique du conte et ses codes identifiables par les enfants permet à ces derniers d’avoir accès à des histoires intégrant des éléments culturels d’autres pays, de les identifier et d’imaginer des pratiques et modes de pensée différents des leurs. Cette approche peut-être identifiée comme méta-culturelle selon l’article de Christian Puren qu’il définit comme la « Capacité à mobiliser les connaissances culturelles acquises et extraire de nouvelles connaissances culturelles à propos/à partir de documents authentiques représentatifs de la culture étrangère consultés en classe ou chez soi ».
Dans ce même type d’approche, d’autres supports peuvent être identifiés comme intégrant le volet méta-culturel. Je pense par exemple au pictural et au sonore. Les arts visuels et la musique mettent en effet en évidence des supports ludiques présentant un fort intérêt quant à leur portée interculturelle. Ils permettent de créer de nombreuses inférences chez l’enfant et d’imaginer l’inconnu à travers une création artistique. Ainsi, sa propre représentation est bousculée par l’utilisation d’un support à forte valeur ludique. Le travail de l’enseignant est alors de mettre des mots et d’enrichir le vocabulaire de l’enfant pour qu’il puisse articuler ses représentations et habituer ses yeux et ses oreilles à la découverte de différentes cultures. L’audiovisuel dans une plus large mesure est un vecteur d’interculturalité très utilisé chez les enseignants pour susciter le questionnement et la curiosité chez les élèves. Il va maintenant être utile de voir comment mon stage de pratiques accompagnées m’a permis d’observer l’utilisation des supports de l’interculturalité et comment j’ai pu moi-même les utiliser.

Durant mon stage, qui s’est, au préalable, très bien passé;j’ai eu très peu d’éléments d’observation disponibles ayant trait au volet interculturel. Mon questionnement étant basé sur les supports de l’interculturalité, c’est donc moi qui ai conduit des séances intégrant le volet interculturel. Le temps d’observation qui m’a permis d’identifier une approche vers l’autre et mettant en évidence les concepts de culture commune et de représentation de l’autre concerne les événements tragiques qui se sont déroulés à Paris le treize novembre 2015. En effet, cette situation très singulière dans la société française et de surcroît dans la vie d’un écolier à mobilisé chez les stagiaires et les enseignants de multiples réflexions quant à l’élaboration d’une transmission d’une tragédie devant se faire de manière éthique et responsable. Nous avons donc travaillé avec l’enseignante sur la constitution d’un document empruntant à divers magazines (astrapi, le petit quotidien) pour parler des attentas et de la situation en France pour dissiper les peurs éventuelles des enfants (cycle 3, classe de Cm1) et leur expliquer en intégrant leurs questionnements ce qu’il s’était passé en France. La difficulté étant que ceux-ci évitent les amalgames ou la diffusion de rumeurs concernant le drame.
Pour revenir à ma pratique directe et l’élaboration de séances à valeurs interculturelles, j’ai pu faire trois séances d’éducation musicale qui m’ont permis d’étudier un chant africain « Makotoudé », et d’intégrer à travers la pratique de percussions des éléments de culture africaine. Par le support sonore, j’ai ainsi pu recueillir les impressions des élèves sur des éléments musicaux qui leur sont étrangers et leur faire découvrir par la musique de nouvelles représentations culturelles.

Désormais, certains questionnements restes pour moi en suspens : Quels sont les supports les plus pertinents pour aborder l’interculturalité avec les élèves ? L’interdisciplinarité est-elle la meilleure solution pour mettre en valeur les supports de l’interculturalité ? Comment dépasser les a priori des enfants quant à l’autre et quels sont les supports pour remédier à cela ?