Problématique de Laplantine

Quel sens donner aux mots « différence », « décentration », « ethnocentrisme » ?

Laplantine nous amène à réfléchir à la problématique de la différence et sur le sens que porte ce mot. Il associe deux autres termes à la différence : la décentration et l’ethnocentrisme, étroitement liés à l’interculturalité.

Intéressons-nous de plus près à ces trois définitions :

La différence se définit, d’après le dictionnaire Larousse, comme « l’absence d’identité, de similitude entre des choses, des personnes », elle désigne « un caractère qui les distingue l’une de l’autre ». Ainsi, chaque personne dispose de caractéristiques propres en fonction de son pays, sa culture, chaque personne est unique et c’est « ce qui constitue un écart entre deux ou plusieurs personnes ».

Dans cet extrait, je pense que Laplantine nous incite de par ce mot différence, à regarder autour de nous et ne plus penser qu’à soi. Il faut observer les autres sociétés pour en déduire les différences avec la nôtre mais aussi pour mieux comprendre l’autre. Il parle alors de « décentration radicale » c’est-à-dire qu’il faut s’éloigner complétement de notre société, de notre propre personne, qui constitue notre unique centre d’intérêt. C’est en somme prendre du recul, pour mieux s’ouvrir aux autres, se mettre à leur place et les comprendre. C’est en s’ouvrant à l’autre, à sa culture, que l’on pourra apprendre à connaitre l’autre et la société dans laquelle il vit.

A ce terme, Laplantine oppose l’ethnocentrisme.  Selon Levis Strauss,  l’ethnocentrisme se définit comme « une attitude d’origine inconsciente qui consiste à considérer sa propre société comme un modèle et à voir toute différence par rapport à ce modèle comme un signe d’infériorité ». Nous avons donc tendance à voir notre société comme étant la société de référence et à rejeter ce qui n’appartient pas à notre culture, ce qui entraine souvent du racisme, de la violence, des préjugés mais aussi la peur de l’autre, de l’inconnu, sujets auxquels nous sommes confrontés chaque jour, de par l’actualité quotidienne de notre pays.

Pourquoi cette démarche, en plus de nous permettre de comprendre l’autre, nous amène-t-elle à nous comprendre nous-mêmes ?

En plus de nous permettre de comprendre l’autre, cette démarche de Laplantine, nous amène à nous comprendre nous-même, à réfléchir sur la société dans laquelle nous vivons, à son fonctionnement mais aussi sur le monde qui nous entoure. C’est en apprenant à connaitre l’autre que l’on se construit. En découvrant une nouvelle culture, de nouvelles façons de vivre, des pensées différentes, nous nous imprégnons de l’autre et nous nous forgeons notre propre avis. Je pense que cette décentration est nécessaire, pour éviter d’adopter une attitude ethnocentrisme, il faut aller voir au-delà des images toutes faites, des préjugés et découvrir l’autre simplement, tel qu’il est.  Je terminerai avec une citation de Jean-Paul Sartre « pour obtenir une vérité quelconque sur moi, il faut que je passe par l’autre. L’autre est indispensable à mon existence ».

Comment, en tant qu’enseignant, puis-je mettre en œuvre cette approche dans ma classe ? Autour de quelles activités précises ?

Pour mettre en œuvre cette approche en classe, je pense qu’il faut que les élèves rencontrent l’autre directement, physiquement. Le voyage scolaire pourrait être un bon compromis mais toutes les écoles n’en ont parfois pas les moyens financiers. Par ailleurs, pour voyager, il n’est pas nécessaire de bouger, les élèves peuvent travailler en classe de manière transdisciplinaire sur un pays. Par exemple, l’année dernière en M1, lors de mes stages, nous avons travaillé sur le thème de la Russie et étudié quelques particularités (architecture, habitudes, climat, des croyances, la langue…) de ce pays à travers des contes, des photographies, une vidéo mais aussi la musique par l’écoute d’une œuvre musicale et l’apprentissage d’un chant.

Les arts visuels peuvent aussi être un bon moyen de découvrir l’autre notamment avec l’étude en classe d’œuvres sur le portrait d’autres enfants du monde par exemple mais aussi par la pratique, leurs productions. Dans un premier temps, l’élève serait amené à construire son propre portrait pour construire son identité, apprendre à se voir comme il est. Puis, dans un deuxième temps, chaque élève ferait le portrait d’un de ses camarades, le but étant d’inviter les élèves à se découvrir, « se re-rencontrer », voir les différences et les similitudes qu’il y a entre eux.

A cet âge, les élèves sont égocentriques et centrés sur leur personne, ils ont du mal à accepter, prendre en compte l’autre. Il faut donc amener les élèves, dès leur plus jeune âge à apprendre à vivre ensemble, écouter l’autre et à ne plus être le seul centre d’intérêt. En maternelle, chaque petit moment de regroupement sont propices à ce développement. Ces moments peuvent être l’occasion pour un  élève de présenter un objet ou parler d’un sujet qui lui tient à cœur à ses camarades, puis les autres élèves pourraient aussi s’exprimer. Ces moments de regroupement, permettent aux enfants de se décentrer.

De plus, comme évoqué ci-dessus, pour rencontrer l’autre, il n’est pas nécessaire de se déplacer, l’autre peut venir à nous.

En effet, certaines écoles organisent des journées, des moments de rencontres, de découverte d’autres cultures. Le but étant de faire découvrir aux élèves les origines, la culture de leurs camarades. Des parents d’élèves, d’origines différentes, viennent présenter aux autres élèves un morceau de leur culture en leur proposant des ateliers, comme des ateliers culinaires, de dégustation de produits et plats typiques (épices, pâtisserie…) ce qui favorise aussi la découverte des sens. Des ateliers de danse sont peuvent être également proposés aux élèves, des mamans espagnoles viennent faire découvrir le flamenco et les habits traditionnels. Chaque famille apporte un bout de soi, de sa culture à l’école pour le faire découvrir aux autres, ce sont des moments de partage, tout simplement d’altérité.