diversité et actualité

Avant de se poser la question « Comment aborder la diversité à l’école ? », on doit se demander « pourquoi aborder la diversité culturelle en classe ? ».
Pour se faire, nous nous poserons la question suivante : Tous les chemins mènent-ils vers l’autre, comme l’affirmait Samuel Grzybowsk ? Celui-ci, dans son ouvrage sous forme de chronique de son tour du monde des initiatives interreligieuses, s’intéresse principalement la question de l’altérité religieuse. Ici, nous étudierons l’altérité culturelle plus globalement. Nous vivons, aujourd’hui, dans une société mondialisée et interculturelle. Les populations se déplacent, les modes de vie ont tendance à s’uniformiser ce qui pousse chaque pays à réaffirmer son identité. C’est le cas notamment de la France, qui de par son histoire, est un pays d’accueil où l’on peut parler de melting pot. La mise en avant d’une coexistence entre les cultures peut dans certains cas cristalliser des craintes et des replis. D’autant que, l’école Républicaine et le mythe qu’elle véhicule pour certains amènent à penser l’altérité comme une menace. Dans l’imaginaire, deux éléments sont mis en tension. D’un côté, l’égalité est rattachée à l’homogénéité, à la culture unique ; de l’autre, le monde social est caractérisé par la diversité rattachée à l’hétérogénéité (Florence Giust-Desprairies, 2010). Or, aujourd’hui, nous sommes amenés à rencontrer des personnes différentes de nous dans chaque situation de nos quotidien. L’autre n’est pas quelqu’un de loin, c’est mon voisin.

De tristes événements sont venus nous rappeler que cette rencontre avec l’autre peut être violente voire mortelle. Les attentats de Paris du 13 novembre posent cette question de l’altérité et de l’acceptation de l’autre dans sa différence. Il nous semble que ce genre d’événements et de radicalisation pourraient être évitées en partie par une éducation à l’altérité. L’une des missions de l’éducation est de sensibiliser les enfants à la différence. Ceci se fait dans le but non pas les éduquer à la différence mais afin de les emmener à se poser eux-mêmes des questions sur les sujets de l’identité, de l’origine, de la religion. Apprendre aux enfants que nous sommes tous semblables tout en étant différents et qu’il faut s’enrichir de cette mixité et non la nier.

 

En tant que futures enseignantes, nos expériences en classe radicalement opposées nous ont amené à observer et à interroger certaines réalités concernant le sujet. L’une d’entre nous a été en stage dans une école où la mixité sociale était très présente et permettait d’aborder la question de la diversité quotidiennement et en gardant pour base l’expérience des élèves. L’autre a été en stage dans une école et dans une classe où la mixité sociale était très faible, voire dans la classe inexistante, ce qui pose la question de comment aborder l’autre que l’on ne côtoie pas, qui nous est en même temps différent mais semblable en certains points. Suite à ces expériences, nos questionnements ont été nombreux : Comment aborder la diversité tout en ne stigmatisant pas les élèves qui la représentent ? Aborder ces questionnements en primaire, est-ce trop tôt ? Aborder la diversité nous éloigne-t-il d’une identité commune ? Comment aborder la diversité dans une classe homogène ?

 

Les écrits officiels et notamment le socle commun nous donne des orientations face à nos questionnements. Le troisième domaine du socle commun de 2015, nommé « la formation de la personne et du citoyen », vise un apprentissage de « la vie en société, de l’action collective et de la citoyenneté, par une formation morale et civique respectueuse des choix personnels et des responsabilités individuelles ». Or, la société dans laquelle nous évoluons et évoluent les élèves qui sont avant tout de futurs citoyens est multiculturelle. La diversité se rencontre dans beaucoup de situations. Dans nos deux situations vécues, l’une des classes était « préparée » à ces rencontres de par la diversité présente parmi les élèves ; dans l’autre, on peut imaginer que la rencontre de l’autre pouvait paraître étrangère parce qu’absente en classe.

Dans le cadre de l’éducation à la tolérance et à la laïcité, la préparation à la rencontre de l’autre dans notre société semble primordiale afin d’éviter de rendre cette rencontre difficile voire violente.

Cependant, si l’on s’accorde pour penser qu’il faut aborder la diversité à l’école. Cela pose tout de même certaines problématiques. Comment aborder la diversité sans la stigmatiser ? Alors que les enfants ne se rendent pas forcément compte des différences, comment les aborder ?

 

Ahlame Zaami et Mathilde Levavasseur