Ajustement de ma problématique: Projet carnet de voyage pour rassembler

Depuis l’année précédente, lors de l’élaboration de mon ERCAPP, ma problématique était, comment les enseignants peuvent faire voyager leurs élèves en classe lorsque les sorties scolaires sont irréalisables ?

J’avais donc décidé de choisir un pays et de travailler sur ce pays, se renseigner sur sa culture pour faire découvrir aux élèves ce qu’est l’altérité.

Il était question de trouver des alternatives à la sortie, au déplacement d’un lieu vers un autre, pour s’intéresser à un sujet et en apprendre davantage sur ce sujet.

La littérature de jeunesse était une solution. Le fait de lire des romans d’aventure, des albums de voyage permet, comme le déplacement, de rencontrer, de découvrir un lieu mais en faisant appel à son imagination. Ensuite, la géographie était une autre solution pour apporter les connaissances nécessaires sur un pays et une culture inconnus des élèves, par le biais de recherches documentaires, de recherches sur internet ou encore dans des manuels scolaires, qu’un guide dans des musées devraient normalement apporter aux élèves lors d’une sortie.

Et enfin les arts visuels, autre solution pour voyager puisque l’on sollicite son imagination pour se représenter le pays, ses paysages, sa culture, jusqu’alors inconnus et ensuite illustrer, expliciter la représentation que l’on se fait de ce pays. On constaterait donc des productions diverses et variées, fruits de l’imagination de chacun, et moyen pour découvrir que même au sein d’une classe, des élèves, des enfants, plus ou moins du même âge sont à la fois égaux et différents (Hannah Arendt, chapitre 5, l’action, 231-232). Je développerai cette partie lors de l’élaboration de mon écrit 3.

 

Cependant, j’ai dû changer ma problématique en cours d’année, lorsque je me suis rendu compte de l’ambiance qui régnait dans ma classe. Les élèves sont ensemble depuis la maternelle. A ce stade de l’année, ils ne savent toujours pas communiquer sans s’agresser, sans se disputer, ils ne savent pas se parler poliment et surtout se respecter. Depuis le début de l’année j’essaie de leur faire comprendre ce qu’est le respect d’autrui, et que dans la classe, ce respect passe par exemple par l’écoute de son camarade lorsqu’il s’exprime, et par le fait de lever la main pour demander la parole au lieu de couper son ou ses camarades. Ce point est déjà très dur pour eux à respecter. A l’âge de 8 ans les élèves ont encore le « moi » qui persiste. Ils se trouvent certainement dans la transition du stade pré-opératoire (jusqu’à 6-7  ans) et du stade des opérations concrètes de Piaget (à partir de 6-7 ans). Mes élèves ont tout juste huit ans, seulement trois élèves sont âgés de neuf ans, mais ils demeurent beaucoup orientés vers le présent et les situations concrètes, ils ont du mal à comprendre ce qu’est le concept du respect de l’autre, leur pensée est encore très égocentrique en ce sens qu’ils assument souvent que les autres voient les situations de leur point de vue à eux. Mais, ils tendent à atteindre le stade suivant, avec l’expérience du monde qui s’accumule en eux, les enfants deviennent capables d’envisager des événements qui surviennent en dehors de leur propre vie. Ils commencent aussi à conceptualiser et à créer des raisonnements logiques qui nécessitent cependant encore un rapport direct au concret.

C’est pourquoi ce projet de carnet de voyage va non seulement leur apprendre à se décentrer pour découvrir d’autres cultures, à quitter le stade pré-opératoire et leur égocentrisme persistant, mais également à les rassembler autour d’un même projet nécessitant l’entraide, l’écoute, la communication, la répartition du travail, l’adaptation du travail en fonction du niveau de chaque élève (ils verront donc que chaque personne est différente, ils auront conscience de l’altérité au sein de la classe etc. pour laisser de côté leur mésentente. Je vais donc dans mes prochains écrits m’intéresser à ce carnet de voyage comme moyen pour améliorer l’ambiance de la classe, en favorisant le travail de groupe pour que d’ici la fin de l’année, les travaux de groupes ne soient plus sources de disputent et de nuisances sonores dans la classe, mais entraide et de communication concernant le travail donné.

 

Je vais donc mettre en place dans ma classe une expérimentation autour du projet carnet de voyage. Les élèves développeront des compétences culturelles sur différents pays, ils auront construit des savoirs, mais ils développeront aussi des compétences métaculturelles puisqu’ils auront conscience qu’ils ont des connaissances sur d’autres cultures. Cette expérimentation leur permettra aussi de développer des compétences co-culturelles car ils auront agi et travaillé ensemble. J’espère que leurs comportements auront évolué positivement tout au long de ce projet qui couvrira les deux dernières périodes de l’année.

Il faut qu’ils soient acteurs du projet pour qu’ils s’y intéressent et qu’ils aient envie de rechercher et de s’investir. Pour ce faire, je compte demander aux élèves ce dont ils auront besoin pour le projet: savoir ce qu’est un récit de voyage, lire des récits de voyage, choisir des pays, des connaissances sur ces pays, des documentaires, connaître le modèle de la lettre, utiliser les arts-visuels pour les illustrations… et surtout il faut qu’ils se rendent compte de la nécessité de travailler tous ensemble, de se répartir des tâches. Je leur demanderai de quelle manière peut-on organiser un groupe pour qu’il soit efficace, que chacun participe au projet, que chacun ait quelque chose à faire adapté à son niveau et que personne ne se batte pour faire la même chose. Il faudra qu’ils s’attribuent des rôles au sein de chacun des groupes, et je pourrais évaluer l’évolution de l’ambiance au sein des groupes en observant si les élèves parviennent à s’auto-organiser ou non. Je pourrais également enregistrer les élèves lors de leur travail, pour constater s’ils sont dans la coopération ou dans les conflits, s’ils échangent autour du projet ou sur autre chose, je pourrais aussi nommer un responsable du son sur la tablette dont dispose la classe afin de maîtriser le niveau sonore de la classe pour travailler dans les meilleures conditions possibles. Puis, il faudra apprendre à échanger, à confronter les recherches et le travail avec ceux des autres groupes sous forme de petits exposés au tableau par exemple, ils verraient ainsi la nécessité de s’écouter, et de laisser à chaque groupe le temps de s’exprimer. Peut-être que cette évolution pourrait être évaluée en classe tous les jours lors que les élèves veulent prendre la parole.

A la fin de ce projet, j’espère que les élèves auront pris conscience de la richesse du travail qu’ils auront fait, des savoirs acquis, et de la meilleure ambiance de classe grâce à la découverte de la différence de « l’autre », de l’acceptation de cette différence et de l’entraide et de la coopération qui en découle. Ce projet aura peut-être plus développé le côté amélioration de l’ambiance de classe, mais c’est un élément indispensable pour les années à venir en CM1 puis en CM2 puisqu’ils seront encore tous ensemble, et il leur servira pour toute leur vie, que ce soit au collège, au lycée, dans les études ou dans leur milieu professionnel : apprendre à accepter « l’autre » et travailler avec.