Citation de Lévi-Strauss

Le passage suivant est, selon moi, celui qui explicite le mieux la définition de l’ethnocentrisme: «L’humanité cesse aux frontières de la tribu, du groupe linguistique, parfois même du village; à tel point qu’un grand nombre de populations dites primitives se désignent d’un nom qui signifie «les hommes» (ou parfois – dirons-nous avec plus de discrétion – « les bons », « les excellents », «  les complets ») impliquant ainsi que les autres tribus, groupes ou villages ne participent pas à des vertus – ou même de la nature – humaines mais sont tout au plus composés de «mauvais», «méchant, «des singes de terre» ou «d’œufs de pou» On va souvent jusqu’à priver l’étranger de ce dernier degré de réalité en en faisant un « fantôme » ou une « apparition.».

En effet, l’idée qui ressort ici est celle de considérer sa propre culture comme supérieure, tout en dénigrant les autres. Autrement dit, on pense que sa culture est meilleure que celle des autres. On va donc juger négatif le comportement des autres à travers une comparaison dans laquelle on va mettre sa propre culture sur un piédestal. On se considère comme des êtres «bons», «excellents» et «complets» alors que les autres sont «mauvais» et «méchants». On va parfois même jusqu’à penser que les étrangers sont inhumains c’est à dire qu’ils ne font pas partie de «l’humanité» à laquelle, nous «les hommes», nous appartenons. Ensuite, à l’aide d’une dégradation, Lévi-Strauss nous montre jusqu’où peut aller le mépris pour autrui, autrement dit, jusqu’à le considérer comme rien. Il passe d’un être humain, cependant «mauvais», à un animal, «le singe», ensuite à une chose, «un œuf» et enfin, à quelque chose d’inexistant, «un fantôme». Cette mésestime et cette méconnaissance de l’autre est la raison pour laquelle, depuis toujours, les hommes se font souffrir et s’entre-tuent.

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