Pôles d’étrangeté en mémoire

– « La relation aux camarades de classe, au-delà des origines, avec lesquels on échange dans la langue qu’on apprend ensemble »

Dans l’optique de mon mémoire interrogeant la création de liens sociaux complexes entre élèves de classes multi-niveaux, cette notion relationnelle pure entre soi et ses camarades fondée sur le partage d’une langue commune me semble majeure. Ce n’est pas tant le fait de partager la même langue que de considérer autrui comme un individu sans poser de discrimination quelconque pouvant le caractériser. Le genre, les origines ethniques ou sociales ne sont pas à effacer mais ne doivent pas pour autant s’immiscer dans les relations que tissent les enfants entre eux. Leur prise en compte dans un temps ultérieur permettra d’ailleurs d’enrichir lesdites relations et les capacités de sociabilisation, d’empathie et de réflexion des enfants. Dans un premier temps il est cependant plus sage de ne pas les surligner et de laisser les enfants être acteurs de leurs tissages sans que des idées préconçues ne viennent les perturber. La classe multi-niveaux par sa structure même est le lieu parfait pour observer ces relations : les élèves d’une même classe de niveau possèdent déjà en eux une diversité très forte, dès lors y mêler des élèves d’un autre niveau ne peut qu’enrichir celle-ci.

– le « rapport à soi-même » : reconnaissance de soi et interrogation des discours que je porte sur l’autre

Il me semblerait illogique de penser la relation aux camarades de classe sans que cela n’interroge également le rapport à soi-même. La reconnaissance de l’altérité commençant par la reconnaissance de soi en tant qu’individu unique, ce deuxième pôle d’étrangeté soulevé par Lemoine a donc toutes les raisons d’intégrer et de venir compléter le pôle précédent et de venir enrichir mon écrit de recherche. Les questions de sociabilisation dans les classes multi-niveaux se posent à plusieurs échelles, de la relation de soi à l’enseignant-e aux relations entre soi et les autres élèves de la classe. Le dénominateur commun évident de ces relations et le soi, l’élève au centre de son réseau relationnel. La question qui se pose alors est un peu ardue : Mieux vaut-il commencer par étudier l’individu pour mieux appréhender la construction de son réseau relationnel ou bien est-il préférable au contraire de fonder notre analyse sur ce réseau, plus facilement observable car plus étendu, pour dégager une vue plus approfondie de la relation qu’entretient l’élève à son identité propre ? La question des discours portés par les autres sur soi, ainsi que par soi sur soi s’inscrivent pleinement dans le développement de ces réflexions.

En conclusion, nous pouvons dire que l’habit ne fait pas Lemoine.

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