Réponses aux questions sur l’extrait de Laplantine

  • Sens des mots « différence », « décentration » et « ethnocentrisme »

Ces termes sont étroitement liés. Nous sommes confrontés chaque jour de notre vie à l’inconnu,  à la rencontre d’individus que nous côtoyons ou au contraire qui nous sont étrangers mais avec lesquels il faut s’adapter, partager, dialoguer. Tous les jours nous apprenons de l’autre et il me semble essentiel d’exister avec l’autre et pas seulement d’exister dans sa propre réalité.

Différence

Selon le Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales (CNRTL), la différence est un « caractère ou ensemble de caractères qui dans une comparaison, un ordre, distinguent un être ou une chose d’un autre être, d’une autre chose ». Dans le contexte de cet extrait, un individu qui est différent d’un autre est alors une personne qui a son identité propre et qui peut être comparée à une autre sans que cela porte pour autant à des jugements de valeurs ou à des différences discriminatoires, inappropriées. Ce qui est différent de soi peut être bénéfique vis-à-vis de la compréhension de l’autre. Réciproquement, c’est par le biais de l’autre que l’on peut en apprendre davantage sur soi. Laplantine explique cela mais en parlant à l’échelle de la société : c’est grâce à l’observation d’une autre société que nous pouvons comprendre ce qui se passe dans la nôtre et inversement.

Décentration

D’après le CNRTL, la décentration est l’« action de (se) décentrer […], adopter d’autres points de vue que le sien » et c’est aussi le « fait de s’éloigner de son moi considéré comme unique centre d’intérêt ». Selon Laplantine, tout individu appartenant à une société doit savoir mettre cette dernière de côté en quelque sorte afin d’avoir un regard neutre et sans préjugé sur une société autre que la sienne, qui est différente à bien des égards. De cette manière, il est alors possible pour cet individu de s’imprégner des valeurs et coutumes de l’autre tout en le respectant et en éprouvant une certaine curiosité bienfaisante de découvrir ces différences et le fonctionnement de cette autre société dans un but réciproque de partage et d’égalité. Tout cela afin d’éviter « toute forme, sournoise ou délibérée, d’ethnocentrisme » comme le dit cet extrait. La décentration est une manière objective d’appréhender l’autre avec bienveillance et avec un raisonnement positif.

Ethnocentrisme

Enfin, le CNRTL définit l’ethnocentrisme comme un « comportement social et [une] attitude inconsciemment motivée qui conduisent à privilégier et à surestimer le groupe racial, géographique ou national auquel on appartient, aboutissant parfois à des préjugés en ce qui concerne les autres peuples ». L’ethnocentrisme est donc l’inverse de la décentration et vise parfois à creuser de profonds écarts entre différentes sociétés. Dans les cas extrêmes, les différences ne sont plus perçues comme les atouts d’une société mais au contraire comme une forme de faiblesse qu’il faut contrecarrer afin qu’elles ne puissent pas se manifester dans sa propre société. Un individu ethnocentrique est une personne qui n’arrive pas à dépasser son propre point de vue et qui n’a donc pas en sa possession la capacité à respecter la différence de l’autre par rapport à sa propre différence. Il estime son propre groupe d’appartenance supérieur à tout autre et pense que sa réalité et une vérité générale et absolue. Le respect de l’autre disparait et fait naitre des stéréotypes, des préjugés et parfois beaucoup de violence et de peur vis-à-vis de cet autre différent de soi. Chaque individu a en soi une part d’ethnocentrisme, le travail de décentration – difficile à réaliser – est là pour éviter justement toute forme de jugement face à l’autre et de repli sur soi, sur sa propre perception du monde.

 

  • Une démarche nous permettant de comprendre l’autre et de nous connaitre nous-mêmes

Cette démarche nous permet non seulement de comprendre l’autre mais aussi de nous connaitre nous-mêmes. Comme  précédemment expliqué, cela se fait grâce au travail de décentration et de l’envie d’apprendre à connaitre l’autre et ses différences par rapport à soi. C’est en prenant du recul par rapport à soi que l’on va réussir à comprendre le fonctionnement de l’autre mais aussi le sien. C’est également l’autre qui va faire émerger des choses en nous et nous faire prendre conscience de nous-mêmes. C’est en constatant qu’il existe des différences (physiques et, ou psychiques) – qui ne consistent pas à nous opposer les uns les autres mais à créer un partage et une connaissance commune sur les individus et sur le monde – entre les êtres humains que l’on peut voir ses propres différences et ainsi comprendre que chaque personne à ses caractéristiques propres, son identité propre, possédant ainsi des valeurs, des croyances qui font d’elle ce qu’elle est : un être humain unique à la fois semblable et différent des autres. C’est en effectuant tout ce travail sur soi-même que l’on peut en apprendre sur l’autre et sur nous-mêmes. Ainsi, l’Homme s’imprègne de l’autre et se nourrit de l’autre pour sa propre personne mais aussi pour apprendre à respecter l’autre en tant qu’individu égal à lui-même et dans son intégralité.

 

  • En tant qu’enseignant, mettre en œuvre cette approche dans sa classe

En tant qu’enseignant, je pense qu’il est important de mettre en œuvre cette approche dans sa classe, de manière interdisciplinaire et tout au long de l’année. En effet, la connaissance de l’autre et de soi-même peut être abordée dans toutes les disciplines, en référence aux programmes. Par exemple, dans l’enseignement civique et moral, cette notion d’altérité peut faire l’objet de débats en classe. Plusieurs thèmes peuvent être discutés comme : l’égalité, la différence, les préjugés, le racisme, les stéréotypes (de genre par exemple) ou bien les valeurs de la République. Tous ces thèmes peuvent être travaillés grâce à différents supports comme des affiches, des films, des vidéos, des images. Les élèves peuvent travailler l’approche de Laplantine lors d’autres disciplines pédagogiques : en français (par exemple sur une pièce de théâtre parlant de la différence), en musique (en proposant aux élèves des chants provenant de différentes cultures), en éducation physique et sportive (en faisant découvrir aux élèves des danses appartenant à différents pays, des danses traditionnelles), en arts visuels (en leur montrant différentes formes d’arts provenant de cultures distinctes à des périodes spécifiques de l’Histoire), etc.

Cela entre en lien avec mon ERCAPP, mes stages passés et à venir puisque je m’intéresse à la réaction des élèves face à la diversité des espaces, des cultures, à l’interculturalité que le monde peut nous apporter. Je souhaite également comprendre comment les élèves – qui sont avant tout des enfants – appréhendent l’autre, la différence, en faisant fonctionner leur imagination et leur créativité par l’intermédiaire des arts visuels et de la littérature.

Lors de mon premier stage l’année dernière, une enseignante travaillait sur le voyage avec ses élèves de petite et moyenne section de maternelle. Pour cela elle a utilisé l’album de jeunesse Le loup qui voulait faire le tour du monde. J’ai trouvé ce travail très intéressant car elle a fait découvrir à ses élèves plusieurs pays ainsi que leurs coutumes. Les enfants ont pu apprendre, découvrir et comprendre que la France n’est pas le seul pays qui existe, ils ont ainsi réalisé un travail de décentration.

Il serait très bénéfique pour les élèves de les amener à découvrir d’autres pays non par le biais du voyage fictif mais en réalisant un vrai voyage scolaire de plusieurs jours dans un pays étranger afin que ces derniers puissent s’imprégner de l’univers de cet autre culture et constater que tous les individus n’ont pas les mêmes façons de vivre que nous et qu’il est intéressant de côtoyer l’autre pour apprendre à se connaitre soi-même ainsi que les valeurs de son pays. Il serait alors intéressant de pouvoir comparer deux pays sans pour autant juger l’un ou l’autre.

Pendant ce stage, j’ai également appris que les élèves entretenaient une correspondance avec une autre classe de moyenne section de maternelle d’une autre école. Ils s’envoyaient des dessins les représentant avec leurs prénoms écrits dessus. Cela leur a permis de constater qu’ils n’étaient pas les seuls enfants en moyenne section à la maternelle et qu’il existe d’autres enfants de leur âge dans d’autres écoles dans d’autres villes. A la fin de l’année scolaire, une rencontre a été réalisée entre les deux classes de moyenne section. Cela a donné du sens à leur correspondance.

Enfin, je pense que la mise en œuvre de cette approche doit se faire de façon moins directe, c’est-à-dire dans un processus d’imagination et d’invention de la part des élèves. On peut ainsi voir l’hétérogénéité, l’altérité au sein même d’une classe grâce aux productions des élèves.