browser icon
You are using an insecure version of your web browser. Please update your browser!
Using an outdated browser makes your computer unsafe. For a safer, faster, more enjoyable user experience, please update your browser today or try a newer browser.

Pour vos calligrammes – quelques oeuvres poétiques francophones

Posted by on 21 janvier 2019

Chers élèves,

Voici quelques oeuvres poétiques francophones pour vos calligrammes :

Après l’hiver (Victor Hugo)

Ô printemps ! bois sacrés ! ciel profondément bleu !
On sent un souffle d’air vivant qui vous pénètre,
Et l’ouverture au loin d’une blanche fenêtre ;
On mêle sa pensée au clair-obscur des eaux ;
On a le doux bonheur d’être avec les oiseaux
Et de voir, sous l’abri des branches printanières,
Ces messieurs faire avec ces dames des manières.

Mignonne, allons voir si la rose (Pierre de Ronsard)

A Cassandre

Mignonne, allons voir si la rose
Qui ce matin avoit desclose
Sa robe de pourpre au Soleil,
A point perdu ceste vesprée
Les plis de sa robe pourprée,
Et son teint au vostre pareil.

Chanson de l’oiseleur (Jacques Prévert)

L’oiseau qui vole si doucement
L’oiseau rouge et tiède comme le sang
L’oiseau si tendre l’oiseau moqueur
L’oiseau qui soudain prend peur
L’oiseau qui soudain se cogne
L’oiseau qui voudrait s’enfuir
L’oiseau seul et affolé
L’oiseau qui voudrait vivre
L’oiseau qui voudrait chanter
L’oiseau qui voudrait crier
L’oiseau rouge et tiède comme le sang
L’oiseau qui vole si doucement
C’est ton coeur jolie enfant
Ton coeur qui bat de l’aile si tristement
Contre ton sein si dur si blanc

Pour faire le portrait d’un oiseau (Jacques Prévert)

Peindre d’abord une cage
avec une porte ouverte
peindre ensuite
quelque chose de joli
quelque chose de simple
quelque chose de beau
quelque chose d’utile
pour l’oiseau
placer ensuite la toile contre un arbre
dans un jardin
dans un bois
ou dans une forêt
se cacher derrière l’arbre
sans rien dire
sans bouger …
Parfois l’oiseau arrive vite
mais il peut aussi bien mettre de longues années
avant de se décider
Ne pas se décourager
attendre
attendre s’il le faut pendant des années
la vitesse ou la lenteur de l’arrivée de l’oiseau
n’ayant aucun rapport
avec la réussite du tableau
Quand l’oiseau arrive
s’il arrive
observer le plus profond silence
attendre que l’oiseau entre dans la cage
et quand il est entré
fermer doucement la porte avec le pinceau
puis
effacer un à un tous les barreaux
en ayant soin de ne toucher aucune des plumes de l’oiseau
Faire ensuite le portrait de l’arbre
en choisissant la plus belle de ses branches
pour l’oiseau
peindre aussi le vert feuillage et la fraîcheur du vent
la poussière du soleil
et le bruit des bêtes de l’herbe dans la chaleur de l’été
et puis attendre que l’oiseau se décide à chanter
Si l’oiseau ne chante pas
c’est mauvais signe
signe que le tableau est mauvais
mais s’il chante c’est bon signe
signe que vous pouvez signer
Alors vous arrachez tout doucement
une des plumes de l’oiseau
et vous écrivez votre nom dans un coin du tableau.

Le rêve de la lune (Marie Botturi)

Si la lune brille

Quand tu dors,

C’est pour planter

Des milliers de soleils pour demain.

Si tout devient silence

Quand tu dors,

C’est pour préparer

Le chant des milliers d’oiseaux

Et dorer les ailes des libellules.

Si la lune tombe dans tes bras

Quand tu dors

C’est pour rêver des milliers d’étoiles.

Notre école (Maurice Carême)

Notre école se trouve au ciel
Nous nous asseyons près des anges
Comme des oiseaux sur les branches.
Nos cahiers d’ailleurs ont des ailes.

A midi juste, l’on y mange,
Avec du vin de tourterelle,
Des gaufres glacées à l’orange.
Les assiettes sont en dentelles.

Pas de leçons, pas de devoirs.
Nous jouons quelquefois, le soir,
Au loto avec les étoiles.

Jamais nous ne rêvons la nuit
Dans notre petit lit de toile.
L’école est notre paradis.

Une carte postale

Tu m’enverras une carte postale,
De la douceur des eaux,
De la chaleur des lumières !
Ici,
Le Soleil
Fera place à la Lune,
La Lune
Au nuage,
Le nuage
À la nuit,
Envoie-moi une carte postale !
Tu m’enverras cette lumière des nuits,
Des profonds cratères des Vésuves !
Tu m’enverras ce diamant des ténèbres,
De la froideur des Igloos !
Ici,
Le Soleil
Fera place à la Lune,
La Lune
Au nuage,
Le nuage
À la nuit,
Envoie-moi une carte postale !
(Frédéric Pacéré TITINGA, Refrains sous le Sahel)

Sahara

Sahara
Mamelles de sable
Qui portent les caresses
Des caravanes
Sahara
Mamelles de sable
Qui enveloppent
La tiédeur des nuits
Bleues
(Armand BALIMA, Voiles marines)

L’homme qui te ressemble

J’ai frappé à ta porte
J’ai frappé à ton coeur
pour avoir bon lit
pour avoir bon feu
pourquoi me repousser ?
Ouvre-moi, mon frère… !
Pourquoi me demander
si je suis d’Afrique
si je suis d’Amérique
si je suis d’Europe ?
Ouvre-moi, mon frère… !
Pourquoi me demander
la longueur de mon nez
l’épaisseur de ma bouche
la couleur de ma peau
et le nom de mes dieux ?
Ouvre-moi, mon frère… !
Je ne suis pas un noir
Je ne suis pas un rouge
Je ne suis pas un jaune
Je ne suis pas un blanc
mais je ne suis qu’un homme
Ouvre-moi, mon frère… !
Ouvre-moi ta porte
Ouvre-moi ton coeur
Car je suis un homme
l’homme de tous les temps
l’homme de tous les cieux
l’homme qui te ressemble !…

(René PHILOMBÉ, Petites gouttes de chant pour créer l’homme)

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *