Le jeu du Covid et du Hasard – 1

Alors que le monde est plongé dans une des plus grandes crises du XXIème siècle, les arts vivants ont dû s’adapter. On peut citer l’Opéra de Paris ou la Comédie Française qui ont mis en accès gratuit certains de leurs spectacles. Mais tous n’ont pas les capacités de mettre ce genre de choses en place et il est de toute façon préférable pour les comédiens/danseurs d’exercer leur art face à un public en chair et en os.

Pour voir comment le secteur de l’art vivant a traversé les deux confinements et le premier couvre-feu, les reporters du P’tit Vilar ont décidé d’aller interroger les professionnels et amateurs touchés.

Partie 1 : Les associations de théâtre

Dans cette première partie nous nous intéresserons à un pan du spectacle vivant que nous connaissons tous et dont certaines personnes font sûrement partie, j’ai nommé les associations de théâtre.

Pour illustrer cette enquête, je me suis tourné vers Act & Art. Cette association existe depuis 2018 et dispense des cours de théâtre à Rochefort-du-Gard, elle compte aujourd’hui 5 groupes d’élèves menés par Aurélien Quillet et Cyril Novotny. C’est à lui que j’ai posé quelques questions en sa qualité de Président d’Act & Art.

Tout d’abord une question simple, pourquoi avoir créé Act & Art ?

« Act & Art est né de notre envie, à Aurélien Quillet et moi-même, de promouvoir l’activité théâtrale et de nous permettre d’entrer dans le rôle de professeur de théâtre. La passion de cet art nous anime, et le transmettre aux plus jeunes, et peut-être par la suite aux adultes, nous est vital. Notre jeunesse a dicté le cadre que nous proposerions et les innovations que nous aimerions faire.

Act & Art est-elle uniquement une association donnant des cours de théâtre ?

Act & Art veut s’étendre en terme de possibilités et ne pas se « limiter » aux activités théâtrales, bien qu’elles resteront l’épicentre de nos activités. Dès la première année, un atelier « Écriture » a été mis en place, avec pour vocation de permettre aux jeunes de travailler sur leurs projets de création, quel qu’en soit le genre : roman, nouvelle, univers, scénario, pièce de théâtre… Cet atelier à lui seul présente l’envie et l’ambition d’Act & Art, à savoir la création. L’un des ateliers théâtre de l’an passé a d’ailleurs tenté l’expérience d’écrire sa propre pièce de théâtre. La suite… La crise… Vous connaissez.

Act & Art s’étend donc sur le milieu de la création, ainsi que sur l’audiovisuel, avec nos différents projets visionnables sur les réseaux. Une troupe pourra également voir le jour, mais cela, c’est une histoire à suivre…

Comment définissez-vous votre action et vos cours ?

Le premier mot qui me vient est « jeune ». Nous sommes connectés, proches de nos élèves et avons une proximité que peu d’associations peuvent avoir. Notre présence sur les réseaux, notre site web et notre ambiance « caractéristique », qui parfois peut rimer avec « chaotique » permet, selon nous, un épanouissement et une ouverture des élèves, leur permettant de révéler des potentiels insoupçonnés (pour eux, car nous, nous avons l’œil !). Finalement, on pourrait presque, en exagérant très peu, dire que nous cassons les préjugés sur le théâtre.

Act & Art a, comme l’ensemble de la France, pris de plein fouet l’annonce du premier confinement. Comment avez-vous surmonté cette épreuve et accompagné vos élèves?

Dure période que celle que nous avons connue l’an passé et connaissons cette année encore. Le confinement a mis le holà sur tous nos ateliers, les salles associatives nous étant retirées. Notre évènement de fin d’année a été reporté, puis annulé suite au second confinement. Nous avons, pour le moment, des difficultés à imaginer une autre façon de maintenir nos cours, pour des raisons d’accessibilité et d’égalité. La mise en place d’un Discord cet été nous a permis de garder contact avec les plus grands, mais rien qu’ici, tous les élèves ne sont pas aussi « connectés », ne nous encourageant pas à la mise en place de cours en visio par exemple. Notre accompagnement repose donc sur la préparation à la reprise que nous attendons impatiemment, et un travail en amont de notre part pour permettre la représentation de fin d’année tant espérée.

Quels ont été vos choix lors de la reprise à la rentrée de Septembre ?

A la rentrée de Septembre, nous espérions ne pas connaître le scénario actuel. Notre effectif a grandi encore, et nos ateliers ont commencé plus tôt afin de reprendre les projets de l’an passé et de pouvoir leur offrir l’évènement que nos artistes méritent. Notre rentrée reposait principalement sur cet évènement, puisque nous souhaitions rattraper l’an passé en proposant deux fois plus de représentations. Mais, il faut croire qu’il ne fallait pas s’acharner autant…

Et pour ce déconfinement, quand et comment allez-vous reprendre ?

Le déconfinement sonnera, nous l’espérons infiniment, la reprise finale de notre activité. Les textes sont déjà choisis pour l’évènement de juin 2021 et nous attendons tout simplement le feu vert du gouvernement et l’autorisation de la mairie pour reprendre et attaquer les projets avec nos 5 groupes. Nous maintiendrons un cadre serein et positif dans le respect des règles sanitaires, mais l’euphorie sera autant au rendez-vous chez nos élèves que pour nous-mêmes, je l’espère.

Comment voyez-vous le futur ? Act & Art a-t-il des projets spécifiques ?

Le futur… Difficile de se projeter sur le long terme en pareilles circonstances. Pour autant nos ambitions ne changent pas : notre association repose sur nos ateliers mais s’étendra comme ruche à projets, accompagnant les jeunes de la création à la diffusion, car là est la vocation que je lui porte. La troupe verra également le jour et se représentera au Festival d’Avignon, comme nous aurions voulu le faire cette année. Et enfin, les projets audiovisuels arriveront, soyez-en sûrs ! En bref, Act & Art grandira, encore et toujours ! »

Lorsque l’on interroge les élèves d’Act & Art, on comprend que le théâtre tient une place importante dans leur vie et leur cœur. En effet, beaucoup ont assez bien vécu le premier confinement (bien qu’ils ressentaient un besoin de jouer) alors que le second confinement que nous traversons est beaucoup plus compliqué à supporter pour eux. Les élèves ont besoin de la «bouffée» d’oxygène que représente le cours de théâtre, ils qualifient ce moment de «défouloir» où ils peuvent laisser leurs problèmes, le stress et leur vie quotidienne en général en endossant un rôle. On voit bien que cette jeune association est, grâce à un staff impliqué, synonyme pour ses élèves de bonheur et qu’elle est un espace privilégié dans leur épanouissement.

Au final, on peut dire que les associations de théâtre ont, par leur caractère rassembleur, une place importante dans les liens sociaux des jeunes. Les deux longues pauses qu’ils ont du subir pèsent fortement sur leur moral, sans compter leur créativité bridée.

Cette situation devrait, si tout se passe bien, finir au 20 janvier.

Ghislain