Un inédit de Gérard Manset est toujours un événement. celui-ci, intitulé « Rimbaud plus ne sera » tire son origine d’une réflexion désenchantée de l’écrivain-peintre-poète et chanteur, évoquée dans une interview accordée aux Echos:
Les Echos : D’où vient ce titre, « Rimbaud plus ne sera » et quelle en est l’inspiration ?
Gérard Manset : Cela fait partie des allitérations ou des surprises qui quelquefois ne veulent pas dire plus mais qui s’imposent, à la tournure née de l’instinctif. Et en réalité Rimbaud veut dire plutôt le Roméo des galanteries perdues d’un siècle qui veut tout dire, tout expliquer, et en réalité par ce désenchantement amène à des relations stériles. Les jeunes filles maquillées, celles qui mâchent du chewing-gum, se croient des reines à la sortie des BEP et fument sur les trottoirs, vulgaires, mal éduquées par des parents qui ne savent plus lire et se veulent modernes.
Les Echos : Ecrit quand ?
G.M : Cela remonte à quelques années, l’album Manitoba, ou encore en amont ? Obok ? Je ne sais, j’en ai beaucoup, de ces repentirs ou de ces essais multipliés par les relectures et les hésitations, un jour blanc un jour noir, un jour peut-être et un jour gris, le lendemain ensoleillé.
Les Echos : Pourquoi aujourd’hui ?
G.M : Pour la pertinence décalée de ce qui va disparaître, car Rimbaud ou Verlaine bientôt reclus dans les bibliothèques destinées aux censeurs, à la paléontologie de l’écrit.
Un extrait de cet inédit dans ce petit fichier-son de France-Inter (lien ci-dessous), suivi d’un clip et des paroles de ce nouveau titre.
[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=Kd5V9PLHVPY[/youtube]
[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=WEWGM0cBQmM[/youtube]
Les images sont extraites du film muet de Fritz Lang, l’immense cinéaste allemand, Les Nibelungen, réalisé en 1924 et évoquant, entre autres, la mort du héros Siegfried.
Rimbaud plus ne sera
Pourquoi veux-tu que moi
Aille changer le monde
Je me réveille en somme
De ce long songe
Contre un carreau brisé
Tout au fond du passage
Ces deux-là s’aimaient
Il la tenait serrée
Lui mâchait le visage
Il la consolait
De n’être pas une autre
Contre un carreau brisé
Tout au fond du passage
Ces deux-là s’aimaient
Comme on peut se blesser
La main sous le lainage
Il la caressait
Rimbaud plus ne sera
Peut-être plus personne
Flambeau ne reprendra
Comme bête de somme
Pourquoi veux-tu que moi
Aille changer le monde
Je me réveille en somme
De ce long songe
Et le matin suivant
Il faisait jour à peine
Ils se sont enfuis
Par le bord de la Seine
Il faisait nuit
Mais le jour s’est levé
Tout au bout du couloir
Il la tenait serrée
Sur le parquet de chêne
L’un à l’autre collés
Ils se sont aimés
Printemps ne reviendra
Peut-être plus jamais
Peut-être plus personne, ne le verra
Pourquoi veux-tu que moi
Aille changer le monde
Lui disait-il encore
Et tant d’autres choses
Rimbaud plus ne sera
Peut-être plus jamais
Peut-être plus personne
Ne le verra jamais
Rimbaud plus ne sera
Peut-être plus personne
Flambeau ne reprendra
Comme bête de somme
Printemps ne reviendra
Peut-être plus jamais
Ni Roméo non plus
Et Juliette jamais, et Juliette non plus
En bonus, la version 2014 de Genre humain superbe chanson sur les cruelles réalités de nos temps modernes. Question de l’Homme, Genre humain, parole au poète:
[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=TMXfwYSvv04[/youtube]
Un vrai bijou dans la pure acception de cette formule