Deutsche Geschichte 1

Pourquoi le mur de Berlin a-t-il été construit?

Conformément à l’accord conclu entre les Alliés vainqueurs en février 1945 à Yalta, l’Allemagne se retrouve, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale (zweiter Weltkrieg) découpée en quatre zones d’occupation (vier Besatzungszonen)  : une zone soviétique, une zone britannique, une zone américaine et une zone française.

Berlin se retrouve également divisée en quatre secteurs (vier Sektoren), mais l’Armée soviétique laisse aux occidentaux l’ensemble de la zone Ouest de la capitale. Le secteur Est représente de son côté 409 km2, soit 45.6% de la superficie de la ville.

La capitale allemande (die deutsche Hauptstadt) devient très vite un enjeu majeur de la Guerre froide (der kalte Krieg) qui s’engage dès la fin des hostilités le 8 mai 1945.

Le 24 juin 1948, à l’issue d’une longue dégradation des relations entre les quatre occupants de l’Allemagne, l’Union soviétique (die Sowjetunion) bloque les voies d’accès terrestre à Berlin-Ouest. Commence alors le « blocus de Berlin » (die Berliner Blockade), qui dure jusqu’au 12 mai 1949. C’est l’une des toutes premières crises d’une nouvelle période qui s’ouvre dans les relations internationales : la guerre froide. Berlin est alors au cœur de l’affrontement entre les États-Unis et l’Union Soviétique de Staline. Pour empêcher la ville de tomber dans l’escarcelle soviétique, les États-Unis et leurs alliés mettent en place un gigantesque pont aérien (die Luftbrücke) qui leur permet de résister et de continuer à vivre. Pendant onze mois le ravitaillement de la ville a été assuré grâce à ce qu’on a appelé les « Rosinenbomber », des avions qui atterrissaient chaque minute sur l’aéroport berlinois de Tempelhof.  Avec le blocus, Berlin-Ouest devient un symbole de liberté pour l’Occident. Les Berlinois ne sont plus désormais perçus comme des nazis, mais comme des victimes de la menace soviétique. 

Cette agression accélère la reconstitution d’un gouvernement autonome dans l’Allemagne de l’Ouest. En Mai 1949, le territoire des trois zones d’occupation de l’Ouest devient la République fédérale allemande (RFA) (die Bundesrepublik Deuschland : die BRD). Berlin-Ouest étant un îlot isolé, un petit morceau de la RFA au beau milieu du territoire est-allemand, la nouvelle capitale est placée dans une petite ville thermale dans le Land de Rhénanie -Nord-Westphalie: Bonn .

Staline pousse alors à la création d’un régime communiste : la République Démocratique Allemande (RDA) (die Deutsche Demokratische Republik : die DDR) dirigé par Walter Ulbricht, chef du parti communiste allemand. Berlin-Est est sa capitale. Le pays est officiellement divisé en 2 états qui deviennent le symbole de la guerre froide.

Si les Soviétiques décident de construire un mur en plein coeur de Berlin, c’est principalement afin de stopper le flot d’émigration croissant vers la RFA que subit la RDA depuis sa création le 7 octobre 1949.

Fuir l’Est pour aller s’installer à l’Ouest est à l’époque une marque de rejet du régime communiste qui sévit à l’Est. Les Allemands appellent cet exode de la RDA communiste vers la RFA capitaliste « voter avec ses pieds » (Abstimmung mit den Füßen).

En effet, de 1949 à 1961 entre 2,6 et 3,6 millions d’Allemands vont fuir la RDA pour aller à l’Ouest, marquant leur manque d’adhésion au Parti communiste. Or, la majeure partie de ces migrants va passer par Berlin, puisqu’au sein de la ville les contrôles à la frontière (die Grenze) sont beaucoup moins efficaces que dans le reste du pays .

Ainsi, jusqu’en août 1961, il suffit de prendre le métro (die U-Bahn) ou le chemin de fer (die Bahn) berlinois pour passer d’Est en Ouest, ce que font quotidiennement des Berlinois pour aller travailler. De plus, Berlin représente à l’époque une porte d’entrée vers l’Ouest facile d’accès pour les Tchèques ou les Polonais.

Les dirigeants de l’Allemagne de l’Est décident donc de stopper cette « hémorragie » démographique qui ruine le pays.

Une rencontre entre Ulbricht et Krouchtchev (secrétaire général du parti communiste soviétique) aboutit le 5 août 1961 à la décision secrète « d’assurer autour de Berlin-Ouest une surveillance fiable et un contrôle efficace ».  Dans la nuit du 12 au 13 août 1961, 14500 soldats bloquent rues, voies ferrées, métros et se massent aux postes frontières (les Check-point, comme Check Point Charlie). 85 soldats et 216 civils passent immédiatement à l’Ouest. A la fin de la journée, Berlin-Ouest est physiquement isolée du reste du monde. 

Le chancelier Ouest-Allemand Adenauer appelle au calme. La guerre froide bat son plein, et si la détente est de rigueur depuis 1956, il s’agit plus d’une « coexistence pacifique »: chacun garde son bloc.

Le bourgmestre de Berlin, Willy Brandt, ne décolère pas, et 300 000 Berlinois le suivent dans une immense manifestation impuissante. Le Président des Etats Unis, J.F. Kennedy qualifie la construction du mur de « solution peu élégante, mais mille fois préférable à la guerre » et le premier ministre anglais MacMillan n’y voit « rien d’illégal ».

En visite à Berlin-Ouest en juin 1963, Kennedy se rattrapera aux yeux des Berlinois en s’écriant « Ich bin ein Berliner » .

   

Un Mur sous haute surveillance

 

Le régime Est allemand peaufinera au cours des années l’amélioration de la surveillance du Mur. Si en 1961 et 1962, le dispositif ne représente que 12 km de mur, en 1970, elles atteignent 155 km. Dès 1972, le mur est considéré comme infranchissable. Le nombre de miradors augmente, un second mur est édifié, renforcé par des pièges et surveillé par des rondes incessantes de Vopos et les points de passage entre l’Est et l’Ouest sont limités à deux, Checkpoint Charlie et celui à proximité de la gare de Friedrichstraße. Les tentatives d’évasion ont donc été nombreuses. On estime à 5 043 le nombre de personnes à avoir réussi à franchir le Mur mais le nombre total de personnes tuées en tentant de franchir le Rideau de Fer ou le mur de Berlin reste flou. Selon la justice berlinoise, 270 personnes sont mortes sous les tirs ou à cause de l’explosion de mines frontalières jusqu’en 1989. Une autre étude, réalisée par le gouvernement allemand évalue leur nombre à 421. D’autres estimations vont jusqu’à 1000 victimes.

Tunnels, voitures, bateaux, câbles métalliques, déguisements, les moyens pour passer le mur furent parfois des plus surprenants. L’évasion collective la plus spectaculaire reste quand même celle des 57 personnes qui s’échappèrent par un tunnel creusé sous les fortifications de la frontière.

La frontière inter-allemande

La frontière entre les deux états allemands (die innerdeutsche Grenze) a été également rapidement fermée. Le dispositif n’était pas aussi renforcé qu’à Berlin (un mur de béton n’a été érigé que dans les zones où les habitations étaient trop proches) mais celle-ci était difficilement franchissable avec des barrières grillagées, des mines anti-personnelles  et des fossés anti-véhicules, des détecteurs électriques et des fils de détente qui permettaient aux gardes de repérer les fugitifs, des tours de guet et des bunkers d’observation. 300 000 personnes parviendront cependant à franchir cette frontière entre 1961 et 1989. Le dernier à s’évader de RDA fut un jeune homme de 24 ans qui le fit en traversant la mer baltique à la nage le 2 septembre 1989.

Cette zone a concentré toutes les tensions entre les deux blocs qui s’affrontaient durant la guerre froide (die innerdeutsche Grenze war ein potentielles Kriegsgebiet). Elle constitua durant 28 ans ce qui fut appelé le rideau de fer (der eiserne Vorhang).

Le mur de Berlin lui même était qualifié de « mur de la honte » (die Schandmauer) du coté occidental et de « rempart de protection antifachiste » (der antifaschistische Schutzwall) par les Soviétiques et les pays satellites qui constituaient avec l’URSS le bloc de l’Est.

 

Comment le mur a-t-il été détruit? 

Le démantèlement du Rideau de Fer entre le bloc occidental et le bloc communiste commence véritablement en Hongrie au Printemps 1989. La Hongrie prend en effet une décision lourde de conséquences en décidant l’ouverture de sa frontière avec l’Autriche. En septembre les barbelés sont enlevés. 

L’URSS ne s’y oppose pas. Dès l’été 1989 des dizaines de milliers d’Est-allemands en vacances en Hongrie commencent à fuir vers l’Autriche.

Fin septembre, dans plusieurs villes, le peuple manifeste (ce qu’il n’avait pas osé faire depuis 1953 !) aux cris de « Nous voulons partir » (déjà 100 000 d’entre eux ont fui vers la RFA depuis le début du mois). D’immenses manifestations populaires suivent à Berlin-est, à Dresde et à Leipzig en octobre 1989. Un certain nombre d’hommes politiques conscients de la nécessité de changement organisent, avec l’accord de Moscou, la destitution du chef du SED (Sozialistische Einheitspartei Deutschlands, parti unique en RDA), Erich Honecker le 18 octobre 1989.

Mais les remplaçants sont dépassés face à la pression de la rue qui s’enfle : un million de personnes défilent dans le pays le 4 novembre 1989 pour réclamer la réunification. Cette revendication est accueillie fraîchement par les Soviétiques (Gorbatchev la juge même inacceptable) et avec modération par les Occidentaux (Anglais et Français sont hantés par la résurrection d’une puissante Allemagne unifiée au coeur de l’Europe). 

Le gouvernement démissionne à son tour. La décomposition interne de la RDA crée un vide car le pouvoir ne contrôle plus rien. Devant la poussée populaire, le porte-parole du gouvernement, craignant une ruée massive des Berlinois sur le Mur, annonce trop tôt à la télévision dans la soirée du 9 novembre 1989 que le Mur est ouvert. Cela va provoquer un afflux gigantesque de populations vers les points de passage frontaliers, que vont relayer les médias de Berlin-Ouest. 

  

C’est la chute du symbole le plus criant de la guerre froide.

Les dernières victimes du Mur s’appelaient Chris Gueffroy, 20 ans, tué par les gardes frontière le 06/02/1989 et Winfried Freudenberg, 32 ans, mort à Berlin Ouest dans le crash de son ballon artisanal le 8/03/1989.

Moins d’un an après la Chute du Mur, le 3 octobre 1990, l’Allemagne est réunifiée. Tous les régimes communistes d’Europe de l’Est vont progressivement s’effondrer. La guerre froide est terminée.

Le mur de Berlin en chiffres

Longueur : 155 km

Longueur à la frontière entre Berlin-Est et Berlin-Ouest : 43 km

Longueur à la frontière entre Berlin-Ouest et la RDA : 112 km

Longueur de la ligne de contrôle : 124 km

Nombre de chiens de garde : 600

Nombre de miradors : 302

Nombre de bunkers : 22

Quantité de gardes positionnés à la frontière avec Berlin-Ouest : 14.000

5.043 personnes ont réussi à franchir le mur, dont 574 membres de l’Armée nationale du peuple de la RDA et de la Police du peuple. Plus de 60.000 personnes ont été poursuivies en justice pour avoir préparé des fuites. 3.221 personnes ont été arrêtées aux abords du mur. Il y a eu 35 tentatives de franchir le mur en y créant une brèche. L’évasion la plus célèbre est celle d’un jeune soldat de l’Armée du peuple de RDA Conrad Schumann qui avait été chargé de surveiller la frontière au niveau de la Bernauerstraße et qui finalement le 15 août, soit trois jour après le début de la construction du mur, déserta et passa à l’ouest en sautant les fils barbelés.

 

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=RZzOhYMYOhE[/youtube]

A lire aussi l’article consacré aux 25 ans de la chute du mur :

https://lewebpedagogique.com/deutschintrevoux/2014/11/09/25-jahre-mauerfall

Une réflexion sur « Deutsche Geschichte 1 »

  1. Ping : 9 novembre: Chute du Mur de Berlin – Deutsch mal anders

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *