1. L’ENJEU DES LUTTES DE LA SUBJECTIVITÉ :

1.1. Nous devons mener les luttes de défenses de notre subjectivité.

1.1.1. Il y aura des luttes de défense de la subjectivité :

– comme il y a eu des luttes pour les droits civils, les droits politiques, les droits culturels.

– comme il y a eu des luttes anti-capitalistes, des luttes anti-racistes, des luttes anti-sexistes, des luttes LGBTQI, des luttes ant-validites.

– comme il y a eu des techno-luttes…

1.2. Les anarcho-subjectivistes luttent pour la défense de la subjectivité. Nous considérons que notre époque est celle de l’arraisonnement de la subjectivité.

1.2.1. Autrefois, il avait existé des anarchistes individualistes.

1.2.2. Mais il ne s’agit pas ici de lutte pour l’affirmation de l’individualité, mais de lutte contre l’arraisonnement de la subjectivité.

1.3. Cet arraisonnement de la subjectivité est rendu possible par les nouvelles technosciences : « pouvoir instrumentarien de l’intelligence artificielle », « paternalisme libéral de la psychologie comportementale », « matérialisme des neurosciences »….

1.4. Alors que l’intériorité de la subjectivité a été pensée depuis l’Antiquité (avec les Stoïciens) comme l’ultime rempart face aux pouvoirs de contrainte, la subjectivité subie des assauts technologiques de plus en plus fréquents et profonds.

1.5. Ces assauts sont orientés par des intérêts économiques technocapitalistes, mais aussi par des volontés de contrôle technopolitique.

1.6. Ces assauts auxquels sont soumis la subjectivité portent sur la captation de l’attention, l’orientation de l’architecture de choix, la violation de l’intimité, voire la violation de l’intériorité….

1.7. Au plus profond, il s’agit d’agir sur notre formation existentielle, de modifier non seulement le rapport de soi au monde, mais également le rapport de soi à soi.

2. On nous dira : « Mais la subjectivité n’est qu’un produit de la biologie et/ou de la société. Il n’y a pas de subjectivité à défendre. La subjectivité est une illusion. »

NOUS RÉPONDRONS :

2.1. L’origine de la subjectivité n’est pas pour nous la question principale. Peut-être la subjectivité peut-elle être réduite à un matérialisme biologique.

2.2. La question qui est pertinente pour nous est la suivante : L’expérience intérieure de la subjectivité mérite-t-elle d’être protégée des pouvoirs technoéconomiques et techno-politiques ?

2.3. Notre réponse est « OUI ». C’est pourquoi nous nous appelons « anarcho-subjectivistes ».

2.4. L’anarchisme signifie ici « refus du pouvoir » : il s’agit de refuser tout pouvoir de contrôle technologique sur l’intériorité subjective.

3. On nous dira : « Mais vous êtes contre le progrès des connaissances scientifiques. Mais vous êtes contre le progrès des techniques. Songez à ce que ces technologies pourront nous apporter. Par exemple en matière de sécurité. Après tout les honnêtes citoyens n’ont rien à cacher ».

NOUS RÉPONDRONS :

– Notre vie intérieure n’est pas une marchandise.

– Notre vie intérieure doit échapper au contrôle technopolicier.

4. On nous dira : « Mais nos technologies seront respectueuses de votre subjectivité. Vous serez informés, vous aurez le choix, vous pourrez les éteindre ».

NOUS RÉPONDRONS :

– Nous ne serons jamais à l’abri d’une défaillance technique, d’un mauvais paramétrage, d’un piratage…

– Nous ne serons jamais à l’abri des pouvoirs qui voudront abuser de ces technologies.

5. On nous dira : « Mais les luttes de défense de la subjectivité ne sont pas importantes. Nous vous offrons le confort matériel. Pour vos troubles de l’esprit, nous vous proposons des remèdes pharmaceutiques ».

NOUS RÉPONDRONS :

– Les innovations technologiques se sont accélérés et les biens matériels produits se sont accumulés.

– Pourtant, notre santé psychique n’a cessé de se dégrader.

– Jamais, au travail, il n’y a eu autant de salariés au bord du burn-out.

– La jeunesse vit dans l’éco-anxiété.

– Les dépressions et l’anxiété ont augmenté.

– Jamais nous n’avons autant consommé de médicaments psychotropes

– Nous y voyons là une marque de l’atteinte qui est faite à notre intériorité.

6. On nous dira : « Mais comment voulez-vous agir face à cela ? Comment est-il possible de mener des luttes à ce sujet ? »

NOUS RÉPONDRONS :

6.1. La voie traditionnelle a été celle des pratiques de soi. Elle s’est avérée la principale voie tant avant le technocapitalisme.

6.2. Mais il est désormais nécessaire, en outre, de mener des LUTTES COLLECTIVES POUR UNE ÉCOLOGIE DE LA SUBJECTIVITÉ .