Tueur en série, terreur ou fascination ?

Auteur(e) : Estellus

 

Tueur en série, terreur ou fascination ?

Cet article est la suite de l’article du même nom d’un numéro précédent.

D e s  f e m m e s  a u s s i ?

Vous devez avoir remarqué que tous les tueurs en série que j’ai cités jusqu’à maintenant sont des hommes, mais les femmes peuvent en être aussi, c’est plus rare mais elles existent. Je pense notamment à Aileen Carol Wuornos aussi appelée la « demoiselle de la Mort « , une Américaine ayant été condamnée à mort par injection létale pour les meurtres de sept hommes entre 1 989 et 1 990. Elle était prostituée, c’est ainsi qu’elle attirait ses victimes.

Aileen

Ou encore Christine Malèvre, une tueuse en série française qui a été accusée d’avoir tué au moins six patients de l’hôpital de Mantes-la-Jolie là où elle travaillait en tant qu’infirmière entre 1 997 et 1 998. Elle les tuait principalement en leur injectant une forte dose de potassium ou de morphine. Après avoir purgé quatre ans de prison, elle fut libérée en 2007.

Dans le monde ?

Les « types » de tueurs en série sont donc très variés, ils peuvent être jeunes ou vieux, des hommes comme des femmes, et de n’importe quelle nationalité. Un célèbre tueur en série russe, par exemple, Alexandre Pitchouchkine surnommé « le tueur à l’échiquier » aurait tué une soixantaine de personnes. Selon ses aveux, il souhaitait tuer une personne pour chacune des cases de l’échiquier, sachant qu’un échiquier possède soixante-quatre cases, il avait donc presque atteint son objectif.

Tout cela pour expliquer que les tueurs en série existent dans n’importe quel pays et pas seulement en Amérique. Beaucoup pensent qu’ils ne se trouvent qu’aux États-Unis, et que la présence de certains dans d’autres pays est due à une erreur, eh bien c’est faux, les tueurs en série peuvent sévir n’importe où. Mais il est vrai que la majorité des tueurs en série sont américains, mais pourquoi ?

Selon certaines hypothèses, il y en aurait tout autant ailleurs mais tout simplement on en parle moins. Aux États-Unis aucun des cinquante États ne peut se vanter de ne jamais avoir eu de tueurs en série, mais certains États restent plus dangereux que d’autres, tels que : la Californie (1 34 cas) ; la Floride (78 cas) ; l’état de New York (74 cas) ; le Texas (47 cas) ; et l’Illinois (45 cas) depuis 1 900. Visiblement les tueurs en série apprécient les « terrains » où il y a le plus de monde car ces cinq États font partie des sept États les plus peuplés. Et notamment dans les villes comme New York, Los Angeles, Chicago, San Francisco ou Miami qui ont une réputation de ville tolérantes où le sexe, la drogue et l’alcool sont monnaie courante. Mais malgré cela le reste du monde n’est pas pour autant à l’abri, comme l’Afrique du Sud par exemple qui pourrait vite atteindre le « record » des États-Unis, ou encore dans l’ancien bloc soviétique.

Dans la plupart des pays, les autorités ont visiblement du mal à accepter le fait qu’il puisse y avoir des tueurs en série sur leur territoire, c’est le cas en Chine, en Afrique du Sud ou dans l’ex-URSS. En Afrique, les tueurs en série ont plus tendance à tuer dans la même ville où dans des régions dont ils sont originaires. Tandis qu’aux États-Unis, ils traversent souvent les frontières et les États. En Afrique du Sud il est donc plus facile de les identifier mais le pays manque de moyens pour protéger les citoyens. Il est possible qu’il y ait bien plus de tueurs en série qu’on ne le croit en Afrique du Sud, pourtant il s’agit du seul pays en Afrique ayant des profileurs et une police spécialisée dans les crimes en série. Les informations sont d’ailleurs souvent transmises dans la langue régionale plutôt qu’en anglais. En moyenne dans le monde les tueurs en série tuent cinq victimes avant de se faire arrêter, en Afrique ils en tuent en moyenne une dizaine. La découverte des tueurs en série est quelque chose de très récent datant de 1 900, le terme venant de l’anglais « serial killer » qui a pris naissance aux États Unis. Cela reste donc très moderne mais cela ne veut pas dire que les tueurs en série n’existaient pas avant, il y en avait mais nous ne les connaissions pas encore.

Pourquoi ? L’enfance et les parents ?

Mais il y a une question qui reste en suspens : pourquoi toutes ces personnes commettent-elles des actes pareils ? Nous avons vu que les mobiles varient, mais il y a un élément que pratiquement la totalité des tueurs en séries ont en commun, c’est leur enfance et leurs parents. Je m’explique : nombre d’entre eux ont eu une enfance compliquée et douloureuse, et avaient bien souvent un problème avec un parent ou plusieurs. Pour appuyer mon propos je vais reprendre l’exemple de Ted Bundy. Il est né de Eleanor Louise Cowell que l’on prénommait Louise, et l’identité de son père n’a jamais vraiment été déterminée avec certitude. L’enfant est né de façon illégitime, il a donc vécu avec ses grands-parents maternels qui se faisaient passer pour ses véritables parents aux yeux de
tous, y compris avec Ted. Ted Bundy a grandi en pensant que ses grands-parents étaient ses parents, et que sa mère était sa sœur. Le grand-père avait tendance à être violent, tyrannique, il battait sa femme et le chien de la famille, certains témoignages affirment qu’il lui arrivait de lancer les chats des voisins par la queue, ou de pousser la sœur cadette de Louise dans les escaliers pour s’être réveillée trop tard, et parlait parfois tout seul.

Lorsque Ted a appris la vérité par rapport à sa mère, il a développé une haine envers elle. Après cela, Louise est partie avec Ted à
Washington où elle a rencontré Johnny Bundy. Ce dernier décida d’adopter Ted et lui donna alors son nom, mais Ted restait toujours très distant. Durant son enfance et son adolescence, Ted ne comprenait pas comment créer une amitié, il ne comprenait pas ce qui poussait les gens à devenir amis avec certains, il avait des problèmes d’interactions sociales. Il a donc très mal vécu son enfance.

Ce fut le même cas avec John Wayne Gacy, qui pendant son enfance était un enfant en surpoids qui subissait les humiliations
infligées par son père alcoolique sur ses enfants et sa femme. Il le traitait de « tapette » ou de « pédé ». Il fut violé par un de ses voisins à l’âge de neuf ans mais décida de ne pas le révéler par honte. Une enfance des plus traumatisante.

Je tiens à dire que je ne cherche pas à trouver des excuses ou des circonstances atténuantes aux actes que ces personnes ont commis, j’essaie simplement de trouver une raison qui pourrait pousser ces individus à commettre le pire. Nous sommes d’accord pour dire que tout le monde ne devient pas tueur en série en ayant eu une enfance difficile, mais chez certaines personnes cela semble être le cas. Les tueurs en série semblent très égocentriques, pensant visiblement qu’ils peuvent faire souffrir les autres puisqu’on les a fait souffrir précédemment, ils peuvent penser inconsciemment que c’est une excuse ou une bonne raison de tuer. Pourquoi ne feraient-ils pas souffrir les autres alors que les autres les ont fait souffrir ? Mais cela reste une simple hypothèse qui doit encore être vérifiée.

Le rôle des parents est déterminant dans le développement d’un enfant c’est bien connu, ils peuvent avoir une influence sur les aptitudes de l’enfant, ses relations, son comportement, son caractère, son savoir, son bonheur ou son malheur, tout ça grâce à l’éducation. Le meilleur exemple que je peux vous donner de l’influence d’un parent sur un tueur est celui d’Ed Gein qui
aurait fait officiellement deux victimes. Cela semble peu comparé aux exemples que je vous ai donnés jusqu’ici, mais il s’agit d’un des tueurs les plus connus d’Amérique.
Né en 1 906 d’un père alcoolique et d’une mère luthérienne, fanatique, répétant que les femmes représentent le mal et qu’elles sont des « récipients du péché ». C’était une femme dure et dominatrice au sein de sa famille, élevant ses fils (Ed et Henry) d’une main de fer, leur imposant ses croyances, et les dissuadant de tout désir sexuel de peur qu’ils n’aillent en enfer. Elle haïssait son mari au point de prier pour sa mort, obligeant ses fils à faire de même. Après cela le père se mit à battre sa femme. Elle insultait ses fils régulièrement et les empêchait d’avoir tout contact avec des enfants de leur âge. Elle les retira même de l’école lorsque Ed avait treize ans. Il vouait un véritable culte à sa mère tout en la détestant. Le fils aîné, Henry ne partageait pas cette adoration et eu une vie plus « normale ». Lorsqu’il était jeune, Ed avait économisé pour s’acheter un petit veau dont il s’occupait en permanence et avec beaucoup de plaisir. N’ayant pas d’ami, ce veau était devenu sa seule compagnie. Un soir, lorsqu’il rentra à la ferme il chercha son veau partout en vain. Il alla demander à sa mère où il était, il apprit qu’elle l’avait fait tuer. Elle détruisait tout espoir et plaisir chez ses enfants. Le frère de Gein fut retrouvé mort après l’incendie qu’il avait déclenché sur les terres de la famille. Son père mourut également. Ed se retrouva seul avec sa mère. Il était l’homme à tout faire de la petite ville, on le décrivait comme étant quelqu’un d’efficace et de travailleur, toujours prêt à rendre service. Mais sa mère mourut en 1 945 alors qu’il avait 39 ans, ce fut un véritable effondrement pour Gein, qui se retrouvait seul, privé de sa mère qu’il idolâtrait. Refusant sa mort, il essaya de la faire revivre en faisant des rituels et des incantations devant sa tombe, puis il déterra des cadavres dont il découpait les peaux pour en faire des habits ou des objets dans sa maison. Il gardait intact, tel un sanctuaire sacré, la chambre de sa mère. Il tua deux femmes qui lui rappelaient sa mère. Il fut arrêté en 1 957, déclaré coupable de meurtre avec préméditation une première fois, puis il fut déclaré non coupable par la suite car il était mentalement irresponsable lors des faits, et il fut acquitté. On l’envoya dans un hôpital psychiatrique où on le diagnostiqua schizophrène. Il mourut d’une insuffisance respiratoire à soixante dix-sept ans.

Ed Gein. Attributions : Mistyday22 [CC BY-SA 4.0 (https://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0)], from Wikimedia Commons.

Cet homme reste un personnage tristement célèbre aux États-Unis ayant inspiré de nombreuses œuvres tel que « Psychose »
d’Hitchcock (1 960) ou encore le film « Massacre à la tronçonneuse » de Tobe Hooper (1 974), chacun d’eux reprenant une part différente du personnage de Ed Gein. Et pour les gamers, je vous conseille mon jeu favori : « Heavy Rain » sur PS3.

Je me rends compte à présent que je vous conseille beaucoup de choses XD

Pourquoi ? Maladies mentales ! 

Certains diront aussi que les tueurs en série sont des « psychopathes », mais savez-vous ce
qu’est un psychopathe ?
Le terme médical de psychopathe désigne un état de déséquilibre psychologique qui se caractérise par une tendance à des difficultés d’adaptation à la vie en société. Mais les personnes psychopathes ne présentent pas de déficience intellectuelle, on ne peut donc pas les qualifier de « fous ». Le psychopathe est tout simplement une personne dénuée de sens moral, qui ne peut pas faire de distinction entre le bien et le mal. Il est dépourvu d’empathie et ne se soucie en aucun cas des autres. Il est généralement très égoïste, et très intelligent. Un psychopathe peut donc paraître sain d’esprit mais cacher un désordre mental. Hervey Milton Cleckley, psychiatre (1 903-1 984) fut un pionnier de l’étude de la psychopathie.
Les psychopathes ont souvent une intelligence au-dessus de la moyenne, et se débrouillent très bien pour se retrouver en haut de l’échelle sociale. Après avoir passé des IRM sur des personnes dites « psychopathes » et des personnes « normales », en observant les stimulations du cerveau, les chercheurs ont pu observer qu’un événement qui paraîtrait comme anodin chez les personnes normales, peut paraître comme important voire grave chez le psychopathe et vice-versa. Le psychopathe est donc conscient de chacun de ses actes. Il est vrai que la plupart des tueurs ou tueurs en série répondent à ces critères. Les personnes atteintes de psychopathie ont une absence de honte, il leur manque donc le jugement que les autres portent sur eux. Ils n’ont aucun scrupule à faire des actes honteux si cela leur rapporte quelque chose à eux. Ils jugent les autres, mais refusent le jugement des autres à leur égard, ou tout simplement ils l’ignorent. Leur égocentrisme est tel qu’ils ont donc des difficultés à se remettre en question. Cette absence de honte rejoint leurs difficultés d’interactions sociales avec autrui puisqu’ils ne prennent pas en compte l’avis des autres.

Mais le psychopathe ne doit pas être confondu avec le psychotique. Le psychotique est une personne souffrant de psychose qui est le terme psychiatrique désignant un trouble de l’esprit qui provoquerait une perte de contact avec la réalité, il se caractérise par sa distorsion avec elle. Les personnes qui en souffrent ne peuvent donc pas être totalement conscientes de leurs actes. Pour illustrer mes propos je vais citer un exemple du Youtuber Linksthesun dans sa vidéo sur les tueurs en série pour décrire la différence entre un psychopathe et un psychotique : « Quand le psychotique va voir un gâteau qu’il veut, il va tuer toutes les personnes entre lui et le gâteau, le voler et le manger sur place. Le psychopathe va venir plusieurs fois regarder la vitrine, apprendre les horaires du pâtissier, revenir quand il n’est pas là pour voler le gâteau, tuer les éventuels témoins.»

-Vidéo de Links the Sun : (26:41 min)

Il existe donc des tas de maladies ou de troubles mentaux / psychiatriques pouvant également expliquer les actes de certains tueurs
en série. Dans tous les cas les raisons qui les poussent à tuer restent encore trop méconnues.
Cependant je tiens à souligner le fait que les cas de tueurs psychopathes ou psychotiques restent peu courants, voir très rares. Il peut s’agir de personnes n’ayant aucun trouble mental.

Fascination

« Tueur en série », voilà un terme qui nous fait frissonner et et nous fascine, moi la première, mais
pourquoi les tueurs en série fascinent-ils tant ?

Nous trouvons partout des tueurs en série, dans la
littérature, les films, dans les médias ` Pourquoi un tel engouement ? Certains grands criminels deviennent même de célèbres héros de fiction. Selon certaines hypothèses, l’univers des tueurs en série nous attirerait car il envelopperait tout notre imaginaire de personnes capables d’actes ignobles. Une certaine curiosité morbide en somme, cette même curiosité qui pousserait certaines personnes à ralentir leur voiture lorsqu’elles passent à côté d’un accident. De véritable « monstres » réels. Des personnes
semblables à nous mais commettant des actes de pure cruauté que nous ne pourrions à peine imaginer. Cette fascination se voit nettement dans le nombre de lettres envoyées en prison pour les tueurs en série. Souvent il s’agit de lettres de femmes souhaitant se marier avec eux. Chez les tueurs les plus connus la majorité des lettres reçues sont des lettres provenant de femmes. Nous avons tendance à les considérer comme à part de l’humanité, mais il ne faut pas oublier que ces personnes sont comme nous, ils font partie de notre société, et commettre ce genre d’actes ne fait pas d’eux des héros, mais des hommes qui ont commis des crimes.

Il existe un site très intéressant et très complet sur les tueurs en série : tueursenserie.org.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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